Purge militaire à Moscou ? Les arrestations de généraux se poursuivent en Russie

« Il ne s’agit en aucun cas d’une campagne organisée » : si l’on en croit les propos du porte-parole du Kremlin, la cascade d’arrestations de militaires en Russie en cours depuis fin avril n’est pas une purge, mais un « lutte contre la corruption« . Il est cependant difficile de mesurer l’ampleur du phénomène : changements dans les plus hautes fonctions liées à la Défense, procès contre d’éminents généraux… En marge de la transformation de l’Etat russe pour les besoins de sa guerre contre l’Ukraine, le Kremlin semble prendre des mesures drastiques contre certaines personnalités accusées de fraude ou de corruption.

Transformer l’économie pour l’effort de guerre

Vladimir Poutine doit célébrer les 25 ans de son accession au pouvoir le 9 août 1999, date à laquelle il est devenu Premier ministre sous Boris Eltsine. Depuis, il n’a plus quitté le sommet de l’État, que ce soit comme chef du gouvernement ou président.

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L’homme fort de la Russie a depuis façonné son entourage comme il l’entend au gré de ses mandats. Mais sa guerre de grande ampleur contre l’Ukraine, en cours depuis le 24 février 2022, a permis à d’autres personnalités de se démarquer, comme feu Evegeni Prigojine, décédée en 2023 peu après sa tentative de putsch contre Moscou. Mais le mois de 2024 marque une nouvelle étape dans la gestion du conflit par le Kremlin : après une réélection sans surprise en début d’année, Vladimir Poutine a visiblement entrepris des changements drastiques dans son entourage ainsi que parmi les hommes qui dirigent la guerre. contre Kiev.

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Ce sont ainsi 4 généraux (qu’ils soient affectés à des postes bureaucratiques ou commandants sur le front), selon le média russe indépendant Meduza, qui sont désormais en détention avant jugement, tous dans des affaires de fraude ou de corruption.

L’inamovible Choïgu cède sa place à un économiste

Le ministre de la Défense lui-même, Sergueï Choïgou, a été remplacé le 12 mai 2024 par Andreï Beloussov. Cette décision n’est pas anodine : Choïgou occupe ce poste depuis 2012 et est membre du gouvernement russe depuis 1994, après avoir passé 18 ans à la tête du ministère des Situations d’urgence. Il est désormais secrétaire du Conseil de sécurité russe, où il remplace un autre poids lourd du régime, Nikolaï Patrouchev : ce dernier semble perdre de son importance en devenant conseiller du Kremlin en charge de la construction navale.

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Mais si ces affaires de corruption et les résultats douteux sur le terrain mettent à mal le bilan de Choïgou, le choix de son remplaçant pourrait surprendre. Andreï Belooussov n’est en effet pas issu des forces armées (pas plus que Choïgou à son époque), mais est économiste, ancien chef du ministère du Développement économique puis assistant pour les affaires économiques du président en 2013. Ce remplaçant pointe vers une reconfiguration de l’économie russe pour l’effort de guerre, alors que le budget militaire a explosé depuis le début du conflit.

Des accusés parmi les mieux classés

Il existe de nombreux autres suspects au sein du ministère de la Défense, comme le vice-ministre Timur Ivanov, accusé d’avoir reçu 12,4 millions de dollars de pots-de-vin. Ce dernier a dirigé plusieurs projets de construction, comme des réparations dans la ville de Marioupol, occupée par l’armée russe.

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On peut également citer Yuri Kouznetsov, chef de la Direction générale du personnel du ministère de la Défense, qui aurait accepté un pot-de-vin d’une valeur de 338 000 dollars selon Kommersant, afin de contribuer à l’obtention de contrats avec le gouvernement. Vadim Chamarine, vice-chef d’état-major et chef du département communication, était accusé d’avoir accepté 400 000 $ de Telta, une compagnie de téléphone, pour la favoriser dans les contrats avec le ministère de la Défense. Vladimir Verteletsky, responsable de l’approvisionnement au ministère, aurait inauguré des travaux incomplets, causant des dégâts estimés à 764 000 $.

Quant à Ivan Popov, il est l’un des officiers russes les plus populaires dans son pays, à la suite d’une affaire qui a ébranlé l’armée : en juillet 2023, il a été démis de ses fonctions de commandant dans la région de Zaporizhzhia. , tandis que l’armée ukrainienne mène sa contre-offensive. Il explique ensuite que son limogeage est dû à ses critiques sur la manière dont les opérations sont menées ainsi que sur le manque de soutien matériel dont disposent ses soldats. « Notre chef nous frappe dans le dos, décapitant violemment l’armée au moment le plus difficile et le plus intense.« , expliquait-il alors selon Reuters. Arrêté le 21 mai, il est accusé de fraude à grande échelle, qui concerne le vol de structures métalliques d’une valeur de 1,4 million de dollars, selon Meduza.