Présidentielle américaine : les entreprises continuent de talonner Donald Trump
C’est chose faite : Donald Trump, multi-accusé, ne comparaîtra dans aucun nouveau procès d’ici l’élection présidentielle du 5 novembre. À force d’appels et de manœuvres dilatoires, ses avocats ont réussi à retarder les deux affaires dans lesquelles il est poursuivi devant les tribunaux fédéraux : sa tentative d’inverser le résultat de l’élection présidentielle de 2020, qui a culminé avec l’émeute du Capitole ; et le vol de documents classifiés, emportés à son domicile en Floride à sa sortie de la Maison Blanche.
Le procureur spécial Smith contre-attaque
Le candidat républicain n’en a toutefois pas fini avec la justice. Le procureur spécial Jack Smith, qui enquête sur ces deux affaires, a rappelé mardi à la bonne mémoire l’ancien président. Il a révisé son acte d’accusation dans l’affaire des pressions exercées par Trump et son entourage visant à conserver le pouvoir malgré la défaite face à Joe Biden.
La seule différence est qu’il n’y a plus six, mais cinq coaccusés dans cette affaire, l’ancien numéro 2 du ministère de la Justice, Jeffrey Clark, étant écarté du dossier. Les relations entre Clark et Trump, même si elles sont douteuses, entrent nécessairement dans le cadre des actes officiels de l’ancien président. Or, ces actes sont couverts par l’immunité du président, donc protégés de poursuites, a statué la Cour suprême en juillet.
Smith s’est empressé de relancer l’affaire avant la période de conservation habituelle du ministère de la Justice, qui exige qu’aucune mesure ne soit prise contre un candidat à la Maison Blanche dans les 60 jours précédant l’élection présidentielle.
De même, Smith avait déjà réactivé lundi soir l’autre dossier, celui des documents secrets volés et récupérés lors d’un raid du FBI à Mar a Lago, la résidence de Trump en Floride. Smith a fait appel d’une décision rendue le mois dernier par une juge de Floride, Aileen Cannon, en charge du dossier. Cette décision menaçait de faire échouer l’ensemble du dossier, car la juge Cannon estimait que le procureur général Merrick Garland n’avait pas à nommer un procureur spécial pour enquêter sur ce dossier.
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Faux, rétorque Jack Smith : c’est une pratique courante au moins depuis l’affaire du Watergate (1974) qui a fait tomber Richard Nixon et la Cour suprême n’a jamais remis en cause cette pratique. Une cour d’appel fédérale qui a déjà par le passé désavoué la juge Cannon, nommée par Trump peu avant la fin de sa présidence, malgré son inexpérience, devra arbitrer.
L’avocat Harris contre le criminel Trump
Les affaires Trump restent donc dans le bruit de fond de la campagne. Et elles y resteront de toute façon.
Le juge new-yorkais Juan Merchan doit rendre le 18 septembre la sentence contre Donald Trump dans l’affaire dite du « hush money » : le versement de 130 000 dollars à une actrice porno pour qu’elle se taise durant la campagne présidentielle de 2020. Pour dissimuler ce paiement, Trump avait falsifié les comptes de sa société, la Trump Organization, ce qui constitue un délit.
Dans ce cas, Trump a été condamné en mai par le juge de l’État de New York, et c’est donc avec la tristement célèbre étiquette criminel qu’il se présente à nouveau à la Maison Blanche, une première dans l’histoire. Et ironiquement, il a face à lui en la personne de Kamala Harris une ancienne procureure californienne réputée pour être implacable… qui ne manquera pas de jouer sur le contraste entre leurs deux profils.