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quatre questions sur les demandes d’indemnisation déjà formulées par plus de 135 entreprises

Plusieurs fédérations de commerçants et de restaurateurs ont déploré « une baisse d’activité » liée aux restrictions de circulation, notamment avant les Jeux olympiques en juillet. Une commission d’indemnisation a été mise en place, mais elle n’étudiera ces demandes qu’au début de l’année 2025.

Les Jeux de Paris 2024 n’ont pas été une parenthèse enchantée pour tout le monde. Si la Banque de France anticipe « une augmentation significative » du produit intérieur brut (PIB) au troisième trimestre en raison de l’activité économique pendant la compétition, de nombreuses fédérations professionnelles ont déploré « une baisse d’activité et de fréquentation sans précédent »particulièrement durant la deuxième quinzaine de juillet, avant la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques le 26 juillet.

Le Premier ministre Gabriel Attal avait également annoncé fin juin la création d’une commission d’indemnisation pour les entreprises impactées. Si les demandes ne pourront théoriquement être déposées qu’au début de l’année 2025, un peu plus de 135 entreprises ont déjà plaidé leur cause, a appris franceinfo vendredi 23 août auprès de la commission. Mais n’ayant pas respecté les règles, elles devront réitérer leur demande au début de la campagne officielle. Nous faisons le point sur la procédure, alors que de nouvelles restrictions de circulation ont été mises en place à l’approche des Jeux paralympiques, qui débutent mercredi dans la capitale.

1 Quelles entreprises ont réclamé une indemnisation ?

Plusieurs fédérations représentant les commerçants, restaurateurs, bars et clubs parisiens ont déploré, dans un communiqué publié le 19 juillet, « une baisse d’activité et de fréquentation sans précédent ». « Malgré des prévisions optimistes, l’activité est en baisse depuis juin, de nombreux professionnels constatant une baisse de 30% de leur chiffre d’affaires par rapport aux années précédentes »a assuré le GHR (Groupement des hôtels et restaurants de France) et l’Umih (Syndicat des métiers et des industries de l’hôtelleriela Confédération des Commerçants de France, Sneg & co et Culture Nuit (lieux de fêtes). Considérant que « De nombreuses petites entreprises risquent de faire faillite »les organisations de commerçants et de restaurateurs avaient alors insisté « sur la nécessité d’une indemnisation juste et rapide ».

Depuis l’ouverture de la boîte mail de la commission fin juin, un peu plus de 135 entreprises ont déjà formulé une demande d’indemnisation, a appris franceinfo auprès de la commission. « Aucune statistique n’est conservée à ce stade, ni sur la localisation des entreprises, ni sur leur activité économique »la commission explique. Cependant, « dans la grande majorité des cas, ils sont situés à Paris, et beaucoup plus rarement en proche banlieue »précise la même source, ajoutant que « « Le secteur de la restauration semble surreprésenté ». Il y a, pour le moment, « aucune demande reçue dans le cadre de la province ».

2 Pourquoi se sentent-ils lésés ?

« A l’évitement de Paris par les vacanciers à cette période, aux chiffres du tourisme marqués par l’inflation et à la météo défavorable en début de saison, s’ajoutaient un contexte politique anxiogène et des mesures de sécurité lourdes (Périmètre limoneux, Pass Jeux, barrières, etc.) aux conséquences désastreuses pour l’économie de nos établissements »décrit en juillet, avant le début des Jeux olympiques, les organisations professionnelles.

« Les restaurants et brasseries parisiens situés place du Trocadéro, par exemple, souffrent de restrictions d’accès telles que leur fréquentation a chuté de 70 %. » tandis que pour d’autres, « Ce sont les barrières installées dans les rues emblématiques de la capitale qui ont un effet dissuasif sur les consommateurs. » Quelque 44 000 barrières avaient en effet été installées pour sécuriser la cérémonie d’ouverture, selon la préfecture de police. « La période est très calme. Normalement, nous faisons nos meilleurs chiffres en juillet, mais là, on dirait que ce sera novembre. Nous faisons environ 40 000 euros de moins par rapport à juillet 2023. »par exemple, confiait à franceinfo fin juillet le propriétaire d’un restaurant du quartier Saint-Germain-des-Prés, habituellement très fréquenté.

3 Quelles sont les conditions pour être indemnisé ?

Plusieurs conditions doivent être remplies pour espérer bénéficier d’une indemnisation. En toute logique, seuls les professionnels travaillant dans des zones où des restrictions étaient en place (interdiction ou restriction d’accès, de circulation, de navigation fluviale) peuvent prétendre à une indemnisation, détaille le site du ministère de l’Economie. « dommages économiques directement liés aux décisions restrictives prises par l’État » pourront être compensées, ajoute le gouvernement. Par exemple, la baisse de fréquentation due à la fuite des habitants et des touristes de la capitale à cause des Jeux olympiques n’est pas compensable. De même, les restrictions prises par la Ville de Paris ou par le Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques (Cojop) ne donneront pas lieu à compensation de la part de l’Etat.

« Le dommage doit être certain et ne pas correspondre uniquement à une bénéfice attendu qui ne se réaliserait pas pas »précise également le ministère, qui ajoute que des dommages réels au cours de la quinzaine pourraient être « compensée (…) dans les semaines ou les mois suivants par les retombées économiques des Jeux » et ne donnent donc droit à aucun dédommagement. Pour garantir l’existence d’un dommage durable, les demandes d’indemnisation doivent être « déposé en ligne dès le début de l’année 2025 sur la base des comptes 2024 qui feraient apparaître la perte sur une base annuelle »le ministère explique.

Finalement, les dommages doivent être « suffisamment significatif en termes de baisse du chiffre d’affaires notamment »donner lieu à une indemnisation, précise également le gouvernement. Aucun montant n’est indiqué, mais Bercy renvoie à la « règles établies par la jurisprudence administrative »ce qui laisse espérer une compensation en cas de baisse d’au moins un tiers du chiffre d’affaires.

Les candidatures déjà reçues par la commission ne sont donc pas conformes aux règles fixées. « Seules les demandes qui seront déposées en ligne début 2025, sur la base des comptes 2024 faisant apparaître objectivement et quantifiés les éventuels dommages, seront traitées par la commission »répète ce dernier. Interrogé, le ministère de l’Economie confirme également que les demandes déjà envoyées devront être « reformulé » début 2025.

4 Qui décide d’indemniser ou non ?

Une fois le dossier déposé en ligne, « La présidente de la commission donnera son avis sur chaque dossier individuel après analyse »explique le ministère de l’Economie. Pour prendre sa décision, Le conseiller d’Etat Dominique Laurent consultera le représentant du ministère qui a initié les restrictions (ministère de l’Intérieur ou des Transports) et un représentant du secteur professionnel concerné. S’il considère que la demande est valable, il proposera « un montant d’indemnisation aux administrations centrales compétentes ». Mais c’est ce dernier qui prendra la décision d’indemniser ou non, « éclairé par l’avis de la commission ».

« Si le professionnel accepte la proposition, un protocole d’accord transactionnel sera signé entre lui et cette administration »précise Bercy. Le patron de l’entreprise renoncera dans le même temps « tout recours juridique ultérieur »En revanche, si l’administration choisit de ne pas indemniser, ou si le professionnel refuse le montant proposé, il peut saisir le tribunal administratif pour tenter d’obtenir une indemnisation.

Cammile Bussière

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