quand les renseignements militaires russes ont organisé le piratage du parti d’Emmanuel Macron lors de l’élection présidentielle de 2017

Emmanuel Macron est longtemps resté partisan d’un dialogue avec Vladimir Poutine… tout en affichant sa fermeté face au maître du Kremlin. Le 4 avril 2023, « Affaires sensibles » relate leur première rencontre, prélude à la stratégie diplomatique du président français face à son homologue russe. Dans cet extrait, retour sur un moment de tension, où sont évoquées les tentatives d’ingérence de Moscou dans la campagne présidentielle de 2017.
En mai 2017, cinq ans avant que la Russie n’envahisse l’Ukraine, Vladimir Poutine était déjà banni de la communauté internationale : le régime russe est intervenu dans l’est de l’Ukraine et a soutenu militairement celui de Bachar el-Assad en Syrie. Pourtant, il est le premier chef d’État qu’Emmanuel Macron choisit de recevoir officiellement… dans un lieu très symbolique, le château de Versailles. Dans l’après-midi, les deux présidents s’adressent à la presse. Une question va mettre le feu aux poudres : elle porte sur les soupçons d’ingérence de la Russie dans l’élection présidentielle française.
Considéré comme peu russophile, l’actuel chef de l’Etat français était loin d’être le favori du Kremlin, et l’on sait que Vladimir Poutine aurait préféré le candidat de droite, François Fillon. Dès février 2017, diverses rumeurs et « fake news » sur le candidat Macron sont diffusées par deux médias russes financés par le Kremlin et implantés en France, Russia Today et Sputnik (tous deux bannis de l’Union européenne après l’invasion de l’Ukraine). En Marche, le parti du candidat Macron, a subi tout au long de la campagne une multitude d’attaques informatiques : plus d’un millier, au total.
150 000 courriels des employés d’En Marche publiés sur le Web
A la veille du second tour, le 5 mai 2017, En Marche a été la cible d’une cyberattaque majeure. Suite à un piratage, 150 000 mails de ses employés sont publiés sur internet. Pour le journaliste Nicolas Hénin, auteur de La France russe – Enquête sur les réseaux de Poutine (éd. Fayard), l’identité du coupable ne laisse guère de doute : « Le hack porte la signature du GRU, le renseignement militaire russe. »
A Versailles, quand le journaliste demande si le sujet a été évoqué lors de la conversation privée, Vladimir Poutine assure que non – et glisse que pour lui, il n’y a pas de sujet.
« Il y a un slogan qui est : ‘Ne croyez rien jusqu’à ce que le Kremlin le nie.’ Fondamentalement, rien n’est jamais certain jusqu’à ce que le Kremlin dise : « Ce n’est pas nous ». «
Nicolas Hénin, journaliste, auteur d’une enquête sur les réseaux Poutinedans « Questions sensibles »
Emmanuel Macron rectifie : « Nous l’avons mentionné lorsque le président Poutine m’a appelé pour me féliciter. Je suis un pragmatique, donc quand j’ai dit des choses une fois, je n’y reviens généralement pas. » Cette fermeté, dont se félicite le conseiller diplomatique du président français, est ainsi décryptée par Nicolas Hénin : « C’est ‘Je te tapote sur l’épaule en t’invitant à Versailles, et je viens te donner un petit coup de coude comme ça, histoire de te rappeler que moi aussi je fais partie de la bande des puissants virils’. »
Extrait de « Poutine-Macron : le face-à-face des présidents », à voir le 4 avril 2023 dans « Affaires sensibles », une coproduction France Télévisions, France TV presse, France Inter et l’INA, adaptée d’un programme de France Inter.
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