Quand le sport de haut niveau entraîne une déchéance sociale et morale

Être passionné par un sport. Donnez-lui tout votre temps, toute votre énergie. D’entraîner sa famille dans son sillage, avec tous les sacrifices que cela peut impliquer. Et, du jour au lendemain, tout abandonner : Olivier Delacroix, pour ouvrir le bal de cette nouvelle saison de son magazine, rencontre quatre sportifs de haut niveau. Il raconte la chute, brutale. Mais aussi la manière dont tous se sont reconstruits, dans la douleur.
Et ce n’est sans doute pas un hasard, vu l’actualité : les deux femmes que le journaliste interviewe, Mélissa (notre photo) et Marion, ont toutes deux été victimes de harcèlement moral et sexuel de la part de leur entraîneur. La première, championne de motocross, a même complètement rejeté son sport après des séances d’humiliation publique et de viol. Sa mère, horrifiée de ne pas pouvoir la protéger, s’est suicidée. Pour Marion, cycliste, la pression était telle qu’elle s’est dopée, en réalisant ce qu’elle appelle une « suicide sportif » pour sortir de la boucle de maltraitance dans laquelle elle était enfermée. Elle a fini, bien après, par porter plainte, auprès d’une autre sportive (qui n’est pas mentionnée). Le bénéfice du doute a profité à l’entraîneur, qui s’est suicidé.
Les deux autres athlètes sont respectivement footballeur et skipper. Le premier, Wesley, issu d’un quartier populaire de Seine-Saint-Denis, est monté très vite très haut. Sa chute, après une grave blessure, a été d’autant plus difficile. Il dénonce le fait que les sportifs soient tenus à l’écart de la réalité par les fédérations. Le second, le skipper François Gabart, raconte en contrepoint comment il concilie vie privée et vie sportive, et comment il a appris, à ses dépens, où étaient ses limites.
Tous continuent aujourd’hui, d’une manière ou d’une autre, à vivre de leur passion. Un documentaire sans grande révélation, mais qui met en lumière, par la force du témoignage, les mécanismes pervers à l’oeuvre dans le monde du sport. Ca.C.
Grb2