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quand le complotisme s’installe dans la campagne présidentielle

Les théories du complot sont la raison pour laquelle vivent les partisans de Donald Trump. Malgré les fausses nouvelles de leur candidat, ils semblent préférer cette vérité alternative défendue par l’ex-président, où Kamala Harris utiliserait le vote des immigrés pour truquer l’élection, ou que l’État profond aurait tenté d’assassiner par deux fois leur candidat.

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Temps de lecture : 28 min

Donald Trump et Kamala Harris. (AFP/STÉPHANIE BERLU/RADIOFRANCE)

Après 2016, puis 2020, une partie de l’électorat américain a glissé vers un complotisme sans vergogne. Leur nouvelle cible : Kamala Harris. Le sénateur américain JD Vance, candidat à la vice-présidence de Donald Trump, a déclaré lors d’un rassemblement le 5 septembre que les démocrates soutenaient la fraude électorale : ils veulent des immigrants illégaux « voler le vote de tout le monde ». L’un de leurs arguments phares : les démocrates chercheraient à faire voter les personnes n’ayant pas la nationalité américaine. Sauf que les étrangers n’ont pas le droit de voter aux élections fédérales ni aux élections présidentielles. Comme le souligne Rudy Reichstadt, l’immigration est utilisée comme une arme pour « faire semblant » et donc « voler » l’élection.

Pendant ce temps, Donald Trump continue d’affirmer sans preuve sur son réseau Truth Social que le Parti démocrate incite les migrants à entrer illégalement afin de les amener à voter pour Kamala Harris.
Pour Tristan Mendès France, les discours anti-migrants ont des conséquences concrètes : fermetures d’hôpitaux suite à des menaces d’attentats à la bombe, d’un campus suite à des menaces d’attaques armées contre des haïtiens dans une université, évacuation de la mairie de Springfield suite à des alertes à la bombe…

« Celui qui a tenté d’assassiner Trump était-il un agent de la CIA ? Un internaute complotiste revient sur cette tentative d’assassinat contre l’ancien président le 15 septembre. Ryan Routh, 58 ans, a été arrêté le 15 septembre alors qu’il fuyait après avoir été repéré par des agents des services secrets qui guettaient dans un buisson avec un fusil semi-automatique près du golf. bien sûr où l’ancien président. Avant lui, c’est Thomas Crooks, 20 ans, originaire de Pennsylvanie, qui a tenté d’assassiner l’ancien président républicain et candidat à la présidentielle. Ce dernier a été blessé à l’oreille droite et évacué en pleine réunion à Butler, en Pennsylvanie, samedi 13 juillet.

Selon Rudy Reichstadt, « Cette théorie du complot fait partie d’une longue histoire de théories du complot sur les tentatives d’assassinat réussies et ratées contre les présidents des États-Unis. »

 » Par analogie, on explique que Thomas Crooks a connu le même sort que Lee Harvey Oswald. Cependant, la première chose à noter est que dans toute l’histoire des attentats présidentiels américains, il n’y a jamais eu  » Il n’y a eu qu’un seul cas où plus de un tireur a tiré sur le président. »

Rudy Reichstadt, directeur de Conspiracy Watch

Complorama

« C’est la raison pour laquelle l’attentat du 13 juillet 2024 n’est probablement pas un complot mais, comme souvent, une initiative personnelle »poursuit le directeur du site Conspiracy Watch.

Après cet événement, Donald Trump sera présenté comme un martyr. « Dans le deuxième cas, celui impliquant Ryan Routh, on est dans une configuration très différentepoursuit Rudy Reichstadt. Là où Thomas Crooks a été abattu, Ryan Routh a été arrêté pour lui. Enfin, le plus important, là où Ryan Routh n’a même pas utilisé son arme (…), Thomas Crooks a eu le temps de tirer huit coups de feu et de tuer un des spectateurs. En ce qui concerne les attentats du 13 juillet, Trump est véritablement un miracle.»

Certaines des théories complotistes liées à la tentative d’assassinat de Donald Trump émanent d’internautes qui se revendiquent « libéraux » et progressistes. Les médias américains, dont le Washington Post, parlent même d’un « BlueAnon », une tendance démocrate à la conspirationniste. Mais pour Tristan Mendès France,  » le fait que les démocrates se livrent à ce type de théorie est avant tout un symptôme de la baisse de la qualité de la consommation de l’information aux Etats-Unis (…) Du côté démocrate, nous n’avons aucun candidat qui alimente et légitime ces théories parmi ses électeurs ». Rudy Reichstadt nous l’assure : «Il n’y a pas de commune mesure ni de symétrie entre ce que les médias ont appelé le BlueAnon, par analogie avec QAnon, et QAnon qui est un mouvement réel et structuré qui irrigue une très grande partie des sympathisants de Trump. Et surtout, Trump y joue volontiers ».

Lors du débat avec Kamala Harris sur la chaîne de télévision ABC le 10 septembre, l’ancien président a affirmé que les démocrates payaient les gens pour assister aux rassemblements de Kamala Harris. « C’est évidemment faux », répond Rudy Reichstadt, qui y voit un complot « narcissique ».

Kamala Harris est également devenue la cible des pro-Trump. Parmi les théories, la bien connue du Birtherisme. « On a vu réapparaître ce dispositif complotiste privilégié par les pro-Trump et Trump lui-même, qui consiste à expliquer qu’une candidate, ici Kamala Harris, ne serait pas de nationalité américaine et que donc elle serait illégitime comme candidate.rappelle Tristan Mendès France. Nous appelons cela du Birtherisme et Barack Obama l’a déjà fait en 2011 au nom de Trump. Pour en revenir à Kamala Harris, on l’a peut-être oubliée mais déjà en 2020, lorsqu’elle a été nommée vice-présidente de Biden, Trump avait déjà laissé entendre qu’elle n’était peut-être pas américaine.

Depuis fin juillet, le candidat démocrate est la cible d’une violente campagne de diffamation en ligne. Selon les trumpistes, Kamala Harris est en réalité un homme. Un procédé calomnieux typique de la complosphère.

« États-Unis : quand le complot s’installe dans la campagne présidentielle », c’est le 73e épisode de Complorama avec Rudy Reichstadt, directeur de Conspiracy Watch, et Tristan Mendès France, conférencier et membre de l’observatoire du complot, spécialiste des cultures numériques. Un podcast à retrouver sur le site franceinfo, l’application Radio France et plusieurs autres plateformes comme les podcasts Apple, Podcast Addict, Spotify, ou encore Deezer.

Eleon Lass

Eleanor - 28 years I have 5 years experience in journalism, and I care about news, celebrity news, technical news, as well as fashion, and was published in many international electronic magazines, and I live in Paris - France, and you can write to me: eleanor@newstoday.fr
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