Touché mais pas coulé. L’avenir de l’Olympique de Biarritz, dont la série de reprise s’apparente à un sauvetage d’un monument en danger, s’est décidé ce mercredi matin à Paris lors du passage devant l’Autorité de régulation du rugby (A2R). C’est devant le gendarme financier que se sont déroulées les ultimes négociations, en présence du maire de Biarritz et avec Pierre-Edouard Stérin au téléphone pour démêler les dessous d’un trust qui n’a cessé de faire parler de lui…
« Les choses évoluent dans le bon sens.» C’est le seul commentaire autorisé, partagé en fin de séance par un membre de l’A2R qui souhaite garder l’anonymat. Traduction : Biarritz n’est pas encore sauvé mais il n’est certainement pas relégué comme le laissaient entendre les rumeurs. au manque d’actualité autour d’un dossier qui semblait s’enliser faute d’argent rentré dans les caisses de la BO.
Alors qu’est-ce qui a changé ? Pourquoi et comment le gendarme financier n’a-t-il pas décidé comme prévu, accordant un nouveau délai – certains diraient un farceur supplémentaire – aux représentants du club basque ?
La confiance modifiée en profondeur
Selon nos informations, les choses se sont déroulées en deux temps. Alors que le club avait jusqu’à hier soir pour produire tous les éléments, tout s’est précipité en fin de journée, après le Midi Olympique. a révélé les contours du fameux contrat de fiducie immobilière censé sauver le club. Ledit contrat ne répondait alors toujours pas aux attentes formulées par A2R une semaine plus tôt, qui attendait le versement d’argent pour assurer l’avenir immédiat du club.
Résultats, de nouvelles annexes ont été transmises à la commission de recours dans la nuit, jusqu’à 2h40. Et d’autres éléments ont été présentés ce matin même lors de l’audience, par les repreneurs du BO et Maider Arosteguy (maire de Biarritz) qui accompagnaient la délégation de des managers composés de Didier Poulmaire (pour la partie trust), Arnaud Dubois, Shaun Hégarty (B.Otiful) et de deux représentants d’Otium Capital (société d’investissement fondée par Pierre-Edouard Stérin). Faute de temps pour les étudier en détail, l’A2R a préféré jouer la sécurité, quitte à s’ouvrir aux critiques en offrant un sursis aux Biarrots. Elle veut s’assurer que les versements ont été et seront effectués correctement, au bénéfice du club et sans retour en arrière possible, une fois que le gendarme financier aura statué sur le sort du club Rouge et Blanc. Même si ce n’est pas son rôle, il lui faudra aussi comprendre si les accords passés entre Otium et la mairie sont « viables ». Parce que sinon…
Les millions de Stérin et après ?
En effet, les négociations financières entre les différents acteurs se sont poursuivies devant l’A2R pendant près de deux heures, avec plusieurs échanges téléphoniques, notamment entre Maider Arosteguy et Pierre-Edouard Stérin pour valider les nouveaux contours de la confiance en contrepartie d’un engagement estimé entre 5 et 6 millions d’euros versés sur le compte du club en échange de biens immobiliers situés autour d’Aguiléra (dont la Villa Rose valorisée 2 millions d’euros). Si le club reste propriété du trio Baget-Hegarty-van der Merwe (B.Otiful) et dirigé par Arnaud Dubois, il a trouvé son financier en la personne de Pierre-Edouard Stérin qui réalisera ainsi une opération immobilière à laquelle la mairie de Biarritz semblait s’y opposer. Résultat, selon les promesses du jour, un million devrait être rapidement débloqué pour terminer la saison et répondre aux premières attentes de l’A2R.
Cette opération ressemble à un « one-shot » destiné à sauver le club mais qui n’apporte aucune garantie sur la pérennité du modèle. Et c’est là aussi que réside le problème : pour financer son modèle (budget estimé à 9 millions d’euros pour la saison prochaine, qui restera à valider en cas de continuation par l’A2R), la nouvelle direction du BO incarnée par Arnaud Dubois a signé un contrat de gestion avec la société « Horizon 7 » gérée par Pierre Rondinaud (beau-frère de Romain Détré, lui-même bénéficiaire effectif), évidemment sans indemnité.
« Horizon 7 » s’engage à apporter 3 millions d’euros de partenariats dans les caisses du club s’il reste en ProD2. Une somme très importante pour laquelle l’A2R a encore demandé ce mercredi matin à « Horizon 7 » des garanties bancaires… Et la réponse favorable n’est toujours pas venue. Que se passera-t-il si les choses restent en l’état jusqu’à mardi prochain ? Le futur s’écrira-t-il alors sans Horizon 7, Rondinaud et Détré comme évoqué avant l’A2R ? Si tel était le cas, qui le financerait ? Stérine ? Enfin et surtout : ce dossier « gestion » sera-t-il considéré comme bloquant la validation du maintien actuel du BO en ProD2 ou influencera-t-il seulement la validation de son prochain budget et de sa paie ? Mardi prochain, ce sera au gendarme financier de trancher ces questions et de statuer enfin sur l’avenir du Biarritz olympique.