Les nouvelles les plus importantes de la journée

quatre questions sur la contamination d’un humain par une vache aux Etats-Unis

quatre questions sur la contamination d’un humain par une vache aux Etats-Unis

Cette annonce lundi intervient après plusieurs signalements de contaminations de vaches laitières dans différents États américains depuis le 25 mars.

Publié


Temps de lecture : 5 minutes

C’est une première. Au Texas, une vache laitière a infecté un humain, testé positif à la grippe aviaire, ont annoncé lundi 1er avril les autorités américaines. Jusque-là, le seul cas similaire enregistré aux Etats-Unis ne concernait pas des bovins : en 2022, dans le Colorado, une personne a été infectée. infecté par des volailles, selon l’agence américaine de santé publique (CDC). Cependant, depuis quelques temps, le virus H5N1 ne semble plus être réservé aux oiseaux.

Il a été détecté chez des chèvres au Minnesota le 20 mars. Le 25, des vaches ont été testées positives dans les fermes. sociétés laitières au Texas et au Kansas. De Du Michigan à l’Idaho en passant par le Nouveau-Mexique, il n’a fallu qu’une semaine pour que plusieurs autres cas soient enregistrés dans des États lointains. Un premier motif d’inquiétude, auquel s’ajoute désormais cet exemple de transmission du bétail à l’homme. Franceinfo revient sur plusieurs questions soulevées par ces découvertes.

1 Quels symptômes le patient présente-t-il ?

Le communiqué du CDC se veut rassurant sur l’état de santé de la personne testée positive au H5N1. A part un « rougeur des yeux (compatible avec une conjonctivite) », sa santé n’a rien d’inquiétant. Elle est en isolement et reçoit un traitement antiviral pour guérir de la grippe. Nous savons simplement qu’elle était « exposé » aux vaches laitières suspectées d’être infectées.

Selon l’agence américaine de santé publique, la plupart des signes et symptômes de l’infection par la grippe aviaire sont similaires à ceux d’autres maladies respiratoires, comme la grippe saisonnière ou le Covid-19. Chez l’humain, ils peuvent inclure de la fièvre, de la toux, des maux de gorge, des difficultés respiratoires, une irritation des yeux, des maux de tête, un écoulement nasal, des douleurs musculaires ou de la diarrhée.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) rappelle cependant, à propos d’un cas mortel survenu fin mars au Vietnam, que « Les infections chez l’homme peuvent provoquer des maladies graves avec un taux de mortalité élevé. »

2 Comment se propage le virus H5N1 ?

Ce sont précisément les évolutions récentes dans la réponse à cette question qui inquiètent les spécialistes. « Le H5N1 a montré une adaptation aux mammifères, ce qui peut expliquer la transmission généralisée aux mammifères (otaries, chats, renards et maintenant vaches) »analyse l’épidémiologiste Deepti Gurdasani sur«  »Aucun cas clair de transmission interhumaine n’a été identifié »depuis « presque tous les cas ont été en contact avec des oiseaux/volailles ». Ces derniers restent pour l’instant le premier maillon de la chaîne, certains oiseaux migrants retrouvés morts près de terres agricoles où des vaches laitières ont contracté le virus H5N1.

Cependant, le lien n’a pas été systématiquement établi, ce qui suscite de vives inquiétudes chez certains épidémiologistes. « L’introduction d’une vache infectée provenant d’un élevage semble avoir entraîné l’infection de vaches dans un autre élevage (sans contact direct évident avec des oiseaux infectés) », explique Deepti Gurdasani. La chercheuse de l’université Queen Mary de Londres révèle sa crainte de voir la contagiosité du virus augmenter : « Une transmission de mammifère à mammifère est suspectée depuis un certain temps, mais n’est pas confirmée. Si le séquençage le confirme, ce serait une étape assez inquiétante dans l’évolution du virus. »

Pour l’instant, les autorités texanes se montrent au moins rassurantes sur un point : l’infection des bovins ne pose pas de problème pour la commercialisation du lait. En effet, non seulement les laiteries sont obligées de détruire le lait des vaches malades, mais surtout, la pasteurisation tue les virus. Le ministère américain de l’Agriculture a toutefois précisé que « Les personnes exposées de manière rapprochée ou prolongée et sans protection à des oiseaux ou à d’autres animaux (y compris le bétail) infectés (…) courent un plus grand risque d’infection. »

3 Le grand public doit-il s’inquiéter ?

L’agence américaine de santé publique se veut rassurante : « Cette infection ne modifie pas l’évaluation du risque pour la santé humaine de la grippe aviaire H5N1 pour le grand public américain, que le CDC considère comme faible ». Elle déclare également que « analyse préliminaire des virus H5N1 » ne présente aucun développement susceptible de les rendre résistants aux médicaments « antiviraux contre la grippe actuellement approuvés » aux Etats-Unis. Des solutions existent donc, même en cas de propagation.

Le risque de pandémie est d’autant moins présent que les analyses rendues publiques par le CDC mardi se révèlent rassurantes : « Les séquences bovines et humaines… manquent pour la plupart de changements qui les rendraient mieux adaptées pour infecter les mammifères. »

Sur son compte X, l’épidémiologiste Raywat Deonandan a de son côté appelé à « ne pas réagir excessivement à l’annonce qu’une ou deux personnes ont attrapé » grippe aviaire, rappelant que les animaux sont surveillés « depuis des décennies ». « Nous disposons des outils et des connaissances nécessaires pour y mettre un terme si cela devient un problème, si chacun fait sa part »estime ce chercheur de l’Université d’Ottawa (Canada).

4 Est-ce un tournant dans l’épidémie mondiale de grippe aviaire ?

Ce cas démontre que « Le virus s’adapte à la transmission de mammifère à mammifère, plutôt qu’à la transmission accidentelle d’oiseau à mammifère »souligne l’épidémiologiste Eric Feigl-Ding, du New England Institute of Complex Systems à Cambridge (États-Unis), à propos de son compte X. Ce double franchissement de la barrière entre espèces indique, selon lui, qu’«« Il y aura inévitablement davantage de cas humains de grippe aviaire ». D’où son souhait que le CDC favorise « prévention et contrôle ».

Si le problème s’amplifie ces derniers jours, la grippe aviaire circule depuis plusieurs années. En juillet dernier, un communiqué de l’OMS rappelait que l’organisation travaille avec d’autres organisations « pour surveiller l’évolution de ces virus, en recherchant des signaux indiquant d’éventuels changements qui pourraient être plus dangereux pour l’homme ».

Quitter la version mobile