Projet de loi sur la fin de vie : les propos du maire de Toulouse qui « choquent » les députés LFI-Nupes de la Haute-Garonne
Les propos du maire de Toulouse, qui compare dans son blog une éventuelle légalisation de l’euthanasie à un retour à la peine de mort, sont dénoncés par les députés LFI-Nupes de Haute-Garonne.
« Emmanuel Macron ne légalisera pas l’euthanasie de mon vivant », a déclaré l’ancien ministre de la Justice Robert Badinter, décédé le 9 février, et rendu célèbre pour avoir aboli la peine de mort en 1981. A propos de cette déclaration que le maire de Toulouse et président de Toulouse Métropole Jean-Luc Moudenc s’est longuement expliqué sur son blog (Le blog de #JLM) alors qu’un projet de loi sur la fin de vie est à l’étude à l’Assemblée nationale. Non sans provoquer la réaction de quatre députés Nupes de Haute-Garonne.
« Réintroduction de la peine de mort »
« L’interdiction de tuer était devenue un marqueur moral de nos sociétés modernes, illustrant le cheminement de notre humanité sur le chemin tortueux du « progrès », écrit M. Moudenc. Ainsi, nous avons aboli la peine de mort en France. Que signifie aujourd’hui la légalisation de l’euthanasie, sinon un retour en arrière par la réintroduction de la peine de mort sous une autre forme ? De même, que signifie pour les juges l’interdiction de prononcer la peine de mort, alors que l’on envisage d’accorder légalement ce droit à une autre profession qui, d’ailleurs, dans son écrasante majorité n’en veut pas (…).
Une question philosophique et éthique
Mourir peut-il être un droit, y compris grâce aux soins palliatifs ? La question du choix du jour de sa mort, qui alimente la réflexion philosophique (stoïcienne) et religieuse depuis l’Antiquité, se pose désormais. Un pas a déjà été franchi avec la loi Claeys-Léonetti de 1999 sur les soins palliatifs, qui permet notamment à un individu de « bénéficier d’une sédation profonde et continue jusqu’au décès lorsque le pronostic vital est engagé à court terme ». Ceci est pratiqué aujourd’hui pour les patients atteints de cancer qui se savent condamnés et souhaitent abréger leurs souffrances.
« Jean-Luc Moudenc ignore deux sujets en un »
Une position défendue par le député haut-garonnais LFI-Nupes Hadrien Clouet qui se dit « choqué » par les propos du maire de Toulouse. « Il arrive à mal comprendre deux sujets en un », assure-t-il. Le principe de la peine de mort est de tuer quelqu’un qui n’en veut pas. Cette comparaison est une offense aux victimes de la peine de mort et c’est une offense à tous ceux qui souhaitent partir parce que la souffrance est trop grande. Ce qui est inacceptable, c’est que M. Moudenc estime que son rôle d’élu est de faire souffrir terriblement les gens lorsqu’ils veulent partir.»
De son côté, la délégation départementale de l’Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD) a également accordé un droit de réponse au maire de Toulouse sur sa page Facebook. Admd3 s’adresse à Jean-Luc Moudenc : « Nous ne pouvons nous résoudre à garder le silence face aux nombreux contre-vérités que vous exprimez (…) Inutile de convoquer Robert Badinter comme repoussoir (…) ».