Procès de soumission chimique : une suspension, mais jusqu’à quand ?
C’était un défi logistique, c’est désormais un casse-tête. Avec ses 51 accusés, le procès dit des « viols de Mazan », du nom de cette petite ville du Vaucluse où Dominique Pelicot invitait des inconnus à venir abuser de sa femme jusque-là droguée, pourrait devoir être reporté. Son sort dépend en tout état de cause de l’état de santé du principal accusé, malade et qui n’a pas comparu devant le tribunal depuis lundi.
Dominique Pelicot, âgé de près de 72 ans, est apparu affaibli devant le tribunal correctionnel du Vaucluse, visiblement en souffrance. Il a été excusé de l’audience, et est réapparu mercredi matin, dans un état encore plus aggravé. « Physiquement, il est là, mais il n’est pas en état de participer aux débats », a déploré son avocate Béatrice Zavarro, évoquant des douleurs rénales – potentiellement liées à des coliques néphrétiques -, des malaises et des vomissements.
La veille, un médecin qui l’avait examiné en prison lui avait assuré qu’il n’y avait « aucune contre-indication » à sa présence à l’audience… sans lui donner le moindre comprimé. Il a donc fallu cinq jours pour que Dominique Pelicot, qui avait porté plainte vendredi auprès de l’administration pénitentiaire, soit conduit à l’hôpital et expertisé. « L’état de santé de M. Pelicot s’est dégradé », a regretté mercredi après-midi le président du tribunal, Roger Arata.
Personne ne veut témoigner en son absence.
Toute la semaine, les débats se sont poursuivis en son absence, alors même qu’étaient évoqués sa vie, sa personnalité et les expertises psychologiques et psychiatriques le concernant. Puis celles de certains co-accusés, les témoignages de leurs proches… Mais jeudi après-midi, le président Arata a dû se rendre à l’évidence : sans Dominique Pelicot, le procès est désormais dans l’impasse.
Impossible notamment d’interroger Jean-Pierre M., avec qui il aurait violé sa femme, puisque les deux hommes s’accusent mutuellement d’en avoir eu l’idée. Ni la partie civile ni Dominique Pelicot lui-même ne souhaitent que ses fils, son frère et son gendre témoignent en son absence. Les avocats de la défense, dont certains clients pensent qu’elle faisait semblant de dormir, n’interrogent pas non plus Gisèle Pelicot s’il n’est pas présent.
Le procès a donc été suspendu jeudi après-midi, et reprendra lundi « au mieux », a annoncé Roger Arata. « Et s’il n’est pas disponible ? », s’est interrogé Me Zavarro. « C’est une catastrophe ! », a répondu le président du tribunal, provoquant quelques rires – nerveux – parmi les avocats de la défense. Compte tenu du retard accumulé, le calendrier a déjà été remanié pour tenir compte des emplois du temps de chaque partie, mais chaque report compromet un peu plus le bon déroulement du procès, prévu pour durer jusqu’à Noël.
« S’il est définitivement indisponible, l’affaire sera reportée. »
Lundi matin, le président indiquera si Dominique Pelicot peut comparaître et être interrogé. Depuis le début de son procès, il y a dix jours, il n’a ouvert la bouche que pour donner son nom et répondre « oui » à la question de savoir s’il a reconnu les faits.
« S’il n’est pas là un, deux ou trois jours, nous prolongerons la suspension. Mais s’il est définitivement indisponible, l’affaire sera reportée », a prévenu Roger Arata, agitant le spectre d’un report de l’affaire… et d’un nouveau casse-tête pour trouver des dates disponibles et une salle.