Santé

Projection d’acide dans la stratosphère : ce projet (très) risqué pour refroidir la planète

La géo-ingénierie, qui consiste à modifier intentionnellement le climat de la Terre, continue de diviser l’opinion. Pour preuve, les réactions instinctives provoquées par le projet du chercheur canadien David Keith de pulvériser un nuage de particules d’acide sulfurique dans la stratosphère afin de refroidir la planète en sont des exemples, rapporte le New York Times dans un article publié le 1er août 2024.

Ramener la planète à son état préindustriel : le projet controversé de David Keith

L’idée de ce projet controversé est née en 1991 aux Philippines. David Keith, alors étudiant, a été témoin de l’éruption du mont Pinatubo, qui a provoqué la libération de dix-sept millions de tonnes de dioxyde de soufre. L’année qui a suivi cet événement, les températures moyennes dans l’hémisphère nord ont chuté d’environ un degré Fahrenheit, rapporte le New York Times.

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Avant et après : ces photos montrent comment ces paysages ont changé avec le réchauffement1

David Keith cite aujourd’hui cet événement comme la validation de ce qui est devenu le projet le plus important de sa carrière : libérer intentionnellement un nuage de particules d’acide sulfurique dans la stratosphère pour abaisser les températures mondiales et ainsi ralentir le réchauffement climatique.

Le professeur de sciences géophysiques à l’Université de Chicago — et ancien professeur de physique appliquée à Harvard — estime dans les colonnes du New York Times que si cette technique pouvait ralentir le réchauffement climatique d’un seul degré Celsius au cours du siècle prochain, elle pourrait contribuer à prévenir des millions de décès liés à la chaleur chaque décennie.

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Pour le chercheur, la géo-ingénierie solaire pourrait permettre à la planète de se rapprocher de son état préindustriel, en recréant les conditions de vie qui existaient avant que de grandes quantités de dioxyde de carbone ne soient libérées dans l’atmosphère, augmentant progressivement la température de la Terre.

Concernant la géo-ingénierie solaire – qui fait partie de son projet – le chercheur estime :

« Il y a certainement des risques et des incertitudes (…) Mais il existe également de nombreuses preuves que les risques sont quantitativement faibles par rapport aux avantages, et les incertitudes ne sont tout simplement pas si grandes.« 

Un projet « dangereux », « arrogant » et « simpliste » pour plusieurs scientifiques

Le projet de David Keith est loin de faire l’unanimité et suscite l’inquiétude de nombreux chercheurs. Au sein de la communauté scientifique, plusieurs voix s’y opposent fermement, craignant notamment les catastrophes imprévisibles qu’il pourrait provoquer.

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C’est le cas de l’écologiste canadien David Suzuki qui, dans les colonnes du New York Times, explique : «L’idée même de pulvériser des composés soufrés pour réfléchir la lumière du soleil est arrogante et simpliste. Des technologies aussi puissantes ont des conséquences imprévues, et nous n’avons aucune idée de ce qu’elles seront.« 

Une préoccupation partagée par Beatrice Rindevall, présidente de la Société suédoise pour la conservation de la nature :

« Il s’agit d’une voie vraiment dangereuse à suivre (…) Elle pourrait perturber profondément le système climatique, modifier les cycles hydrologiques et intensifier les phénomènes météorologiques extrêmes et l’instabilité climatique. » . « 

Plusieurs experts s’inquiètent également des conséquences pour la santé humaine d’un rejet intentionnel de dioxyde de soufre, un polluant qui peut irriter la peau, les yeux, le nez et la gorge et causer des problèmes respiratoires.

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Shuchi Talati, fondateur de l’Alliance à but non lucratif pour une délibération juste sur la géo-ingénierie solaire, qualifie le projet de «épée à double tranchant » : « Cela pourrait être un moyen de limiter la souffrance humaine (…) En même temps, je pense que cela peut aussi exacerber la souffrance si cela est mal utilisé.« 

Les critiques du projet – et de la géo-ingénierie en général – craignent également que la technologie ralentisse les efforts visant à réduire la principale cause du réchauffement climatique : l’utilisation des combustibles fossiles.Le problème fondamental est que nous pensons être si intelligents que nous n’avons pas besoin de prêter attention aux limites de la nature. » explique David Suzuki. « Mais nous n’avons pas abordé la cause profonde du problème, c’est-à-dire nous-mêmes. » . « 

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A ce sujet, Frank Keutsch, ancien collaborateur de David Keith, précise : «Je compare la géo-ingénierie solaire stratosphérique aux opiacés (…) Ils ne traitent que le symptôme et non la cause réelle. On peut devenir accro si on ne s’attaque pas réellement à la cause. De plus, comme pour tout analgésique, on va avoir des effets secondaires. Et puis il y a les symptômes de sevrage, et c’est le choc de la fin de vie.« 

Car si, grâce à la recherche, la géo-ingénierie solaire pouvait refroidir la planète, un arrêt brutal des efforts internationaux pour ralentir le réchauffement climatique pourrait également conduire à une hausse soudaine des températures, souligne le New York Times.Dans un monde non préparé, la planète pourrait connaître une augmentation de température potentiellement massive d’ici cinq à dix ans, frappant le climat de la Terre avec quelque chose qu’elle n’a probablement pas vu depuis l’impact qui a anéanti les dinosaures. » explique Raymond Pierrehumbert, physicien de l’atmosphère à l’université d’Oxford. Selon lui, « Faire des recherches sur ce sujet est non seulement un gaspillage d’argent, mais aussi un réel danger.« Le chercheur regrette également que les fonds colossaux actuellement alloués à la géo-ingénierie solaire ne soient pas plutôt utilisés pour réduire l’utilisation des énergies fossiles », précise le New York Times.

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Malgré cette forte opposition, David Keith semble optimiste quant à son projet : «Même si de nombreuses voix s’y opposent encore, de nombreuses personnes occupant des postes politiques importants prennent cette question au sérieux, et c’est vraiment enthousiasmant.« C’est le cas de Bill Gates, un investisseur majeur dans les technologies climatiques : »Je ne sais pas si ce genre de chose sera un jour utilisé (…) Je pense qu’il est logique de faire quelques recherches et de comprendre cela.« 

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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