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Qlayaa, village chrétien libanais, épargné par Israël

Sous l’œil satisfait du père Pierre Raï, des hommes déchargent la cargaison d’un camion près de l’église Saint-Georges. Un convoi humanitaire de 20 tonnes de nourriture, de médicaments et de produits d’hygiène vient d’arriver de Beyrouth à Qlayaa, un village chrétien à quatre kilomètres à vol d’oiseau de la ligne de démarcation entre le Liban et Israël. Les militaires libanais, qui ont escorté le convoi depuis le Litani, sont prêts à repartir à tout moment.

Distribution de légumes dans le village chrétien de Qlayaa, à quelques kilomètres de la frontière avec Israël, au sud du Liban, le 23 octobre 2024.
Des habitants de Qlayaa déchargent un camion de produits alimentaires et d'hygiène, au sud du Liban, le 23 octobre 2024. Des habitants de Qlayaa déchargent un camion de produits alimentaires et d'hygiène, au sud du Liban, le 23 octobre 2024.

« Nous manquons de médicamentsdéplore le religieux. Il n’y a pas de médecin. Toute vie s’est arrêtée. Il nous faut quelqu’un pour transporter la marchandise, car les transporteurs ne viennent plus ici, la route est trop dangereuse. » Pour rejoindre le village depuis Saïda, à une heure de route plus au nord sur la côte, il faut emprunter une route sans âme qui vive, à travers des localités elles-mêmes fantomatiques, lourdement bombardées par l’armée israélienne, à l’image de Nabatiyé.

L’homme d’Église salue les paroissiens venus pour la distribution. La moitié de la population de Qlayaa, soit environ 1 500 habitants, est restée dans le village. Une trentaine de familles sont rentrées ces derniers jours. Comme Norma et sa fille sont revenues de Beyrouth, car le mari, policier à Saïda, n’a pas pu être affecté ailleurs. « Ils ne peuvent pas vivre sans Qlayaa ! Nous sommes courageux et déterminés. Nous n’abandonnerons pas Qlayaa”se vante le curé, qui peine à faire venir un à deux convois humanitaires par semaine, avec l’aide d’associations et de congrégations religieuses.

« C’est une guerre entre le Hezbollah et Israël »

Les femmes taquinent l’homme religieux têtu. Le 4 octobre, lorsque Qlayaa reçoit un ordre d’évacuation de l’armée israélienne, le père Raï tient bon. Contacté par un officier israélien, il a invoqué la neutralité de Qlayaa. « C’est une guerre entre le Hezbollah et Israël. Il n’y a pas de Hezbollah dans le village, donc il n’y a aucune raison de l’évacuer ou de l’attaquer. »il justifie. Quelques heures plus tard, l’armée israélienne l’a rappelé pour l’informer que l’ordre d’évacuation était annulé.

Bombardements israéliens au sud du Liban, à quelques kilomètres de la frontière avec Israël, le 23 octobre 2024. Bombardements israéliens au sud du Liban, à quelques kilomètres de la frontière avec Israël, le 23 octobre 2024.

La longue histoire de collaboration entre Qlayaa et Israël a joué en sa faveur. En 1979, les hommes de Qlayaa, dont beaucoup étaient des soldats de l’armée libanaise, ont formé des milices pour protéger le village des combattants palestiniens, qui l’ont encerclé et ont attaqué Israël depuis la zone. L’une des premières batailles entre Israël et les Fedayin sur le sol libanais, en juin 1982, a eu lieu dans la forteresse de Beaufort, dont la silhouette se dessine sur la colline face à Qlayaa. L’armée israélienne s’empare de Beaufort puis du sud du Liban.

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Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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