Pro D2 – Ambitions, financements, Andrew Merthens et Bob Skinstad… Ce qu’il faut savoir sur le rachat de Béziers
Le rachat d’ASBH a été officialisé ce jeudi après-midi. Une conférence de presse a été donnée par le maire de Béziers et désormais ancien propriétaire du club Robert Ménard, accompagné de Bob Skinstad et Andrew Merthens, les nouveaux principaux actionnaires. Les contours de cette nouvelle ASBH ont été évoqués.
C’était l’endroit idéal à Béziers. Dans une salle comble du stade Raoul-Barrière, journalistes, salariés du club et partenaires de l’ASBH ont vécu un moment attendu depuis de nombreuses années par le onze club de Brennus. Le rachat du club a été officialisé lors d’une conférence de presse. Au milieu, l’édile et désormais ex-propriétaire du club, Robert Ménard. A sa gauche, Bob Skinstad, champion du monde 2007 avec les Springboks ; à sa droite, Andrew Merthens, 70 sélections sous le maillot des All Blacks et ancien joueur (2010-2011) et entraîneur (2011-2013) du club héraultais. « Il n’est pas autour de cette table mais il est dans cette aventure Eddie Jordan »a tenu à préciser le maire, en rappelant l’identité de ce troisième nouvel actionnaire.
« Vous n’imaginez pas à quel point je suis heureux, c’est le résultat de quatre années de travail »a ensuite repris Robert Ménard pour entrer dans le vif du sujet. Invité à s’exprimer en premier, il a rappelé le sauvetage du club réalisé par la mairie. Après le rachat avorté du club par les tristement célèbres Émiratis, la municipalité a acquis le club. L’ancien journaliste a profité de cette acquisition pour répondre à ses opposants politiques, lui reprochant d’investir trop d’argent public dans le ballon ovale. « Je ne joue pas avec l’argent de la ville, j’y fais attentionil a lâché. C’était un choix audacieux. Si la municipalité n’avait pas racheté le club, vous ne joueriez pas en Pro D2. Talent ou pas sur le terrain, vu la situation dans laquelle se trouvait le club en 2020… On aurait pu jouer contre Fréjus et Cavaillon, même si je n’ai rien contre eux. Cela s’est fait avec des risques pour la ville… Il y a eu ce rapport assez accablant de la Cour des Comptes par exemple. Mais la saison dernière, grâce à l’équipe dirigeante, pour la première fois depuis longtemps, le club a gagné de l’argent. Nous avons promis de revendre le club lorsqu’une bonne situation se présenterait. Notre promesse est tenue. » Pour terminer sur le chapitre de la mairie, l’édile a annoncé que la Ville continuerait à « donnez de l’argent au club. Nous avons trouvé un très bon accord, d’ailleurs l’Autorité de Régulation du Rugby a donné son accord.
La parole a ensuite été donnée aux deux anciens joueurs. « Nous nous excusons pour nos Français hésitants mais nous compenserons avec passion et investissement. » Si Bob Skinstad ne communique qu’en anglais, Andrew Merthens est dur avec lui-même. Le Néo-Zélandais s’exprimait couramment dans la langue de Molière, bon vestige de ses passages à Toulon (2007-2008), au Racing (2008-2010) et donc à l’ASBH. Tout au long de la conférence de presse, il n’a cessé de clamer son amour et son attachement à l’institution rouge et bleue, citant par exemple la mort du « grand Estève » ou le titre de champion de France de Fédérale 1 auquel il a participé en 2011.
Le rêve de deux anciens coéquipiers
Pendant une heure, les trois hommes ont détaillé les contours de cette opération. Ils ont même répondu aux questions posées en visioconférence par des journalistes étrangers, néo-zélandais ou irlandais par exemple. Le fonds d’investissement Strantford Capital détient désormais 75% du club. Mais tous prônaient la stabilité au sein du club, tant sur le plan sportif qu’administratif. Pour la fin de l’exercice, aucune recrue à venir. La direction actuelle restera également en place, à l’image du directeur général Arthur Bachès. D’autant que les nouveaux actionnaires ne seront pas toujours au club. Andrew Merthens sera basé à Paris tandis que Bob Skinstad voyagera entre Londres, l’Afrique du Sud et Béziers notamment. Mais les deux anciens joueurs ont promis un investissement sans faille et une disponibilité de tous les instants. Eddie Jordan suit actuellement un traitement. Mais, selon ses deux partenaires dans cette aventure, il est très enthousiasmé par le projet et fourmille d’idées. « Il sera chauffeur de bus, nous irons à Aurillac dans seulement 30 minutes »plaisantaient les anciens croisés. Plus sérieusement, l’ancien patron de l’écurie de Formule 1 Jordan a été présenté par ses acolytes comme « un grand fan de rugby. Il nous apportera son immense réseau. Nous avons vraiment de la chance de l’avoir impliqué. »
Comment l’ancien patron d’une écurie de Formule 1 a-t-il fini par investir dans l’ASBH à 76 ans ? C’est une longue histoire. Anciens partenaires sous le maillot rouge et bleu et toujours amis, Andrew Merthens et l’ex-demi de mêlée anglais Johnny Howard imaginaient revenir au chevet de Béziers. Consultant lors de la Coupe du Monde, le célèbre demi d’ouverture a retrouvé son ancien adversaire Bob Skinstad, également impliqué dans l’épreuve. Il lui a parlé du projet et celui qui portait le maillot des Durban Sharks a fait le lien avec Eddie Jordan, une connaissance rencontrée en Afrique du Sud.
Le Top 14 d’ici quatre ans maximum
Question financière, comme à ses plus belles heures, Andrew Merthens est intervenu, tout comme le maire de la ville. Le montant du rachat et l’argent investi ne seront pas divulgués. En revanche, ils se voulaient néanmoins rassurants. Le fonds d’investissement est privé et n’a pas pour but de gagner de l’argent ou de réaliser une plus-value sur une éventuelle revente.
Quant aux ambitions sportives, les acheteurs n’ont pas voulu faire de promesses excessives, comme, un temps, celles du regretté Christophe Dominici et des énigmatiques Émiratis. Le Top 14 est visé sur une durée de quatre ans. Plusieurs supporters étaient présents pour accueillir les nouveaux hommes forts de leur club favori. Ils rêvent déjà de voir des stars mondiales rejoindre l’ASBH lors de la prochaine intersaison. Ils devront attendre, la stabilité étant prônée. Mais, malgré quelques contours encore un peu flous, les Béziers sont, plus que jamais, prêts à vibrer derrière cette nouvelle ASBH sous pavillon international.
Plus d’informations à suivre…