Il s’agit de tumeurs féminines méconnues, d’autant plus cruelles qu’elles surviennent lors de l’attente d’un « heureux événement ». Chez près d’une femme enceinte sur mille en Occident (et près d’une sur cent en Asie), une masse tumorale se développe à partir du placenta, cet organe essentiel qui assure les échanges entre le sang de la mère et celui de l’embryon.
Dans ces grossesses pathologiques, des lésions précancéreuses, appelées « môles hydatiformes », se développent à partir d’une couche de cellules, le trophoblaste, qui entoure normalement l’embryon et forme de nombreuses villosités qui ancrent le placenta dans l’utérus.
Ces môles résultent d’une anomalie de fécondation, toujours liée à un excès de matériel chromosomique d’origine paternelle, conduisant soit à une absence d’embryon, soit à un embryon non viable. Ainsi, lorsqu’un ou deux spermatozoïdes fécondent un ovule dépourvu de noyau, aucun embryon ne se forme mais une môle prolifère. Et lorsque deux spermatozoïdes (ou un spermatozoïde anormal) fécondent un ovule normal, un embryon commence à se développer, sans pouvoir survivre longtemps.
Fausse couche spontanée
Même en l’absence d’embryon, le test de grossesse est positif car le placenta produit de grandes quantités de « l’hormone de grossesse », ou gonadotrophine chorionique humaine (hCG). Le plus souvent, ces grains de beauté sont détectés lors de l’échographie du premier ou du deuxième mois. « Une évacuation utérine par aspiration doit alors être réalisée. (curetage) »explique le professeur Pierre-Adrien Bolze, chirurgien gynécologue à l’hôpital Lyon-Sud (Hospices civils de Lyon), qui abrite le Centre national de référence des maladies trophoblastiques.
Parfois ces naevus provoquent une fausse couche spontanée, mais souvent sans expulser la totalité de la masse tumorale. La femme présente alors des saignements persistants qui la poussent à consulter. Après échographie et aspiration, le diagnostic est confirmé par l’analyse histologique des tissus évacués.
Près de neuf fois sur dix, il n’y a pas de récidive. Il faut cependant s’en assurer en mesurant le taux d’hCG pendant six mois ; s’il ne monte pas, c’est qu’aucune tumeur ne s’est redéveloppée. Dans 10 à 15 % des cas, la môle se transforme cependant en « tumeur trophoblastique gestationnelle », à partir de cellules précancéreuses persistant dans l’utérus. Cela concerne environ 130 femmes par an en France, sur les 950 à 1 000 femmes qui développent une môle hydatiforme chaque année.
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