Plusieurs entreprises réfléchissent à la manière d’intégrer l’intelligence artificielle dans le fonctionnement du secteur immobilier.
L’immobilier commence à intégrer l’intelligence artificielle (IA) dans ses opérations, pour gagner du temps et de l’argent, mais sa généralisation à tous les étages n’est pas pour demain dans ce secteur réputé conservateur. A Cannes au Marché International des Professionnels de l’Immobilier (Mipim), le principal salon mondial (qui se tient du 12 au 15 mars), plusieurs entreprises présentes dans l’espace dédié aux innovations technologiques ont mis en avant leurs travaux dans l’IA.
« Il est très important d’avoir l’IA si nous voulons être compétitifs. C’est crucial. Parce que nous pouvons gagner beaucoup de temps », déclare Morten Paarup, directeur technique de la société danoise Propbinder.
Depuis plusieurs mois, cette société propose à ses clients, principalement des gestionnaires immobiliers, la possibilité d’utiliser l’IA pour orienter automatiquement une demande vers la bonne personne, rechercher des informations dans un contrat de location et saisir les caractéristiques d’un bien. .. «C’est un domaine dans lequel nous améliorons le temps passé à communiquer avec les clients», souligne-t-il.
Automatisez la gestion des paramètres énergétiques
Pour les grandes sociétés foncières résidentielles, plus répandues en Amérique du Nord qu’en Europe, les usages possibles sont plus larges, explique à l’AFP Salim Faroukh, directeur de la société américaine Domain 6 qui travaille avec Microsoft. L’IA peut par exemple analyser une masse de données publiques, via par exemple les réseaux sociaux, pour estimer la demande dans un quartier donné et permettre aux propriétaires d’ajuster leurs loyers et de s’en tenir aux prix du marché.
Mais, reconnaît d’emblée Philippe Boyer, directeur de l’innovation de la foncière française Covivio, « le train de l’immobilier ne va pas forcément aussi vite qu’on le voit dans d’autres secteurs ». Les foncières de bureaux, plus professionnalisées, le font depuis plusieurs années pour automatiser la gestion des paramètres énergétiques de leurs bâtiments, explique-t-il. « Par exemple, connaître (…) le taux d’occupation moyen d’un espace dans un immeuble de bureaux permet d’anticiper le fait que ces salles de réunion devront être chauffées, éclairées, nécessiter un certain nombre de services, en lien avec la données collectées dans le passé », explique-t-il.
Depuis un an, le groupe Schneider Electric propose des systèmes techniques de gestion technique des bâtiments intégrant l’IA.
« Cela apporte plus de finesse et d’automatisation », note Nathalie Champeaux, directrice marketing bâtiments intelligents chez Schneider Electric France.
Par exemple, le contrôle du chauffage pourrait être connecté aux prévisions météorologiques et adapter la température en conséquence, plutôt que de se limiter à une température et des horaires prédéfinis.
« Générer des images à partir d’invites »
L’IA permet également de détecter plus tôt une baisse de performance des équipements (panneau solaire, ventilation…) et d’adapter la maintenance. Dans l’immobilier résidentiel cependant, l’IA commence à se faire une place, notamment pour traiter un volume de données qui peut vite devenir gigantesque. Pour les agences immobilières, cela leur permet d’affiner les estimations de prix d’un bien en fonction de bien plus de paramètres qu’à la main, explique Loeiz Bourdic, directeur de la start-up suisse PriceHubble qui travaille avec de nombreux poids lourds du secteur.
« Le machine learning permet d’estimer beaucoup plus précisément et de comprendre plus en détail l’impact de chaque paramètre », poursuit-il.
Par exemple, de combien augmentera la valeur d’un bien s’il comprend un balcon, une exposition sud, etc. ? L’étape suivante consiste à demander à la machine de lire des images ou des documents. L’IA générative peut ainsi permettre, souligne Loeiz Bourdic, d’extraire des données exploitables à partir de photos, ou d’un document numérisé. « Nous avons encore besoin d’une littérature assez abondante lorsqu’il s’agit d’acheter ou de vendre des immeubles, de signer des baux, d’analyser des PLU (plans locaux d’urbanisme, NDLR) », énumère Philippe Boyer. « Et tout ça, la machine s’en charge, sans aucune marge d’erreur, 1 000 fois, 10 000 fois plus vite que l’homme. »
« Sans doute que dans le futur, les architectes demanderont à la machine de générer des images à partir de invites », assure-t-il, imaginant comment pourraient être passées les commandes : « Tiens, fabrique-moi un immeuble de bureaux dans une telle zone, je voudrais 50 % de végétation. « .