Les lustres en forme de cercle, qui lévitent entre le parquet et le plafond de la salle d’audience, rappellent les auréoles dorées tracées au-dessus des têtes des saints dans les églises. Sous ce jour innocent, à la barre ce lundi 14 octobre, Antoine M., 72 ans, n’a rien fait, ou très peu. Sa femme Colette ? Pas plus. Le couple de retraités est le premier à s’expliquer dans le procès du scandale des enfants placés par l’aide sociale à l’enfance, qui se tient jusqu’à vendredi au tribunal correctionnel de Châteauroux (Indre). Sur le banc des accusés, bien d’autres looks tapissés de cernes attendent leur tour.
Dix-huit personnes (un dix-neuvième prévenu est décédé six mois avant le procès) sont soupçonnées d’avoir accueilli illégalement, sans déclaration, et parfois dans des conditions indignes, des adolescents qui leur avaient été adressés par la protection départementale de l’enfance du Nord, entre 2009 et 2017. Ces séjours, lucratifs pour les animateurs, ont été ponctués de violences physiques et psychologiques selon les parties civiles.