Quatre ans après le Covid-19, l’aéroport de Toulouse-Blagnac peine toujours à redécoller
Après l’annonce de la fermeture de la base d’Easyjet en mars prochain et l’arrêt des vols de Qatar Airways, le trafic parviendra-t-il à revenir à son niveau d’avant Covid ?
Dans l’aéronautique, ce moment s’appelle un trou d’air. Les mauvaises nouvelles s’accumulent ces derniers jours pour l’aéroport de Toulouse – Blagnac. La compagnie low cost EasyJet a annoncé cette semaine qu’elle fermerait sa base avec deux Airbus A320 d’ici le 31 mars 2025. Cela ne signifie pas un arrêt total des vols de la compagnie britannique vers Toulouse, mais le nombre de destinations (20 actuellement) pourrait bien être revu à la baisse, tout comme les fréquences.
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81% du trafic de 2019
En cause : un trafic passagers insuffisamment dynamique, qui pénalise la rentabilité d’EasyJet France. Il est vrai que l’aéroport de Toulouse, quatre ans après le Covid, peine toujours à retrouver sa fréquentation de 2019. En 2023, 7,8 millions de passagers ont voyagé depuis le terminal de la Ville Rose, soit à peine 81 % du trafic de 2019. L’an dernier, le trafic intérieur a même chuté de 5 % tandis que les vols internationaux se portent mieux et atteignent 93 % des niveaux de 2019. Blagnac n’est toutefois pas un cas isolé. L’aéroport de Lyon a de nouveau franchi la barre des 10 millions de passagers en 2023 mais reste toujours en deçà du record de 11,7 millions atteint en 2019.
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Suspension des vols de Qatar Airways vers Doha
Résultat : le trafic est tiré par les vols internationaux, qui représentent 57 % du trafic, en hausse de 27 % en 2023 avec 4,4 millions de passagers. Mais voilà, Qatar Airways a annoncé la fin de ses trois vols hebdomadaires vers Doha. La destination avait transporté 63 000 passagers en moins d’un an, mais la ligne n’attirait pas suffisamment de passagers à forte contribution (classe affaires), ce qui pénalisait la rentabilité. Un flux qui manquera donc à partir du 30 septembre, date annoncée de la fin des opérations. Heureusement, les cinq vols hebdomadaires d’Air Canada vers Montréal fonctionnent bien avec un taux de remplissage autour de 90 %.
L’avion a concouru par vidéoconférences
Racheté aux Chinois par le groupe de BTP Eiffage en décembre 2019, l’aéroport de Toulouse-Blagnac parviendra-t-il à renouer avec les 9,6 millions de passagers annuels qu’il comptait avant le Covid ? La clientèle d’affaires (cadres et chefs d’entreprise) qui était le cœur de l’affaire a en effet profondément revu sa politique de déplacements, souvent au profit des visioconférences ou encore des déplacements en train. Les déplacements professionnels ont été considérablement réduits tandis que le succès des vols « loisirs » est très saisonnier et lié à la période estivale.
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D’autant que les perspectives sont incertaines avec la fin de la navette Air France prévue en 2026 (voir encadré). La très rentable liaison vers Paris sera aussi attaquée par le concurrent de toujours : le TGV à partir de 2032. Dans ce contexte, la direction de l’aéroport diversifie ses revenus dans l’immobilier en louant des hangars pour l’aéronautique (Sabena Technics, Hutchinson, Fedex) et prépare un nouveau quartier de bureaux à proximité du terminal d’affaires.
En 2032, le TGV sera un nouveau concurrent de l’avion
Les premiers travaux pour la construction de la ligne à grande vitesse (LGV) entre Bordeaux et Toulouse ont officiellement débuté en mai 2024. Résultat, la Ville Rose sera à 3h10 de Paris d’ici 2032. Le train deviendra alors un concurrent féroce de l’avion dans la capitale… d’Airbus !
Les conséquences de l’arrivée de la ligne à grande vitesse dans une métropole ont déjà été mesurées à Marseille, où la ligne méditerranéenne a été ouverte en 2001, provoquant une perte de trafic de 40 % sur la liaison aérienne vers Paris. « Nos scénarios prévoient également une baisse de trafic de 40 % sur la ligne vers Paris », indiquait l’aéroport de Toulouse-Blagnac en 2021. Les destinations internationales apparaissent donc de plus en plus comme la planche de salut de l’aéroport de Toulouse.