Pro D2 – Stade Aurillacois, ce petit Poucet à la longévité incroyable
Comme à chaque début de saison ou presque, le Stade Aurillacois est évoqué parmi les équipes promises à la relégation en Ligue Nationale. Pourtant, malgré l’un des plus petits budgets de la division et des infrastructures limitées, le club cantalien entame sa 18e saison consécutive dans l’antichambre. Un exploit qui se poursuit chaque année, mais jusqu’à quand ?
Demandez aux fans de Pro D2 ce que leur inspire Aurillacils vous répondront sûrement au froid, à l’hiver, à un déménagement difficile et à une grande conquête. Pas faux, au fond. Mais Le Stade Aurillacois est avant tout un club qui prépare sa 18e saison consécutive en deuxième division. Une longévité qui se prolonge plus ou moins difficilement chaque saison. Depuis son titre de champion de France de Fédérale 1 en 2007, Aurillac n’a plus quitté la deuxième division. En 2016, les Cantalous avaient même réalisé une saison fantastique, ponctuée par une finale de montée à Toulouse, perdue contre Bayonne (16-21). Un club comme Aurillac, avec un budget d’environ 5 millions d’euros chaque saison, n’aurait sans doute pas pu rivaliser dans l’élite. Qu’importe, les troupes emmenées par le demi d’ouverture Maxime Petitjean avaient créé une dynamique derrière cette équipe. Huit ans plus tard, le Stade Aurillacois est rentré dans le rang et avance tranquillement vers cette nouvelle saison.
Des ressources limitées, des conditions de travail fragiles
Les entraîneurs de Pro D2, dans notre sondage annuel, estiment qu’Aurillac disputera le barrage Pro D2-Nationale au printemps (quatre voix, club le plus cité). Les hommes de Roméo Gontineac, en poste depuis janvier 2020, se battent chaque saison pour rester dans le giron professionnel. À Aurillac, 25 000 habitants, le Stade est une institution. Il est essentiel pour l’image de la ville, son attractivité, et même pour le sport cantalien. C’est le seul club professionnel du département, après la chute du club de handball, qui avait connu la première division entre 2008 et 2010. Pendant quelques années, les rugbymen ont utilisé la salle de musculation vétuste, presque archaïque, du club de handball après sa liquidation. Le club n’a pas le luxe d’avoir un centre d’entraînement. Le bricolage et l’adaptation sont indispensables. Les déplacements en bus sont parfois difficiles à supporter pour les organismes, mais les Cantalous n’ont pas vraiment le choix. Ils ont, avec Dax, le plus petit budget du championnat. Officiellement, l’objectif affiché par les dirigeants est le top 6. Mais dans les faits, le maintien est sur toutes les lèvres. Avec un budget limité, les ambitions sont logiquement limitées.
Pour son dernier match amical avant de retrouver la Pro D2 vendredi prochain, le Stade Aurillacois s’est rassuré en battant Montpellier 31-24, qui vient de débuter sa préparation.https://t.co/5LeAycbJUY
— RUGBYRAMA (@RugbyramaFR) 23 août 2024
La formation maintient le club en Pro D2
Les dirigeants aurillacois réussissent surtout à tirer le meilleur parti de leur centre de formation, réputé pour être l’un des meilleurs de France. La vitrine que représente l’équipe Espoirs a fait briller le club avec le titre de champion de France 2023, remporté face à Toulouse. Chez les jeunes aussi, les différentes catégories ont réussi à se maintenir dans l’élite pour la plupart. Même si les meilleurs jeunes sont souvent recrutés par l’ASM, certains reviennent plus tard. Les relations entre les dirigeants aurillacois et clermontois sont très bonnes, et les échanges de joueurs dans les deux sens sont nombreux. Cet été, Aurillac a récupéré le troisième ligne Lucas Oudard, qui manquait de temps de jeu à Clermont. Récemment, Henzo Kiteau et Benjamin Boudou sont venus prendre de l’expérience dans le Cantal. Le Stade aurillacois a également développé son fameux réseau géorgien, qui a largement contribué à son succès dans les années 2010. Ils seront six dans l’effectif professionnel pour cette saison. Catégorisé comme un club tremplin vers le Top 14 (Briatte, Tsutskiridze, Seconds, Ojovan, Niko), Aurillac a réussi à conserver une certaine stabilité malgré un effectif dépouillé de ses joueurs les plus prometteurs chaque été. Le travail colossal de Thierry Peuchlestrade, entraîneur de 2003 à 2020, poursuivi par le Roumain Roméo Gontineac, qui a évolué au club entre 1998 et 2010, explique cette longévité en Pro D2.
Vers la fin de la belle histoire ?
Promis chaque année à la relégation, Aurillac se bat avec ses moyens. Parfois, le maintien s’acquiert de justesse comme en 2019, grâce à un point de bonus arraché à Nevers lors de la dernière journée. Mais sur les trois dernières saisons, le Stade Aurillacois connaît une fin de saison en pente douce. 10e en 2022 et 2023, Aurillac a terminé la dernière saison à la neuvième place, son meilleur classement depuis 2017 (8e). Bien sûr, les Cantalous doivent leur place en Pro D2 à leur solidité à domicile. Gagner à Jean-Alric est un moment rare et souvent un acte fondateur dans la saison d’une équipe de Pro D2. Entre 2015 et 2017, Aurillac avait enchaîné 35 victoires consécutives à domicile, établissant un nouveau record dans l’histoire de la Pro D2. Aurillac doit conserver sa solidité à domicile car à l’extérieur, c’est beaucoup plus compliqué, avec une seule victoire (Valence-Romans) et un nul (Provence Rugby) lors du dernier exercice. Cette saison, il faudra reconstruire sans de nombreux joueurs clés (Plantier, Dodson, Maituku, Aucagne, Palmier, Powell, Neisen). Autant de départs majeurs, cela n’était pas arrivé depuis longtemps. Un éternel recommencement pour le Stade aurillacois, rompu à l’exercice.