quand le maire se retrouvait président de l’OM, sans rien connaître au football
Alors que l’ancien maire de la ville est décédé ce lundi, l’OM a rendu hommage à son ancien président, passé par un passage éclair au club en 1995 et 1996.
Tout ce qui lui manquait, c’était le football. Depuis l’annonce du décès de Jean-Claude Gaudin, lundi 20 mai, les réactions s’enchaînent pour souligner son lien viscéral avec Marseille. De la ville qu’il a dirigée pendant 25 ans, il avait « l’accent, la fièvre »a commenté Emmanuel Macron, les gouailles, les sorties Pagnolesques, «C’était un homme marseillais»» a même dit le chef de l’État. De cette « passion », il ne lui manquait qu’un seul amour : l’OM. L’ancien maire n’aimait pas particulièrement le football. Il occupe cependant brièvement le poste de président du club en 1995. Sans rien connaître à l’art du football.
Nous sommes en avril 1995. Miné par les années Tapie, L’Olympique de Marseille, rétrogradé en deuxième division depuis un an, a déposé le bilan, souffrant d’une dette de près de 300 millions de francs. En attendant un repreneur, Robert Vigouroux, l’actuel maire crée une société d’économie mixte pour gérer le club. Cette personne morale est administrée par des collectivités et des partenaires privés. Deux mois plus tard, des élections municipales avaient lieu. Jean-Claude Gaudin les remporte, se déroulant pour la première fois dans le fauteuil du maire. Il récupère les dossiers de l’édile socialiste et… de l’OM.
Un amoureux de Marseille, de l’OM et de tous les Marseillais s’en est allé. 🕊️
Maire de la ville de Marseille pendant 25 ans, 𝗝𝗲𝗮𝗻-𝗖𝗹𝗮𝘂𝗱𝗲 𝗚𝗮𝘂𝗱𝗶𝗻 fut l’un des représentants les plus emblématiques de l’Olympique de Marseille, dont il fut président de juin 1995 à… pic.twitter.com/qAqURKoVh1-Olympique de Marseille (@OM_Officiel) 20 mai 2024
Une patate chaude pour ceux qui n’ont qu’un lien affectif avec le club. Si « Jean-Claude Gaudin est un amoureux de l’OM », comme le disait le club sur
« Je dois l’avouer, c’est à ce moment-là que j’ai appris ce qu’était une surface de réparation !il a confié à Ardoise en 2015. « Lorsqu’il est devenu président de l’OM, Renaud Muselier a dit Monde en 2013il ne savait même pas qu’il y avait une mi-temps… Il m’a demandé si les équipes ‘changeaient de côté à l’entracte’. »
Diriger l’OM était un « coquetterie secrète décrit Christophe Bouchet sur X. Il a avoué « Je ne connais rien au footballse souvient celui qui fut également président du club. Ultime paradoxe marseillais. »
« Oh, tu sais, moi aussi j’étais président de @OM_Officiel» JC Gaudin aimait à le rappeler, comme une coquetterie secrète avouant, tonitruant, dans la même phrase, ne rien connaître au football. Ultime paradoxe marseillais. Son ami @Foucault_JP veillé sur le grain olympien pour lui pic.twitter.com/wc6ZRkyD26
-Christophe Bouchet (@ch_bouchet) 20 mai 2024
Jean-Claude Gaudin « n’a pas vécu son mandat de président comme une gloire », appuie Eric Di Meco sur BFM TV lundi. N’étant pas fier de son dévouement au club, « comme c’est souvent le cas des élus qui tombent amoureux de l’OM du jour au lendemain »croit l’ancien défenseur mais « se moquant du fait qu’il n’avait pas beaucoup de connaissances en football ».
En termes de résultats, la saison 1995-1996 a été plutôt prolifique. Après deux saisons en deuxième division, l’effectif de Gérard Gili parvient à remonter en D1. Jean-Claude Gaudin passe la main à Robert Louis-Dreyfus, qui deviendra propriétaire de l’OM jusqu’à son décès en 2009.
Le maire reste en retrait mais tape du poing sur la table quand il le faut. Comme ce jour d’avril 2016 où Margarita Robert Louis-Dreyfus annonçait la vente de l’OM. « Personne ne nous fera deux fois, Kachkar !, insiste le maire, échaudé par la fausse annonce qui a enflammé les supporters. En 2007, Jack Kachkar, homme d’affaires canadien, entame des négociations avec Robert Louis-Dreyfus. Il promet d’investir 115 millions d’euros pour reprendre le club phocéen et fait rêver une ville entière, avec Jean-Claude Gaudin en tête. Mais la bulle du Kachkar éclate et l’opération de rachat s’effondre.
Ainsi, en août 2016, c’est à la mairie, assise à droite de Frank Mc Court, que l’élu annonce officiellement le rachat du club. « Il va falloir gagner, il va falloir mettre de l’argent ! tance Jean-Claude Gaudin lors d’une conférence de presse. Puisque vous l’avez, c’est ce que vous ferez ! La petite phrase a fait le tour des réseaux sociaux et a une nouvelle fois scellé le poids du maire sur les affaires et les passions marseillaises.