Séduire les jeunes avec des recettes anciennes. Tel semble être le credo du réseau social Noplace, fondé par l’entrepreneuse américaine Tiffany Zhong et récemment lancé avec succès sur le marché des applications d’Apple. Considéré comme un mélange entre MySpace et le premier Twitter (ancêtre de l’actuel X), il a été conçu autour de certains partis pris.
Comme l’explique le site Les Numériques, l’objectif de Noplace est de « renouer avec l’internet d’antan, celui du partage et des rencontres, sans succomber à la dictature des ‘likes’ et des abonnés, le tout autour d’une plateforme attractive pour les jeunes générations ».
Le concepteur de l’application a donc opté pour une identité visuelle très lisible qui met l’accent sur la couleur. « Je pense qu’une partie de l’aspect magique et ludique d’Internet a disparu aujourd’hui », argumente Tiffany Zhong, citée par TechCrunch. « Tout est très uniforme. »
Pour sortir de cette logique, les utilisateurs de Noplace sont ainsi invités à créer chacun une page originale à leur image en personnalisant leur profil par différents moyens, notamment décoratifs. Comme le précise Presse Citron, l’idée est aussi d’indiquer sur son profil un certain nombre de centres d’intérêt (loisirs et hobbies, goûts culturels ou culinaires, signe astrologique etc.), sous forme d' »étoiles » qui permettront de se connecter avec d’autres personnes ayant des passions similaires.
Globalement, la proposition de Noplace est donc très proche de celle des premiers réseaux sociaux du milieu des années 2000, comme le célèbre MySpace. L’application imaginée par Tiffany Zhong reprend d’ailleurs certains concepts emblématiques de ce dernier, comme la rubrique « top 10 amis » (MySpace proposait à l’époque un « top 8 »).
Dans sa volonté de revenir à ses racines, la créatrice de Noplace a également décidé de limiter drastiquement le type de contenu pouvant être diffusé sur sa plateforme. Ainsi, si le réseau social reprend le principe du « mur » privé ou public sur lequel les utilisateurs peuvent s’exprimer, ces derniers ne peuvent publier que du texte, mais pas de photos ou de vidéos.
L’un des objectifs de Noplace est de redonner aux réseaux sociaux leur dimension « sociale ». « J’ai toujours aimé cet aspect social des médias sociaux, mais aujourd’hui, tout n’est que média », regrette Tiffany Zhong. « On se sent déconnectés. On regarde des contenus différents et on a des centres d’intérêt différents de ceux de nos amis, ce qui rend plus difficile de trouver une communauté. »
Pour reconnecter les utilisateurs de Noplace, l’entrepreneur a imaginé un modèle plus horizontal que ceux à l’œuvre sur TikTok, Instagram, Facebook, Snapchat ou X. Ainsi, s’il est possible de « liker » une publication en lui envoyant un « boost », cela n’aura pas pour effet de lui donner plus de pouvoir de diffusion sur le réseau.
Rejetant le principe des flux d’actualités développés par un algorithme, Noplace se base sur un autre principe : deux flux sont proposés (l’un correspondant à son cercle d’amis et l’autre à tous les utilisateurs de l’application) et dans les deux cas, les publications sont simplement présentées chronologiquement, de la plus récente à la plus ancienne.
Il semblerait toutefois que Noplace utilise en partie le principe de l’algorithme sélectif via l’utilisation de l’intelligence artificielle (IA). Selon BFM TV, cette dernière est notamment utilisée « pour générer des suggestions ou proposer des résumés de ce que vous avez manqué ». L’IA est également à l’œuvre pour proposer aux utilisateurs de moins de 18 ans des publications « modérées », ajoute TechCrunch.
Uniquement accessible sur invitation lors de sa phase de test, Noplace a connu un certain engouement avant même d’être mise sur le marché. Son lancement officiel sur l’App Store, le 3 juillet dernier, a donc logiquement créé l’événement.
Selon son fondateur, Noplace s’est ainsi retrouvée propulsée en très peu de temps au sommet des applications les plus téléchargées sur l’App Store d’Apple aux Etats-Unis. Comme le souligne Les Numériques, le succès a été moins fulgurant en France, où Noplace a culminé à la « 40ème place des applications sociales les plus téléchargées sur l’App Store ».
Selon TechCrunch, l’application, qui n’est pas encore disponible sur Android, devra de toute façon se faire une place au sein d’une rude concurrence des réseaux sociaux ciblant la génération Z (les personnes nées entre 1997 et 2010), avant d’envisager d’intégrer des processus de monétisation.