Quand 120 jeunes militants célèbrent les 120 ans de l’Humanité

Dans le quartier Pleyel, à Saint-Denis, ce 1^euh En juin, les bureaux endormis sont réveillés par les rires qui jaillissent des bouches du métro. Parmi les 120 jeunes qui ont répondu à l’appel de la Société des lecteurs de l’humanité (S2LH) pour célébrer les 120 ans du journal de Jaurès, les deux tiers d’entre eux ont pris leur samedi pour venir souffler les bougies des esprits.

Comme la douzaine d’amis du Maine-et-Loire ou de l’Isère, ces militants issus d’organisations de gauche, syndicales ou associatives (Jeunes écologistes, JOC, Unef, Syndicat étudiant, Jeunes communistes, Jeune CGT, etc.) qui souhaitent savoir en savoir plus sur ce titre dont ils apprécient les partis pris.

L’humanité, un outil de luttes

La plupart ne sont pas abonnés. Pour échanger avec eux au siège de Humanité, une quinzaine de journalistes, photographes, chefs de service et rédacteurs en chef les accueillent. Après un rappel des marqueurs de l’histoire du journal, depuis sa création en 1904 jusqu’à son actuelle révolution numérique, les questions foisonnent dans l’amphithéâtre.

« Comment se fait le choix des articles ? » demande-t-on ; « Comment passer d’une tradition productiviste à l’écologie ? » demande un autre. De fil en aiguille, la discussion scrute les engagements du journal, depuis son identité communiste jusqu’à la place qu’il accorde aux jeunes travailleurs, invisibles partout ailleurs.

Un thème revient sans cesse : comment partager efficacement l’information avec les journalistes ? Sensibles aux injustices, ces jeunes militants pensent Humanité comme outil de leurs luttes et pour dénoncer ce qui les scandalise.

D’où cette autre question cruciale à leurs yeux : comment préserver l’indépendance d’un « Journal de combat », à l’heure où la presse est concentrée entre les mains de milliardaires et où les algorithmes de Google règnent sur les contenus en ligne ? « Dans un contexte de déclin de la lecture et du débat démocratique, nous essayons de produire un journal avec une information solide et vérifiée, pour vous aider à argumenter », explique le directeur de Humanité, Fabien Gay, mettant en garde contre la menace de l’extrême droite sur le pluralisme et la liberté de la presse.

« Il était important que, pour le 120e anniversaire du journal, nous donnions une place aux jeunes, se félicite Hervé Bramy, le président du S2LH, qui tient son assemblée générale samedi 8 juin au siège de Humanité. De nouveaux comités S2LH se créent, les jeunes prennent le relais : il faut poursuivre ce mouvement pour élargir le jeune public qui lit Humanité. » Prochain rendez-vous, celui du 7 juin avec la direction de La Poste, où le S2LH déposera les 3 000 pétitions récoltées pour améliorer le service aux abonnés.