« Quand les rebelles viennent justifier la chasse aux juifs dans la ville d’Anne Frank »
FIGAROVOX/CHRONIQUE – Après l’attaque contre des supporters du Maccabi Tel-Aviv dans les rues d’Amsterdam, plusieurs élus ont cherché à minimiser ou expliquer ces violences, affirme l’avocat Gilles-William Goldnadel.
Gilles-William Goldnadel est avocat et essayiste. Chaque semaine, il décrypte l’actualité pour FigaroVox. Il a publié Journal de guerre. C’est l’Occident qu’on assassine (Fayard, 2024). Il est également président d’Avocats sans frontières.
Les députés insoumis, franchissant un nouveau palier dans l’infamie, justifient la chasse aux juifs dans la ville d’Anne Frank. A Fabien Roussel, peu suspect d’allégeance excessive au sionisme, qui a écrit surHier soir à Amsterdam, des supporters ont été chassés, menacés et lynchés dans les rues d’une ville européenne parce qu’ils sont juifs.la députée France insoumise d’Ille-et-Vilaine, Marie Mesmeur a répondu sans honte : «Ces personnes n’ont pas été lynchées parce qu’elles étaient juives, mais parce qu’elles étaient racistes et soutenaient le génocide.« .
Avec une rapidité remarquable, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a saisi le parquet pour apologie d’un crime. Avocats Sans Frontières et plusieurs citoyens israéliens blessés vont également contacter le procureur de la République.
Avec une égale rapidité, ses camarades Insoumis ont fait preuve d’un bel esprit de solidarité. Par ailleurs, les députés Boyard, Panot et consorts auront déployé une grande activité pour tenter, sinon d’interdire le prochain match de football France-Israël, du moins de faire en sorte qu’il se déroule dans les pires conditions de sécurité. Ils ont évidemment applaudi la banderole « Palestine libre » déployée par les ultras supporters du Paris Saint-Germain, avec la complaisance de ces derniers, et faussement considérée comme « pro-palestinienne » et pacifique alors qu’elle illustre de manière martiale un guerrier en keffieh.
Les réactions des médias à la chasse aux Juifs dans les rues de la ville d’Anne Frank s’alignent sensiblement sur les sensibilités politiques. Si la presse droite et centrale a été impeccable, on notera que Libérer a cru nécessaire, sans excuse, d’insister sur le fait que les partisans du Maccabi Tel-Aviv, la veille de ce qu’il est difficile de nommer autrement qu’un pogrom, se seraient mal comportés, qui en s’attaquant à un drapeau palestinien, qui a tenu des propos déplacés .
Mon imagination est impuissante à décrire la réaction médiatique ou politique si, par hypothèse audacieuse, un observateur tentait d’excuser une « ratonnade » par le fait que certains partisans de l’Algérie se soient mal comportés.
De son côté, la chaîne de service public s’est exprimée lourdement au début de la séquence de «affrontements» et un journaliste de France Info s’est exprimé vendredi «Les ultras du Maccabi poursuivis par les pro-palestiniens» sans savoir comment elle savait que tous les partisans israéliens poursuivis avaient des opinions excessives.
Bien sûr, nous ne souhaitons pas faire passer tous les supporters de football pour des pianistes distingués, mais ce type de commentaires est susceptible de vouloir édulcorer la responsabilité des gangs islamistes haineux, qui se sont lancés dans une chasse aux Juifs. organisée et préméditée, notamment grâce aux informations obtenues par des chauffeurs de taxi qui indiquaient dans quels hôtels séjournaient les Israéliens.
Un article documenté de Télégraphe quotidien daté du 8 novembre décrit en détail cette préméditation du lynchage : «Les attaques contre des supporters juifs ont été planifiées et coordonnées à l’aide des boucles Whatsapp et Telegram. » L’un des messages dit « Demain, après le match, dans la nuit, deuxième partie de la chasse aux juifs« . Un autre : « Demain on s’occupe d’eux« . Les participants désignent les fans israéliens comme « chiens cancéreux« . Pour le reste, le Télégraphe décrit les scènes d’extrême violence et de haine qui justifient le terme que j’ai employé plus haut et dont je suis habituellement avare.
Mon imagination est impuissante à décrire la réaction médiatique ou politique si, par hypothèse audacieuse, un observateur tentait d’excuser une « ratonnade » par le fait que certains partisans de l’Algérie se soient mal comportés… Je n’envie pas son sort social ou professionnel. Ainsi, lors des incidents du match France-Algérie, où la Marseillaise a été copieusement huée et où de violents supporters algériens ont envahi le terrain, qu’auraient dit les insoumis si les députés avaient justifié une chasse aux Arabes en plein Paris ?
La réaction du personnel politique, à l’exception du parti d’extrême gauche susmentionné dont l’antisémitisme n’est plus à documenter, ne peut être critiquée puisque la condamnation a été unanime.
Mais c’est comme ça. Sartre, dans son Réflexions sur la question juivea bien expliqué le phénomène antisémite. Sous prétexte qu’il y avait des voleurs juifs, il fallait punir tous les Juifs. A l’extrême gauche, dans la mouvance insoumise, ce type de raisonnement consubstantiellement raciste appliqué à quelques ultras leur a même permis de se réjouir de la correction administrée à tous les juifs.
La réaction du personnel politique, à l’exception du parti d’extrême gauche susmentionné dont l’antisémitisme n’est plus à documenter, ne peut être critiquée puisque la condamnation a été unanime.
On se concentrera encore sur celui du chef de l’Etat. Emmanuel Macron l’a évoqué, sans polémiquer «les heures les plus honteuses de l’histoire» . Mais la dure vérité nous oblige à admettre que les zigzags de ses propos nous donnent le vertige et le fait qu’il ait refusé de marcher contre l’antisémitisme islamique fait que nous ne marchons plus.
Sans doute l’essentiel demeure-t-il. Depuis trop longtemps, je dis et j’écris que la haine des Orientaux envers les Juifs occidentaux ne peut être dissociée de la haine des Blancs. La haine des Israéliens est similaire à celle des Français d’origine. Je ne vois aucune différence de haine entre frapper un Israélien dans les rues d’Amsterdam et frapper un Français, juif ou non, dans les rues de Paris. Et ce sont les mêmes délinquants politiques qui excusent les mêmes grèves ici et là.
Il est temps de leur barrer la route sans pitié. Il est minuit moins cinq à Amsterdam. C’est la même heure à Paris.