Nouvelles sportives

Pro D2 – Suspense, larmes et délivrances… récit d’une soirée hors du temps

Cartons, croisements au classement, scénarios fous jusque dans les arrêts de jeu… La trentième et dernière journée de Pro D2 fut sans doute la plus belle et la plus excitante de la saison. Revivez les hot spots de cette folle soirée !

Une chose est sûre, quel que soit le niveau, quels que soient les équipes, quels que soient les enjeux, le rugby est un sport d’émotions. Tout cela est d’autant plus vrai pour ceux qui ont vécu ce qu’il fallait vivre ce vendredi soir : la dernière journée de Pro D2. Le système était clair, avec tous les matchs se déroulant simultanément et les enjeux à (presque) tous les niveaux. Devant un public fou, la soirée a ensuite dévié vers le lunaire, l’indescriptible. Les larmes et les cris de la majorité des acteurs sur les pelouses de France traduisaient à quel point cette soirée irréelle était pleine de suspense et d’émotion. Avant les matchs, il y avait d’abord la forte pression d’honorer les partants. Comme chaque année, le dernier jour est l’occasion de remercier ceux qui ont tant donné pour les leurs. Dubois à Colomiers, Erbani et Lamoulie à Agen, Gopperth en Provence Rugby… Sans tous les citer, ces joueurs ont participé à ajouter un lourd nuage d’émotions sur les pelouses de l’antichambre de l’élite.

Jimmy Gopperth a reçu un cadre avec son maillot
Jimmy Gopperth a reçu un cadre avec son maillot
Icon Sport – Johnny Fidelin

La course vers la phase finale déroutante

Ensuite, il y a eu la pression des résultats. Au sommet d’abord, la course à la phase finale a été confuse. L’ordre des deux premiers restait à déterminer ; les deux barrages à domicile étaient à gagner pour l’ASBH, le FCG et l’USD ; la sixième place s’est jouée à distance entre Brive, Mont-de-Marsan et Nevers. La rencontre a mal commencé pour les Biterrois, malmenés à Chanzy. Il faut dire qu’en dessous du quota de 16 JIFF sur chaque feuille de match en moyenne, une équipe retravaillée et rajeunie a été envoyée en Charente. Dans le même temps, Grenoble inscrivait un, deux puis trois essais sur un terrain d’Aix-en-Provence qui n’avait pas été touché cette saison. Côté Nièvre, Dax tient tête à Nevers. Une mauvaise opération pour les joueurs de Xavier Péméja : Mont-de-Marsan inscrit quatre essais en vingt minutes de jeu. Dans cette course à la sixième place, Brive est en difficulté sur sa pelouse, contrée par les très accrocheurs Biarrots.

Lire aussi :
Pro D2 – Scénarios fous, cartons en pagaille… Ce qu’il faut retenir de la 30e et dernière journée

Pierre Caillet et les Biterrois commencent sérieusement à trembler pour leur place dans le top quatre. Assez vite, comme s’ils sentaient qu’ils ne pouvaient pas être maîtres de leur destin lors de cette soirée, ils sortent leur smartphone pour savoir ce qui se passe dans les Bouches-du-Rhône et la Nièvre. Un homme rassure les Héraultais : Erwan Dridi. Averti dès la 13e minute pour une obstruction, il repart vingt minutes plus tard, en retard pour un duel aérien. Le FCG finira à quatorze ! Pourtant, les Isérois mènent 20-15 à la pause. Mais ils vont craquer dans le deuxième acte, en s’inclinant largement, 44-20. Béziers est et restera hors jeu en s’inclinant 30-16. Tous les regards sont alors tournés vers cette rencontre entre Nevers et Dax. 52e minute : les locaux, poussés par l' »Uson » lancé depuis les travées de Pré-Fleuri, poussent les Dacquois à la faute sur un ballon porté. Jean-Baptiste Singer est invité à passer dix minutes sur le banc.

Hélas, avec un en moins les vaillants Landais récupèrent le ballon et filent au contre, prêts à forcer leur destin en se dirigeant vers une barrière inattendue dans la ville thermale. Mais Jope Nasera est en retard dans son duel aérien. Carte jaune. Au même moment, Jean-Baptiste Barrère se chamaille et donne un coup de coude à la tête de Yohan Le Bourhis. Tout rouge ! Dax joue à 12 pendant sept minutes ! Dans la foulée, Nevers marque logiquement un essai. Encore une réalisation et les Nivernais disposent du bonus offensif, critère obligatoire pour passer le CAB. D’autant qu’un vent de panique souffle en Corrèze. Dans le même temps, Biarritz revient à trois points (13-10) et passe même devant ! En trois minutes le match bascule en faveur des Basques, les Corréziens sont alors huitièmes ! Mais l’essai de Steeve Barry est annulé après arbitrage vidéo (58e). Le premier tournant de la rencontre, et peut-être de la saison.

Moins de dix minutes plus tard, Léo Carbonneau profitait d’un ballon offert par les Biarrots pour prendre dix points d’avance. Au 70e, Taniela Sadrugu rapproche d’une unité son équipe d’un bonus offensif qui pourrait assurer la sixième place à Coujoux. D’autant que Nevers est à la peine face à quatorze adversaires. Mais Jean-Baptiste Singer commet encore une erreur sur un ballon porté et écope d’un nouvel avertissement, et donc d’un carton rouge. Dax finira à treize ans ! Nevers, avec cet essai de penalty, prend le bonus offensif. Les supporters des Jaunes et Bleus exultent dans les tribunes. Au Stade de Brive, les supporters s’expriment plus que jamais. Mais leur salut viendra d’un Dacquois, Brice Ferrer. Deux de moins, Dax revient à cinq points et continue de rêver de la troisième place ! Etonnement au Pré-Fleuri. C’est le numéro 78e à Nevers, le 73e à Brive. Les deux équipes évoluant à domicile ont le même objectif : ce dernier tenter de prendre le point de bonus offensif et s’offrir une belle aventure lors de la phase finale.

Ambadiang touché

Nevers pousse, pousse, jusqu’au 88e minute de jeu. Dax récupère le ballon dans un ruck… avant de le perdre. Luka Plataret marque mais l’arbitre semble avoir sifflé. Fausse joie. Mais après un appel à vidéo, cette réalisation est accordée. Le stade jubile, les joueurs courent dans tous les sens, se félicitent. Le sixième ticket pour la phase finale est pour eux ! Sauf que, dans le même temps, Brive vient de marquer sur un ballon porté et conserve sa sixième place. Yohan Le Bourhis n’a même pas eu le temps de transformer le dernier essai de son équipe alors que la tentative du CABCL faisait le tour du stade. C’est dans une ambiance pesante que le tireur passe ses deux derniers points de la saison. La joie a duré une dizaine de secondes, un rebondissement tragique que seule une dernière journée de multiplex peut offrir.

Après cette dernière sortie au Pré-Fleuri avant de rejoindre Castres, la douleur est telle pour le très sportif Christian Ambadiang qu’il lui est impossible de répondre aux questions. Le colosse est incapable de sortir un seul mot de sa bouche. Il est assis sur la pelouse, inconsolable, en train de pleurer. Il y a aussi beaucoup de larmes à Brive après ce scénario hitchcockien. « Trop de choses me passent par la têtelâche, ému, au micro de Canal+, l’emblématique Saïd Hirèche qui a fait ses adieux au Stade de Brive. On est allé le chercher parce que les résultats n’étaient peut-être pas favorables… On a essayé de suivre (les autres matchs, NDLR) mais la connexion était merdique, les gars ont dû payer leur facture parce que ça n’arrivait pas ! Nous avons été nuls, nous avons vécu toutes les émotions et le stade est plein… Maintenant, nous sommes en barrages. »

Bon joueur, Pierre-Henry Broncan a une pensée pour son ancien entraîneur : « J’ai une pensée pour Xavier (Péméja). Il a été mon entraîneur à Montauban, c’est mon ami… Et après moi, par rapport à ma petite Alix (son fils, qui a un lymphome (NDLR)… Je dédie cette victoire à lui. » Le manager préfère alors s’effacer pour fondre en larmes. Une saison de Pro D2, c’est 30 jours de compétition, 2 400 minutes de jeu, des déplacements aux quatre coins de la France et onze mois de travail réduit à néant (ou pas) pour un si petit point…

Mais un petit point, c’est déjà beaucoup. La preuve est donc écrite en haut, mais c’est aussi la réalité en bas. Nous entendons ici le bas du classement, la course au maintien. Cela concernait trois équipes : Rouen, Montauban et Biarritz. Durant la soirée, les trois équipes ont vécu chacune leur moment d’espoir et leur période dans le rouge. Remarquables sur le terrain d’Aurillac, les Montalbanais ont été les premiers à croire à la rédemption. Alors que les Biarrots tentaient de résister aux Brivistes en mission, les supporters Verts et Noirs voyaient d’un bon oeil le début de match de Mont-de-Marsan face à Rouen. Au stade Guy-et-André Boniface, les hommes de Sébastien Tillous-Borde ont d’abord pris le dessus, avec quatre essais encaissés en seulement vingt minutes. Tout le monde dit alors que Rouen est déjà en National. Tout le monde… Sauf les Normands.

Mais un petit point, c’est déjà beaucoup. La preuve est donc écrite en haut, mais c’est aussi la réalité en bas. Nous entendons ici le bas du classement, la course au maintien. Cela concernait trois équipes : Rouen, Montauban et Biarritz. Durant la soirée, les trois équipes ont vécu chacune leur moment d’espoir et leur période dans le rouge. Remarquables sur le terrain d’Aurillac, les Montalbanais ont été les premiers à croire à la rédemption. Alors que les Biarrots tentaient de résister aux Brivistes en mission, les supporters Verts et Noirs voyaient d’un bon oeil le début de match de Mont-de-Marsan face à Rouen. Au stade Guy-et-André Boniface, les hommes de Sébastien Tillous-Borde ont d’abord pris le dessus, avec quatre essais encaissés en seulement vingt minutes. Tout le monde dit alors que Rouen est déjà en National. Tout le monde… Sauf les Normands.

Tear-off pour Pourteau

Incroyable en caractère, à l’image d’une saison où ils y ont cru jusqu’au bout alors qu’ils étaient derniers depuis le 18 octobre, les Rouennais sont revenus dans le match pour tenter de créer la surprise. Même à 14 ans après le carton rouge de Willy N’Diaye, c’est avec l’adrénaline du moribond que les coéquipiers de JT Jackson sont revenus pour égaliser (31-31), à quelques minutes du terme. Deux points du nul qui ont suffi un instant à leur bonheur, puisque Montauban n’a pas réussi à contenir les attaques aurillacoises dans le Cantal. Hormis le bonus défensif à trois minutes de la fin après l’essai de Coertzen, les hommes de PP Lafont ont immédiatement réagi avec Lewis Bean. La transformation de Jérôme Bosviel était totalement absurde puisque, même si elle était importante, elle s’effectuait sans la moindre seconde de concentration de la part de l’ouvreur.

Le désarroi de Franck Pourteau en fin de match
Le désarroi de Franck Pourteau en fin de match
Icône Sport – Icône Sport

Avec son bonus défensif, Montauban était alors barragiste provisoire. Mais ignorant un PP Lafond qui hurlait de lancer le ballon hors des limites, les garçons de Sapiac ont continué à jouer dans leurs 22 mètres pour arracher la victoire. Une phrase finalement perdue. Perdants, ils ont permis à Biarritz de rester à la limite et ont offert à Rouen l’opportunité de faire barrage. Car si à Aurillac, les dés étaient jetés, les Montalbanais et même les Cantalous se sont jetés au téléphone pour voir la fin du match côté Mont-de-Marsan. Et alors qu’en cas de victoire, Rouen dépassait Montauban, Noa Kanika et son équipe voyaient M. Boulay siffler un penalty en faveur des Normands dans le camp landais. La colère du Montalbanais Malino Vanaï en voyant l’arbitre siffler le penalty reflétait la tension palpable.

Après d’interminables secondes, Franck Pourteau se lance… Et rate le cadre ! Bien qu’il soit un buteur de renom, l’ancien ouvreur de l’USM n’a pas réussi à être le héros de la soirée. Abasourdi, Rouen concède juste après un essai aux 100 mètres qui sonne le glas des espoirs de maintien. C’est avec les larmes de Campeggia que la soirée s’est terminée. Il y a eu beaucoup de larmes lors de cette soirée mythique…

Jeoffro René

I photograph general events and conferences and publish and report on these events at the European level.
Bouton retour en haut de la page