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Quand l’Union européenne remporte la bataille contre Apple : ce que cela va changer pour les utilisateurs d’iPhone

Quand l’Union européenne remporte la bataille contre Apple : ce que cela va changer pour les utilisateurs d’iPhone

l’essentiel
Apple, comme d’autres géants de l’Internet, doit se conformer au Digital Markets Act (DMA) et au Digital Services Act (DSA) européens. Cette ouverture à la concurrence aura des conséquences concrètes pour les utilisateurs en Europe.

Dans son dernier livre « D’or et de jungle », Jean-Christophe Ruffin imagine une entreprise de haute technologie, qui pourrait être un géant de la Silicon Valley, complotant avec des agents secrets une opération armée pour s’emparer d’un État (en l’occurrence le Sultanat de Brunei) afin de mettre fin aux réglementations pesantes des démocraties.

Ne dévoilons rien du dénouement de ce livre passionnant, mais considérons qu’il pose une vraie question pour les entreprises dont la capitalisation dépasse celle de certains Etats et qui hésitent encore à se conformer aux règles édictées par les Etats, et notamment l’Union européenne.

Les GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft) n’ont pas l’intention de prendre le contrôle d’un Etat, mais ils déploient beaucoup d’imagination et des sommes colossales pour échapper aux exigences réglementaires. A l’approche des dernières élections européennes, l’association écologiste Agir pour l’environnement a publié un rapport révélant les « 100 premiers lobbies européens ». Meta (maison mère de Facebook) arrive en deuxième position avec 8 à 9 millions d’euros dépensés, suivi par Apple en troisième position avec 7 à 8 millions d’euros et Microsoft en quatrième position avec 7 à 8 millions d’euros. Google est neuvième avec 5,5 à 6 millions d’euros.

Malgré ces sommes colossales, les GAFAM sont dans l’obligation de se plier aux nouvelles exigences. Dans un paysage technologique en constante évolution, l’Union européenne a une nouvelle fois marqué son territoire en imposant des régulations aux géants de la tech, à travers le Digital Markets Act (DMA) et le Digital Services Act (DSA). Ces lois visent à créer un environnement numérique plus juste et plus sûr.

Parmi les acteurs les plus impactés, Apple doit désormais procéder à des changements importants. Le DMA et le DSA visent à limiter le pouvoir des grandes plateformes numériques et à renforcer la protection des données personnelles. Pour Apple, cela signifie ouvrir son écosystème traditionnellement fermé. L’entreprise devra donc autoriser l’installation d’applications provenant de sources tierces, autrement dit autoriser le « sideloading » d’applications en dehors de son propre magasin d’applications, l’App Store.

Plus de choix et de liberté pour les consommateurs

Ce bouleversement se concrétise dans la dernière version d’iOS (17.4) pour les utilisateurs d’iPhone, qui leur offre plus de choix et de liberté. Les consommateurs peuvent installer des applications qui ne sont pas disponibles sur l’App Store, potentiellement à des prix plus compétitifs.

Cette flexibilité accrue pourrait favoriser l’innovation, en permettant aux développeurs de proposer des applications sans les contraintes des politiques d’Apple et de la commission qu’elle prélève sur chaque application ou abonnement. En obligeant Apple à ouvrir son écosystème, l’Union européenne espère stimuler la concurrence.

De plus, les développeurs seront moins dépendants des conditions imposées par Apple, ce qui pourrait conduire à une diversification de l’offre applicative et à une réduction des coûts pour les utilisateurs.

Risques de sécurité accrus

Mais ces changements ne sont pas sans conséquences. L’ouverture à des applications tierces soulève des inquiétudes en matière de sécurité. Apple a toujours mis en avant le contrôle strict de son App Store comme gage de sécurité pour ses utilisateurs. Le « sideloading » pourrait donc exposer les appareils à des malwares, nécessitant une vigilance accrue de la part des utilisateurs.

L’un des points forts d’Apple est l’intégration parfaite de son matériel et de ses logiciels. En autorisant les applications extérieures à l’App Store, on risque également de fragmenter l’expérience utilisateur, avec des applications qui pourraient ne pas répondre aux standards de qualité d’Apple.

Un défi d’adaptation

Pour Apple, ces changements nécessitent une réévaluation de sa stratégie commerciale. La firme de Cupertino devra trouver un équilibre entre la conformité réglementaire et le maintien de ses standards de qualité. La mise en place de nouvelles mesures de sécurité et de support sera cruciale pour garantir aux utilisateurs une expérience de qualité.

L’adaptation aux réglementations DMA et DSA représente un tournant pour Apple et ses utilisateurs. Mais Apple a montré qu’elle pouvait s’adapter. Elle s’est par exemple battue contre les chargeurs USB-C imposés par l’Europe en faisant valoir que son port propriétaire Lightning était plus innovant. Mais elle s’est pliée à la loi, et les utilisateurs en ont finalement été ravis.

D’autres plateformes qu’Apple sont concernées

Apple n’est évidemment pas le seul à devoir se plier aux exigences de l’UE. Google devra également modifier son écosystème Android pour laisser plus de liberté aux applications tierces. Amazon devra ajuster ses pratiques commerciales, notamment concernant la promotion de ses propres produits. Facebook (Meta) sera également impacté par des règles plus strictes sur la gestion des données et la transparence algorithmique. Microsoft pourrait être concerné par les réglementations sur ses services cloud et ses plateformes de communication (Teams, Skype). Et enfin, TikTok devra se plier à des exigences accrues en matière de modération et de protection des données des utilisateurs.

En imposant un système de régulation et d’ouverture, l’UE donne le ton, et même aux États-Unis, certains voudraient s’inspirer du modèle réglementaire européen. Mais attention, ces réglementations pourraient à la fois encourager et freiner l’innovation, selon la manière dont les entreprises choisiront de s’adapter. Les entreprises pourraient faire face à des coûts accrus pour se conformer aux nouvelles règles, ce qui pourrait ralentir le développement de nouvelles technologies. Par exemple, le prochain iPhone dopé à l’intelligence artificielle pourrait voir cette fonctionnalité clé ne pas être déployée tout de suite en Europe.

Les entreprises technologiques devront investir des ressources pour comprendre et respecter les nouvelles réglementations, ce qui pourrait détourner des fonds et de l’énergie d’autres activités innovantes. Enfin, à mesure que les écosystèmes s’ouvrent, il deviendra nécessaire d’innover dans les solutions de sécurité pour protéger les utilisateurs contre les menaces potentielles.

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