Nouvelles locales

Quand les vins de l’Etna se réveillent

Dans son Voyage en Italie, Écrit en 1786, Goethe décrit à quel point la Sicile l’a séduit : « On ne peut pas se faire une idée de l’Italie sans voir la Sicile. C’est en Sicile que se trouve la clé de tout. » Que dirait l’écrivain qui a souvent séjourné à Taormina, près de Catane, du vignoble de l’Etna dont les vins s’imposent depuis près de dix ans sur de nombreux concurrents italiens ? Et si, à force de lutter longtemps contre des conditions climatiques extrêmes, ce vignoble méridional était aussi devenu une « clé » pour les régions du nord ?

Le succès actuel des vins de l’Etna semble le confirmer. Peu de régions au monde connaissent un tel engouement. « Ils ont une fraîcheur insoupçonnée, explique Alessandro Malfitana, chef sommelier de l’Hôtel San Domenico à Taormine, qui offre une vue sur le volcan. Ils sont digestes, élégants et authentiques. Ils ont aussi une forme d’archaïsme original et une impétuosité qui les rendent si originaux. Parfois, lorsque je propose un vin de l’Etna à nos clients du restaurant, ils le confondent avec un Pinot Noir de Bourgogne. La couleur des rouges de l’Etna est très similaire.

Originaire du village de Linguaglossa, dans les vignobles de l’Etna, Alessandro Malfitana sait de quoi il parle. Après avoir obtenu son diplôme de sommelier et plusieurs expériences professionnelles à Londres, il a préféré revenir sur son île natale pour en porter fièrement les valeurs et les saveurs.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Le vin sicilien se libère des griffes de la mafia

Un choix fait par de nombreux autres vignerons. Comme le négociant toscan Marc De Grazia, qui s’est installé ici en 2022 avec une cinquantaine d’hectares de vignes et qui surnomme le vignoble de l’Etna « la Bourgogne de la Méditerranée ». Ou comme le Piémontais Angelo Gaja, qui n’a pas pu résister à l’appel du volcan sicilien. En 2017, il s’est associé au vigneron Alberto Graci pour y créer un petit vignoble.

Fleurs blanches, citron et herbes sauvages

Majestueux et magnétique, libérant jour après jour une fumée plus ou moins dense qui témoigne d’une activité à laquelle les Siciliens sont habitués, le plus haut volcan d’Europe (3 350 mètres) attire de plus en plus de monde. Au lieu d’être craint, chaque réveil du volcan est considéré comme un renouvellement de la terre, déjà lourdement chargée de minéraux, tandis que le soufre contenu dans la fumée protège les vignes contre les maladies.

Malgré les secousses sismiques qui s’y produisent parfois, ce sont plus de trois cents vignerons qui se partagent aujourd’hui ses coteaux plantés de vignes sur plus de 3 000 hectares devenus si recherchés qu’il n’y a quasiment plus de pieds de vigne à vendre. Et, s’il y en a, les prix ont considérablement augmenté. En vingt ans, l’hectare est passé de 15 000 à 150 000 euros.

Il vous reste 67.91% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
Bouton retour en haut de la page