Quatre militants d’extrême droite ont été condamnés mercredi 12 juin à des peines allant de six mois avec sursis à sept mois de prison pour leur participation à un attentat homophobe à Paris dans la nuit de dimanche à lundi, alors qu’ils « célèbre » la victoire du RN aux élections européennes.
En garde à vue, ces quatre jeunes hommes ont déclaré « revendications paramilitaires et affiliation au GUD (Groupe Union Défense, syndicat étudiant d’extrême droite, NDLR) et au Rassemblement National »selon l’accusation.
Deux figures du GUD
Deux d’entre eux ont été condamnés pour violences à cinq et sept mois de prison. Le tribunal correctionnel a ordonné leur incarcération immédiate. Dans quelques jours, ils pourront cependant demander à purger leur peine sous bracelet électronique. Les deux autres ont été condamnés à une peine plus légère, six mois avec sursis, pour « pas d’assistance à personne en danger ».
Parmi ces deux derniers figure Gabriel Loustau, 23 ans, figure du GUD et fils d’Axel Loustau, ancien militant de cette organisation étudiante, ancien élu RN et ancien proche de Marine Le Pen. « Ton père dit qu’il est fier de toi, que tu as un fort tempérament et des convictions patriotiques »a déclaré le président en résumant l’enquête de personnalité.
La victime, un jeune homme d’une vingtaine d’années, a été frappée au visage. Il n’était pas présent à l’audience, mais selon son récit donné par les enquêteurs, il affirme avoir été agressé alors qu’il marchait dans la rue, par cinq hommes, dont l’un lui a crié dessus. « Sale pédé, tu es un trans ».
A la barre, les quatre étudiants ont nié toute participation aux faits, s’enfermant souvent dans des réponses évasives aux questions du tribunal. Ils n’ont donc pas été en mesure d’expliquer pourquoi l’un d’eux avait écrit un message peu après l’attaque, indiquant que ses amis « J’ai fumé un gay ».
A l’audience, leur attitude a également été évoquée lors de leur arrestation et de leur arrivée au commissariat, le soir des faits : ils s’y sont fait remarquer avec des chants militaires ou des phrases comme « vous verrez quand Bardella sera au pouvoir, quand Hitler reviendra ».
« Tu ne sais pas qui je suis, demain tu verras ce qui t’arrivera »a menacé l’un d’eux à l’attention de la police. » C’était une blague « il s’excuse à la barre, expliquant que« nous devons nous détendre quand nous sommes menottés ».
Concernant les faits eux-mêmes, ce sont « violences gratuites » d’un « gravité particulière », a fustigé le représentant du parquet. La défense, de son côté, a plaidé l’acquittement, compte tenu des éléments de preuve retenus contre « trop fragile ».
Interpellation lors d’une soirée en hommage à Robert Brasillach
Malgré le contexte – celui d’une soirée où les quatre étudiants avaient certes un peu bu, pour « célébrer le succès de leur favori » aux élections européennes – la justice doit » reste calme « et donne non « coloration politique » à sa décision, a fait valoir Me Roland Poynard. Seulement le « faits objectifs » compte, et non les opinions des prévenus, a ajouté sa collègue, Me Capucine Collin-Lejeune.
Trois des accusés avaient déjà été interpellés parmi un groupe de 39 personnes, lors d’un rassemblement le 10 février au cimetière Charonne à Paris, en hommage à l’écrivain d’extrême droite Robert Brasillach, fusillé à la Libération pour collaboration. La procédure a été classée sans suite, aucune infraction n’étant suffisamment grave.
Gabriel Loustau a également comparu le 22 mai à Paris pour provocation publique à commettre un délit, menace de mort, injures à caractère discriminatoire et apologie du crime. Le jugement sera rendu le 24 juin.