Santé

Prix, fonctionnement, indication… Un spécialiste fait le point sur les médicaments contre l’obésité

Wégovy, Mounjaro, Saxenda… Plusieurs médicaments destinés à traiter l’obésité ont défrayé la chronique ces dernières années. Certains soins sont disponibles en France et dans l’Union Européenne.

Le Professeur Emmanuel Disse, chef du service d’endocrinologie-diabète-nutrition à l’hôpital Lyon Sud et coordinateur du Réseau français de recherche clinique Nutrition, obésité et troubles métaboliques, a accepté de répondre à nos questions.

Qui peut prendre des médicaments contre l’obésité ?

Professeur Emmanuel Dissé : « Selon les recommandations de la Haute Autorité de Santé, leur utilisation se fait en seconde intention, lorsque le traitement diététique et l’activité physique ont échoué. L’autorisation de mise sur le marché européenne précise que les patients ayant un indice de masse corporelle (IMC) supérieur à 30 peuvent en bénéficier. Ils doivent être âgés de moins de 65 ans et le médicament doit être prescrit par un médecin spécialiste de l’obésité.

« Ces traitements sont destinés à lutter contre l’obésité : il ne faut pas les détourner, par exemple pour perdre quelques kilos avant d’aller à la plage. Ce serait dangereux. Leur utilisation doit être surveillée et surveillée par un médecin. »

Comment fonctionnent-ils ?

« L’Orlistat, qui est un médicament ancien, réduit la dégradation des graisses dans l’intestin et l’absorption des graisses alimentaires. Ce n’est pas remboursé et la perte de poids est modérée.

« En France, d’autres traitements, Wegovy, Mounjaro et Saxenda, sont disponibles. Ils augmentent le signal biologique de satiété en imitant une hormone, le GLP-1, produite par l’intestin en réponse aux repas. De plus, cette imitation se dégrade moins vite dans l’organisme. Les patients ont donc l’impression d’être en fin de repas toute la journée.

« Une autre molécule, le setmélanotide, permet de traiter l’obésité d’origine génétique. Il permet de restaurer la sensation de satiété chez les personnes qui n’en ont pas. »

Quelle est l’efficacité de ces médicaments ?

« Tout le monde n’a pas le même pouvoir en matière de perte de poids. Il est en moyenne de 9% chez Saxenda, 17% chez Wegovy et 21% chez Mounjaro. En comparaison, la chirurgie entraîne une perte de poids comprise entre 25 et 30 %. Ces stratégies médicamenteuses deviendront donc des acteurs importants du traitement, car la chirurgie peut être agressive.

« D’un autre côté, tous les patients ne répondent pas au traitement de la même manière et nous ne pouvons pas encore le prédire. Des réévaluations régulières sont donc nécessaires. Le médecin arrête généralement le traitement si, au bout de trois mois, le patient n’a pas perdu 5 % de son poids. »

Combien coûtent ces traitements ?

« Pour l’instant, aucun d’entre eux n’est remboursé. Cependant, la Haute Autorité de Santé a émis une recommandation qui pourrait conduire au remboursement de Wegovy et Mounjaro. De manière générale, ces médicaments sont chers car biologiques et donc coûteux à fabriquer. Un traitement à base de Wegovy peut donc coûter entre 250 et 300 € par mois.

« Cela risque de créer une médecine à deux vitesses où seuls les patients fortunés pourraient avoir accès à ces traitements. L’arrivée de ces médicaments ouvre une nouvelle ère mais malheureusement, au début, tout le monde ne pourra pas en bénéficier. »

Combien de temps dure le traitement ?

« La perte de poids dure environ douze mois. Mais il est nécessaire, sauf efforts importants, de poursuivre le traitement au-delà pour éviter une reprise de poids. On a parfois une fausse perception de l’obésité, qui consiste à penser qu’il s’agit seulement d’une situation réversible. Mais cela perturbe la capacité de stockage de notre organisme : perdre du poids ne le fait pas disparaître. »

Y a-t-il des effets secondaires ?

« Il est courant que les patients en souffrent, même si aucun des effets secondaires n’est grave. Des troubles digestifs, des nausées, des troubles du transit et même des éructations peuvent survenir. »

Obésité : quels sont les risques ?

En France, le nombre de personnes souffrant d’obésité a considérablement augmenté ces vingt dernières années. Selon les derniers chiffres publiés par Santé publique France, en 2017, 13 % des hommes et 14 % des femmes étaient obèses.

Cette maladie génère des « risques multiples », indique Emmanuel Disse. « Au-delà d’un IMC de 30, l’espérance de vie diminue, poursuit le professeur. Des complications métaboliques, cardiaques, artérielles ou encore respiratoires peuvent survenir.

De plus, « l’obésité peut avoir des conséquences psychologiques, comme la dépression ou l’anxiété. Les personnes qui en sont affectées sont aussi stigmatisées de manière systémique dans notre société et même dans l’accès aux soins », décrit Emmanuel Disse.

Enfin, le scientifique constate que « les personnes souffrant d’obésité n’y sont souvent pas pour grand-chose. L’obésité est une maladie chronique, et pas simplement une maladie comportementale ou un manque de volonté de la part du patient. »

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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