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quand la manifestation pour la réunification de la Bretagne tourne au vinaigre

quand la manifestation pour la réunification de la Bretagne tourne au vinaigre

Les organisateurs de ce rassemblement visant à réintégrer la Loire-Atlantique à la Bretagne ne s’attendaient pas à une telle issue. La présence de militants d’extrême droite a déplu à certains participants.

Le Figaro Nantes

Le tract d’annonce suggérait une joyeuse manifestation. « Vous aurez l’occasion de vous restaurer, de vous approvisionner en produits BZH, d’apprécier les vins bretons des vignerons du pays Nantais, d’écouter nos intervenants, de danser sur la musique, ainsi que de vous rafraîchir à la buvette »a communiqué jeudi l’association apolitique Bretagne Réunie, qui milite pour le retour de la Loire-Atlantique à la région administrative Bretagne. Pourtant, la manifestation organisée samedi à Nantes a tourné au vinaigre, contre toute attente. Dans le cortège, un conseiller municipal de Nantes a été agressé et un militant a été transporté à l’hôpital après avoir également été frappé.

« Cette année, dans cette période troublée, nous avons voulu retrouver quelque chose de fort et de paisible »précise Alain-Francis Peigné, l’un des trois coprésidents de Bretagne Réunie, joint par téléphone lundi. Leur dernier événement remonte à septembre 2022. Il est fréquent que des mouvements partageant le même combat les rejoignent. « Il y a des gens de gauche, de droite, du centre, et puis il y a certainement des extrémistes. Habituellement, les participants d’un mouvement politique ne s’expriment pas ouvertement. »explique le porte-parole.

Le Parti National Breton présent

Cette année, « sept à huit individus issus d’un petit groupe du Parti national breton (PNB), qui fait écho à un parti fondé en 1938 qui a collaboré avec l’occupant entre 1940 et 1944 » s’est joint à l’appel, explique Alain-Francis Peigné. Ces derniers ont déployé leurs banderoles et drapeaux. « Notre erreur a été de les laisser déployer ces banderoles »poursuit le porte-parole, la situation s’étant aggravée à partir de ce moment. Aucun service de sécurité n’était présent « manque de ressources ». Des heurts ont éclaté entre des militants nationalistes et d’autres participants, dont l’élu Florian Le Teuff, qui s’occupe des questions bretonnes à la mairie de Nantes : il a reçu plusieurs coups de poing. Contacté, il n’a pas souhaité réagir à ce stade.

« Il n’était pas possible de les laisser défiler dans les rues de Nantes. Je suis allé voir les organisateurs pour intervenir. Ils m’ont dit que tout le monde était libre d’être là. Alors je suis allé moi-même dire aux gens de la PNB que la ville était à l’opposé de leur vision. J’ai reçu le premier coup de poing au visage. »a-t-il pourtant déclaré dimanche dans les colonnes de Ouest de la France à propos d’une fête « qui revendique sans vergogne son appartenance au nazisme ». « Tout mon soutien à mon adjoint Florian Le Teuff, attaqué par l’ultra droite en marge de cette manifestation. Je condamne avec la plus grande fermeté cette violence intolérable.»a réagi sur les réseaux sociaux Johanna Rolland, la maire socialiste de Nantes, à propos de son collègue qui ne s’était initialement pas présenté comme un élu. « Toute attaque contre des élus est inacceptable dans notre pays et dans notre ville »a-t-elle réitéré devant la presse lundi.

Deuxième altercation

Dans un communiqué publié dimanche, le Parti national breton, qui a indiqué avoir été très bien accueilli « par la grande majorité des participants »déploré « l’altercation dont Florian Le Teuff, député municipal de la majorité socialiste nantaise, s’est rendu coupable à la fois, en insultant les militants nationalistes rassemblés pacifiquement et en tentant de leur voler l’étendard du mouvement ». « La PNB dément catégoriquement les rumeurs malveillantes prêtant à ses militants la moindre agression physique contre M. Le Teuff, comme peuvent en témoigner les participants présents »a affirmé le parti, défenseur d’un « Nation bretonne libre, forte et fière »en apportant son soutien à l’association Bretagne Réunie qui a vu un de ses membres agressé.

« Nous aurions dû suspendre la manifestation immédiatement. Nous ne pouvons pas manifester avec ce petit groupe »reconnaît Alain-Francis Peigné. D’autant que la situation est devenue plus difficile. « Après cinq minutes de combat, les black blocs ont profité de l’occasion pour assommer un de nos militants, qui était membre du conseil d’administration ». Lequel s’est retrouvé à l’hôpital, où il se trouve toujours, avec quatre côtes cassées. « Il voulait séparer les protagonistes d’une violente altercation entre l’ultra-droite et l’ultra-gauche ». Un jeune homme a été placé en garde à vue après cet événement mais a été libéré.

Deux jours plus tard, l’association en faveur de la réunification regrette « une réaction très violente d’une certaine gauche ». Si Alain-Francis Peigné déclare « que nous ne pouvons pas accepter les comportements extrémistes » Et « que nous avions tort de les accepter »il note « qu’on nous accusait de soutenir le PNB, puisque nous tolérions leur présence ».

« Je suis furieux contre Bretagne Réunie pour avoir provoqué ce désordre. (…) Elle est incapable d’avoir une ligne claire sur la question de l’extrême droite»a fustigé l’élu écologiste Florian Le Teuff, dans la presse régionale. Selon le représentant d’un « association modérée »ces critiques sont inacceptables. « Nous détestons les idées de l’extrême droite, mais nous constatons qu’à l’extrême gauche, le langage est aussi agressif. » souligne Alain-Francis Peigné, qui reconnaît néanmoins les progrès réalisés par la mairie de Nantes en matière de réunification. Celui qui codirige une association qui fait régulièrement l’objet de tentatives d’entrisme politique, souligne que la municipalité ne leur a pas dit un mot concernant leur militant battu. Un expert en la matière confie que le vrai débat dans cette nébuleuse histoire au caractère très politique demeure : « Qui a provoqué qui ? ». Dans un contexte de violences contre les élus, la question reste très sensible.

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