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Quatre questions sur l’interdiction du voile pour les sportives françaises, dénoncée par un rapport d’Amnesty International

Amnesty International a publié un rapport sur l’interdiction du port du voile dans le sport français, et notamment lors des Jeux de Paris. Une interdiction qui bafoue « le droit international des droits humains », selon l’ONG.

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La basketteuse maldivienne Maryam Hussain lors d'un match en Inde le 22 octobre 2017. (JAGADEESH NV / EPA VIA AFP)

« On ne peut plus respirer. On ne peut même plus faire de sport. » C’est le nom d’un rapport de 32 pages publié le 16 juillet par Amnesty International, dans lequel l’ONG dénonce « pratiques discriminatoires et violations des droits humains des femmes et des jeunes filles musulmanes en France qui portent des foulards de sport. » L’ONG s’en prend à l’interdiction du port du voile dans le sport français, notamment lors des Jeux Olympiques de Paris. En septembre dernier, la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castera, avait annoncé que « Les représentantes dans nos délégations et dans nos équipes françaises ne porteront pas le voile. » Franceinfo revient sur cette question mise en lumière par Amnesty International.

Que dénonce le rapport ?

Amnesty International pointe du doigt l’interdiction du port du voile pendant les Jeux olympiques, qui représentent des valeurs « d’excellence, de respect et d’amitié ». L’ONG rappelle également les termes utilisés dans la Charte olympique : « La pratique du sport est un droit de l’homme. Toute personne doit avoir la possibilité de pratiquer un sport sans discrimination d’aucune sorte, dans le respect des droits de l’homme. »

Cependant, cette interdiction du port du voile par les athlètes françaises « bafoue le droit international des droits de l’homme et constitue la preuve d’une hypocrisie discriminatoire de la part des autorités françaises », Amnesty International assure. L’ONG rappelle que les Nations Unies avaient également dénoncé la décision prise par le ministre des Sports. « Personne ne devrait dicter à une femme ce qu’elle doit ou ne doit pas porter. » a déclaré le porte-parole du Haut-Commissariat aux droits de l’homme.

D’une manière générale, l’interdiction du port du voile dans le sport français a des conséquences sur « Les femmes et les filles musulmanes qui portent des foulards religieux et qui essaient de faire du sport dans leur vie », déplore l’ONG.

Quelle est la position du CIO ?

Du côté des organisateurs, rien n’interdit le port de signes religieux pendant les Jeux. Le Comité international olympique laisse les États qui envoient leurs délégations faire ce qu’ils veulent. Au sein du village olympique, à Saint-Denis, où sont hébergés les athlètes, le port de signes religieux n’est pas interdit, et des représentants religieux seront même présents pour accompagner les athlètes.

Une position saluée par Amnesty International, qui déplore néanmoins l’absence de prise de position du CIO, qui « n’a jamais contesté la position discriminatoire des autorités françaises »écrit l’ONG. Le Comité, interrogé par Amnesty International, « Ils ont tout simplement rejeté la faute sur les autorités françaises, indiquant que leur interdiction des couvre-chefs religieux n’était pas de la responsabilité du mouvement olympique. »

Quelle est la position de la France ?

En France, La loi n’interdit pas explicitement le port du voile lors des compétitions sports. Il y a en effet un « obligation de neutralité religieuse » dans les textes, mais cela ne s’applique qu’aux fonctionnaires. Or, les fédérations sportives sont des organisations privées. Face à ce vide juridique, chaque fédération sportive s’organise de son côté et en France, les positions varient.

Amnesty International cite par exemple la Fédération française de football, qui interdit « tout port de signes ou de vêtements démontrant clairement une appartenance politique, philosophique, religieuse ou syndicale ». En novembre 2021, le collectif « les Hijabeuses » avait intenté une action en justice contre la FFF devant le Conseil d’État. Ce dernier avait alors statué « en faveur de la
La FFF, considérant qu’il n’était pas nécessaire de modifier sa politique discriminatoire »dénonce Amnesty International.

L’ONG déplore également que, sur les 38 pays étudiés, la France soit le seul pays d’Europe à interdire le port du couvre-chef religieux dans le sport, notamment dans le football féminin, le basket-ball et le volley-ball.Aucun autre pays de la région, que ce soit au niveau des lois nationales ou des réglementations de chaque sport, n’a inclus dans ses règles une interdiction des couvre-chefs religieux, tels que ceux portés par certaines femmes et jeunes filles musulmanes dans les sports.déplore Amnesty International.

Et dans les autres pays ?

Il n’existe pas d’interdiction formelle du port du voile lors des compétitions sportives à l’étranger. Certaines organisations internationales ont même levé cette interdiction, souligne Amnesty International, comme la FIFA en 2014, ou la Fédération internationale de basket-ball, qui a annulé une interdiction similaire à la suite d’une campagne menée par des joueuses portant le voile en 2017.

L’ONG appelle donc les organismes internationaux à : « conformément à leurs responsabilités (…) en matière de droits de l’homme »de « prendre des mesures » d’inciter les fédérations françaises à lever les interdictions de port du voile.

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