« Prisons passoires », contrôles dans les ports… Les inquiétudes de la commission d’enquête sur le trafic de drogue à Marseille
Les sénateurs marseillais qui siègent à la commission d’enquête sur le banditisme de drogue en France ont notamment demandé une rencontre avec Christophe Castaner, chef du port de Marseille, pour obtenir des précisions sur les contrôles des conteneurs par lesquels transite la drogue.
Le Figaro Marseille
Leurs auditions avaient mis le feu aux poudres, notamment après que des magistrats marseillais, sous serment, avaient regretté que la guerre contre le trafic de drogue soit en train d’être perdue à Marseille. Un mois après la publication du rapport sénatorial sur le trafic de drogue, les deux sénateurs marseillais membres de cette commission d’enquête ont partagé leurs recommandations, mais surtout leurs questions encore sans réponse sur la situation marseillaise en matière de trafic de drogue, lors d’une conférence de presse. s’est tenue ce lundi matin.
« Prises tamisées »
« On sait qu’on a des mafieux aux Baumettes, regrette la sénatrice socialiste Marie-Arlette Carlotti. Nos prisons ne sont pas étanches. Ce sont des passoires. Selon le parlementaire, des téléphones circuleraient très facilement dans les cellules, pour des sommes estimées par la commission d’enquête entre 500 et 20 000 euros. Aux côtés de son collègue Guy Benarroche, la parlementaire compte se rendre à la prison des Baumettes et d’Aix-Luynes pour « vérifier les conditions d’étanchéité de ces prisons ». « On nous a dit qu’il y avait des brouilleurs, mais nous ne savons pas combienMarie-Arlette Carlotti s’alarme. On nous a aussi dit que si nous intervenions trop, cela dérangerait le voisinage… »
Lors d’une récente visite à la prison d’Aix-Luynes, Le Figaro a pu constater de nombreuses failles sécuritaires au sein de ce centre pénitentiaire qui fait face à la fois à une surpopulation évidente, à un manque d’agents et à des fouilles incomplètes. Pour rappel, Mohamed Amra, aujourd’hui le fugitif le plus recherché de France, est passé par les Baumettes, une prison dans laquelle au moins un téléphone appartenant au trafiquant de drogue a été retrouvé dans sa cellule, selon France Info.
Conditions de transit difficiles au port
« Nous allons demander un rendez-vous à Christophe Castaner », annonce également Marie-Arlette Carlotti. L’ancien ministre de l’Intérieur est désormais président du conseil de surveillance du grand port maritime de Marseille-Fos. « Aujourd’hui, la pression est surtout sur le port du Havreexplique le parlementaire. Mais le jour où cela deviendra plus dur, la pression retombera ailleurs.». Selon le parlementaire, dans les ports français, seuls entre 2 et 5 % des conteneurs sont contrôlés.
« A Marseille, on ne connaît pas ce chiffres’inquiète Marie-Arlette Carlotti. On sait que les ports bénéficient de scanners, mais on ne sait pas combien il y en a à Marseille. La corruption n’épargnerait d’ailleurs pas l’activité portuaire. « On sait que l’achat d’un badge docker coûterait entre 20 000 et 65 000 euros », rapporte le parlementaire. En 2022, 1,7 tonne de cocaïne ont été saisies à Marseille, contre plus de 10 dans le port du Havre.
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Soutien aux familles des victimes
Les sénateurs ont écrit au préfet de région et au tout nouveau préfet à l’égalité des chances, Baptiste Rolland, pour demander une réunion d’urgence avec les associations de victimes de règlements de compte. « Il faut respecter ces familles, insiste Marie-Arlette Carlotti. Qu’il ait peu dealer ou qu’on le considère comme une victime collatérale, c’est la même chose. Nous devons déculpabiliser les mères qui se lèvent à quatre heures du matin et qui n’ont rien fait de mal.
Les sénateurs réclament notamment dans un communiqué « un accompagnement des familles de victimes pour faciliter l’accès aux structures existantes »l’établissement de « cellules d’urgence pour mineurs impliqués dans la traite, chargées d’identifier et de secourir ces jeunes »ou même « permettre le relogement rapide, dans un autre quartier, des familles vivant à proximité du lieu où leurs proches ont été assassinés ». En 2023, 49 homicides liés à la guerre de contrôle des points de vente de drogue ont endeuillé Marseille, un chiffre record.