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quatre questions sur la nouvelle journée de solidarité votées par le Sénat lors du débat budgétaire

Les sénateurs ont adopté un amendement visant à créer une deuxième journée annuelle de travail non rémunéré, ce qui contribuerait à financer la branche autonomie de la Sécurité sociale. Mais les chances de survie de cette mesure semblent faibles.

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L'hémicycle du Sénat lors d'une séance de questions au gouvernement, à Paris, le 19 novembre 2024. (ISA HARSIN/SIPA)

Faire travailler tous les salariés du public et du privé sept heures de plus par an, sans les payer, pour renflouer les caisses de la Sécurité sociale et mieux financer les soins aux personnes âgées ou handicapées ? C’est la proposition choc adoptée par le Sénat mercredi 20 novembre.

La chambre haute du Parlement a voté un amendement qui instaurerait une nouvelle journée de solidarité, dans le cadre des débats autour du budget de la Sécurité sociale pour 2025. Nous résumons ce qu’il faut savoir sur cette proposition, dont l’adoption définitive est loin d’être garantie. .

1 Que propose réellement le Sénat ?

L’amendement au cœur du débat, disponible sur le site du Sénat, a été défendu par la centriste Élisabeth Doineau lors des discussions sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS). Depuis 2004, il existe déjà une journée de solidarité par an, pendant laquelle les salariés travaillent gratuitement sept heures ; l’amendement propose d’en instaurer une nouvelle, en doublant la durée annuelle de travail « libre » de sept heures à quatorze heures, et de rebaptiser ce temps contribution de solidarité par le travail.

La mise en œuvre concrète de ce délai (un jour par an, « dix minutes par semaine », « deux minutes par jour »…) pourrait différer selon les cas, et serait défini par un accord d’entreprise ou de branche. Les employeurs devraient alors rembourser le salaire qu’ils n’ont pas eu à verser au titre de la contribution de solidarité pour l’autonomie, comme ils le font déjà pour le premier jour de solidarité. Le montant qu’ils doivent payer, qui s’élève actuellement à 0,3% de leur masse salariale, serait porté à 0,6%, précise l’amendement.

2 À quoi ça sert ?

L’objectif affiché est de renflouer les caisses de la branche autonomie de la Sécurité sociale, qui s’occupe notamment de la prise en charge des personnes âgées et des personnes handicapées. La deuxième journée de solidarité générerait « un chiffre d’affaires pérenne d’environ 2,5 milliards d’euros »estime Elisabeth Doineau, « afin de l’aider à faire face à ses dépenses croissantes en matière d’aide aux personnes âgées dépendantes ou aux personnes handicapées, dans un contexte de vieillissement inéluctable de la population française ».

Cette proposition figurait déjà dans un rapport du Sénat sur la situation financière des Ehpad, publié en septembre, qui donnait plusieurs pistes pour aider « un secteur à bout de souffle » et compenser «des difficultés économiques d’une ampleur sans précédent». Parmi eux, une deuxième journée de solidarité, mais aussi une augmentation des financements publics et des mesures pour favoriser l’attractivité des métiers du secteur.

3 Qui est pour ? Qui est contre ?

L’amendement a été approuvé en première lecture au Sénat par 216 voix contre 119. Il a été soutenu par la droite et le centre, majoritaires dans l’hémicycle. « Nous ne faisons pas cette proposition à la légère. »mais « Aujourd’hui, nous devons trouver des moyens » Pour « financer le mur des vieux jours, le basculement résidentiel et la transformation de nos Ehpad »a insisté la sénatrice centriste Elisabeth Doineau avant le vote de mercredi. « Ce qui est proposé, c’est sept heures supplémentaires par an, soit quarante minutes par mois, dix minutes par semaine. C’est une noble cause pour nos aînés.»a défendu le sénateur Daniel Chasseing (Les Indépendants).

Le gouvernement, bien que issu de la droite et du centre, a émis un avis défavorable à l’amendement. « à ce stade »mais il a dit qu’il était ouvert pour « retravailler » avec les partenaires sociaux. « La question du temps de travail n’est pas un tabou et doit être posée. Faut-il pour cela passer par un amendement au projet de loi de financement de la Sécurité sociale ? Aujourd’hui, la position du gouvernement est non »a jugé le ministre des Comptes publics, Laurent Saint-Martin. « Que cela puisse être retravaillé avec les partenaires sociaux, je pense que cela pourrait être une bonne idée. »

Les sénateurs de gauche, une grande partie du groupe RDSE (à majorité radicale) et les trois sénateurs du Rassemblement national ont rejeté la proposition. « Pendant qu’on y est (…), je propose qu’on supprime les 35 heures, qu’on supprime une semaine de congés payés, qu’on revienne à 48 heures ! »s’est exclamée la sénatrice socialiste Monique Lubin. La communiste Cathy Apourceau-Poly a proposé, avec une pointe de sarcasme, une « journée de solidarité des dividendes » faire contribuer les actionnaires.

4 Cette mesure verra-t-elle vraiment le jour ?

Une adoption définitive de cet amendement semble peu probable, du moins en l’état, en raison de l’opposition de la gauche et du RN, et de l’avis défavorable du gouvernement. Après le vote du Sénat sur l’ensemble du PLFSS, le texte sera débattu lors d’une commission paritaire (CMP) réunissant députés et sénateurs, chargée de trouver un compromis, notamment concernant cet amendement. Les élus de droite et du centre disposent d’une faible majorité (huit sièges sur 14). Mais conserver l’amendement créant une deuxième journée de solidarité, comme ils l’ont fait au Sénat, reviendrait à passer outre l’avis du gouvernement qu’ils soutiennent. Une fois cette étape passée, le texte a de fortes chances d’être soumis au vote via l’article 49.3 lors de son passage final à l’Assemblée nationale, a annoncé le Premier ministre Michel Barnier.

Cammile Bussière

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