Formé à Béziers, capitaine de Brive depuis huit ans, Thomas Acquier sera au stade Raoul-Barrière pour assister à ce barrage de Pro D2 ce vendredi (21 heures). Le talonneur bayonnais a déjà disputé les phases finales avec les deux clubs, il est donc le parfait témoin de cette rencontre.
Avez-vous suivi assidûment les matchs de Béziers et de Brive cette saison ?
Oui bien sûr, je regarde beaucoup la Pro D2. Béziers est mon club préféré. Brive, j’y ai joué huit ans, j’y ai encore beaucoup d’amis. La saison a été très différente pour les deux clubs…
Après plusieurs années dans le ventre mou, l’ASBH se hisse à la troisième place de la phase régulière de Pro D2. Êtes-vous surpris?
Béziers, personne n’a vu le club à ce niveau cette année. C’est le résultat d’une certaine continuité dans le staff et dans la composition de l’équipe avec les autres saisons. En outre il y a les Portugais qui ont vraiment apporté quelque chose au match. Mais cette année récompense surtout une certaine régularité sur les deux ou trois dernières années.
Qu’est-ce qui vous a impressionné chez ces Biterrois cette saison ?
C’est une équipe qui a beaucoup essayé et qui a réussi, qui a joué dur. De plus, il y a encore beaucoup de jeunes Français et Biterrois dans cette équipe, ce qui donne envie de les suivre. Cela récompense le travail effectué de longue date au centre de formation dont je suis issu. Ces Biterrois ont pris plaisir à produire du gibier. De plus, c’est l’une des équipes qui a le plus produit dans la division !
Malgré cette qualification de dernière seconde, la saison des Brivistes est-elle négative alors qu’on aurait pu les attendre plus haut dans le classement ?
Il faudra faire le calcul à la fin ! S’ils montent, ils auront réalisé une saison réussie. Mais s’ils perdent à Béziers, la saison sera un échec. Quand on descend, avec un gros renouvellement de l’effectif et un changement de staff en pleine saison, ce n’est jamais simple. Mais ils ont finalement réussi à se qualifier. Ils auraient préféré que ce soit plus linéaire tout au long de la saison mais ils sont tout aussi pressés que les autres de progresser !
On parlait du jeu de mouvements des Biterrois. Les Brivistes devront-ils compter sur leur puissance pour contrer les Biterrois, ce qu’ils n’ont pas réussi à faire lors de leur dernier déplacement dans l’Hérault, en février dernier (34-15) ?
Oui ! En tout cas lors de leurs dernières sorties, on a vu qu’ils avaient fait un pas en avant. Ils ont fait preuve de beaucoup d’agressivité à Vannes où ils ont fait forte impression. Brive aura envie de marquer son adversaire devant et je pense qu’ils ont les arguments pour cela, avec un gros pack et des remplaçants solides. Ils voudront empêcher Béziers de mettre en œuvre son jeu de mouvement.
Vous avez joué pour Béziers en 2011, lors de leur dernier match de finale à domicile. Quels souvenirs gardez-vous de cette campagne victorieuse en Fédérale 1 ?
J’étais jeune mais c’est l’un des meilleurs souvenirs de ma carrière ! Le public de Béziers est un public exceptionnel, avec une grande culture du rugby, qui connaît un grand succès et qui ne demande qu’à se relancer ! Aujourd’hui, ils ont l’opportunité, donc il faut qu’ils en profitent et les joueurs aussi, parce que c’est rare. Ils ont vécu de belles choses les semaines précédentes mais ce sera particulier pour ce barrage avec, je l’espère, un stade Raoul-Barrière plein !
Dans cette équipe de l’ASBH, plusieurs joueurs comme Clément Ancely, Gabin Lorre et Hans Nkinsi ont grandi à Béziers, ont été formés au club et disputeront un match de phase finale au stade Raoul-Barrière. Vous avez également vécu cela. Qu’est-ce que cela représente ?
C’est une immense fierté ! Quand on vient d’un club comme Béziers, qu’on y joue depuis tout petit, les couleurs rouge et bleu comptent. Nous avons été éduqués à cela, dans l’histoire du grand Béziers. Porter haut les armoiries de l’ASBH et en sentir la fierté du public est quelque chose de très important. Ces dix dernières années, Béziers a souvent mangé son pain noir donc il va falloir en profiter. Les joueurs d’ici seront très fiers de porter ce maillot en phase finale à domicile et feront tout pour jouer une demi-finale à Vannes.
Béziers et Brive sont deux terrains de rugby. Sentons-nous la pression monter dans la ville toute la semaine ?
Les deux villes sont quelque peu similaires. Ce ne sont pas de très grandes villes, tout le monde connaît les joueurs. Lorsqu’ils faisaient leurs courses ou achetaient du pain, il fallait bien qu’on le leur demande. Mieux vaut être challengé dans ces moments où il y a une certaine attente que dans les moments difficiles… Là, les joueurs seront heureux d’être reconnus !
Brive, dans son effectif, compte de nombreux joueurs expérimentés, à l’image de Ross Moriarty. Cela pourrait-il bénéficier au CAB ou, dans ce type de réunion, cela dépendra-t-il d’autres facteurs ?
Je pense que Béziers a la confiance de son côté. Ils ont réussi à gagner des matchs dans les dernières secondes et ils auront évidemment l’avantage du terrain. Mais Brive, sans offenser Béziers, a de plus gros joueurs à son CV et ils sauront mettre la barre haute dans ce type de rencontre. Pour moi, ce sera du 50/50 !
Avez-vous interagi avec des joueurs du CAB au cours de la semaine ?
Oui, j’avais quelques joueurs. Ils ont un peu l’impression d’avoir surchauffé, mais désormais ils n’ont plus rien à perdre. Peu de monde les y attendait. Beaucoup les ont vu perdus après la défaite à Angoulême, moi en premier. Au final, ils ont encore une chance de progresser et ils joueront leur chance avec courage avec l’envie de montrer leur vrai niveau. En conquête et en mêlée, ils sont très forts et, dans un match de phase finale, il sera indispensable de s’appuyer sur cela.
Il ne fallait pas trop les tromper car, au final, pour vous, celui qui gagnera, vous serez gagnant…
Oui, j’aurais dû avoir du mal à faire un choix. J’ai beaucoup d’affection pour les deux. Comme je l’ai dit à Guillaume Galletier : « Produisez un bon match, allez en prolongation. » Je veux voir un grand match, dans un stade plein et dans une bonne ambiance.
Dans vos huit années à Brive, la phase finale de Pro D2 en 2019 avec la montée après une victoire au barrage d’accession a dû être un des meilleurs moments…
C’était un grand moment, surtout le match de promotion. C’est le deuxième meilleur moment de ma carrière après la phase finale de Fédérale 1 avec l’ASBH. Nous avions vécu une grande communion avec le public. Cela a permis d’effacer la déception d’une cruelle défaite en finale contre Bayonne et aussi de se relever immédiatement après le déclin de l’année précédente. Je pense que Saïd Hirèche doit s’en souvenir et en parler dans le vestiaire. D’ailleurs on a gagné avec un certain Sam Marques en mêlée…
Avez-vous un pronostic pour cette rencontre qui s’annonce serrée ?
Comme je ne peux pas choisir et que ce sera très serré, en effet, je dirai nul, prolongation et pourquoi pas penalty ! Les deux équipes sont sur des dynamiques intéressantes, Béziers a pu reposer quelques joueurs à Angoulême la semaine d’avant quand Brive fait le plein de confiance avec sa qualification à la dernière seconde.