Une pétition en ligne a été lancée à Huningue (68) pour obliger un promoteur immobilier à démolir un chantier en friche qui, depuis dix ans, encombre le paysage. Une horreur pour les uns et une épine dans le pied pour les autres. Récit.
C’est Guy Waltensperger qui a lancé cette pétition en juillet dernier. Pour l’instant, elle n’a pas rencontré un grand succès, 50 signatures, mais qu’importe, l’idée est de faire parler du sujet. CQFD.
Guy Waltensperger, habitant de Huningue (68), avait donné son terrain en 2006 à un promoteur immobilier. Un cadeau, en échange duquel ce dernier acceptait de lui donner un appartement dans l’immeuble nouvellement construit. Oui, mais ensuite, suite à des malfaçons dans les fondations, le chantier s’est brutalement arrêté et Guy n’a jamais eu son logement.
Aujourd’hui, las de dix ans de batailles juridiques pour obtenir réparation financière, il réclame la destruction pure et simple du bâtiment. Pour faire table rase.
Guy était propriétaire d’un atelier de tournage (mécanique de précision). À sa retraite en 2006, il a décidé de vendre son terrain. Pour se simplifier la vie. Il pensait. « J’ai conclu un accord avec ce promoteur : au lieu de payer le terrain, je le lui ai donné. Il m’a promis de me donner un appartement qu’il allait construire sur le terrain pour une valeur de 280 000 euros. »
Le travail commence et rapidement, les problèmes aussi. « Il y a eu une mauvaise exécution. Ils n’ont pas écouté les spécialistes qui avaient analysé les fondations en disant qu’elles ne tiendraient pas. Ils ont quand même construit le terrain, sauf qu’il s’est affaissé de 13 cm. Ils ont dû arrêter les travaux en 2014. »
J’attends depuis dix ans
Ce type n’aura jamais son appartement. « J’attends depuis dix ans. J’ai poursuivi le promoteur pour retard de livraison. Ce procès a duré cinq ans. Nous avons gagné, mais ce dernier a changé d’avocat et s’est déclaré en faillite, donc il n’a pas payé, il n’était plus solvable. Il avait été condamné à payer 63 000 € d’amende pour dommages et intérêts. Je ne comprends pas bien, il est toujours gérant de neuf syndics et a toujours son agence à Brunstatt (68). »
Le bâtiment reste dans son état actuel, devenu une horreur pour ses voisins. Et Guy, lui, ne peut ni récupérer son terrain ni être indemnisé. Une impasse. « En vertu de la loi française, je ne peux pas le récupérer. J’en ai parlé à la mairie, le maire a signé la pétition, mais c’est une propriété privée donc il ne peut rien faire. Le bâtiment est pratiquement recouvert par la végétation, des gamins vont faire un peu de trafic, si l’un d’eux tombe, il faut qu’il y ait un mort pour que les gens réagissent. ».
Guy a donc décidé de tirer un trait sur cette histoire et exige désormais la destruction pure et simple du bâtiment. « J’ai baissé les bras de mon côté pour qu’il me rembourse, je ne veux pas ruiner ma santé, j’ai déjà eu trois crises cardiaques. On peut appeler ça une injustice. Il me boycotte, il ne répond plus au téléphone. Je lui ai envoyé un mail avec une copie du jugement qu’il a reçu pour un petit rappel et la pétition. »
Ce bâtiment n’a de toute façon qu’un seul avenir : être détruit.
Jean-Marc Deichtmann, maire de Huningue
Une pétition qui demande donc la démolition de « l’immeuble nuisible à l’angle de la rue de l’Abattoir et de la rue du Rempart ». Pétition signée par 50 personnes dont le maire d’Huningue lui-même. Jean-Marc Deichtmann. « Bien sûr que je soutiens cette pétition, elle est totalement justifiée. Ce bâtiment n’a de toute façon qu’un avenir : être détruit. Les riverains sont mécontents : ils ont devant eux une zone de non-droit et M.Waltensperger, pour sa part, a été complètement dépouillé.«
Le soutien de la ville s’arrêtera là, pour le moment. « C’est une affaire purement privée, la municipalité n’a pas participé à la construction du bâtiment, je n’ai aucun pouvoir sur cette affaire. Ce n’est pas considéré comme dangereux, cela ne présente pas de danger imminent, donc là, oui, on est coincé. Cela va certainement le devenir, cela va venir, mais cela va prendre du temps. »
Contacté à plusieurs reprises, le promoteur immobilier n’a jamais répondu à nos demandes.