Présidentielle américaine 2024 : après un bon départ, Kamala Harris doit faire le choix crucial d’un colistier
« Il y a une légère baisse de trafic, c’est normal, mais regardez, j’ai encore du monde ! » Le vendeur ambulant activiste exhibe fièrement ses badges faits maison pro-Kamala Harris : « Yes we kam », « Coconuts for Kamala », « Remember she made Brett Kavanaugh (un juge conservateur de la Cour suprême) pleurait ! »… Le vendeur a installé sa table et son journal sur Columbus Avenue à Manhattan il y a une semaine. Juste après que Joe Biden se soit retiré de la course à la présidentielle et que son vice-président soit entré en scène.
Maintenant que la lune de miel de la base démocrate avec sa nouvelle candidate touche à sa fin, tout le monde attend de voir comment la poussière retombe. Qui est vraiment Kamala ? Que diront les sondages ? A gauche, on espère surtout qu’elle ne commettra pas de faux pas dans les semaines à venir, face aux provocations du camp adverse. Le choix de son colistier sera crucial pour asseoir sa candidature.
Jusqu’à présent, l’ancienne procureure a été sous-estimée. Elle a mené une campagne éclair qui a balayé toute concurrence entre les partis. Elle a récolté 200 millions de dollars en un temps record. Et son nom a rallié 360 000 nouveaux bénévoles à travers le pays pour frapper aux portes, faire du porte-à-porte et passer des appels téléphoniques, a révélé l’équipe de Harris lors d’un appel lundi. « Nous sommes les outsiders dans cette course, mais la vague de soutien à Kamala est réelle et devient significative », a déclaré Dan Kanninen, le directeur de campagne de la campagne dans les États contestés.
« Dames-chats sans enfants »
À seulement quatre mois de l’élection, il a fallu multiplier les réunions virtuelles. Lundi soir, une réunion de « mecs blancs pour Harris » s’est tenue sur Zoom, avec des acteurs comme Mark Hamill et plusieurs gouverneurs, hommes et blancs, comme le titre l’exigeait. Cette nouvelle segmentation du marketing électoral, après les femmes noires, les hommes noirs, les Asiatiques, etc., a fait grand bruit.
Mais cet appel aux dons par visioconférence a aussi été l’occasion de donner la parole à plusieurs colistiers potentiels de Kamala Harris. Elle doit faire son choix avant le 7 août, date butoir pour le « prénom » du candidat démocrate, avant la convention du parti à Chicago le 19 août. L’idée semble acceptée que le numéro deux d’une femme d’origine jamaïcaine et indienne doit être un homme blanc. Il s’agit d’assurer une meilleure représentation du « ticket » démocrate, notamment dans les Etats disputés du Nord-Est (Wisconsin, Michigan, Pennsylvanie).
Le gouverneur du Minnesota, Tim Walz, qui faisait partie de ces « blancs » bien placés lundi soir, s’est fait un nom en qualifiant JD Vance de « cinglé », une épithète qui lui est restée depuis.
Il faut dire que le colistier de Donald Trump a connu des débuts difficiles, une semaine après sa nomination à la convention républicaine. Ses adversaires ont exhumé quelques déclarations improvisées qui lui sont préjudiciables, notamment celle de 2021 où il se moquait des « cat ladies sans enfants » du parti démocrate, comme Kamala Harris (qui a les enfants de son mari). Le mépris de J.D. Vance, qui n’a cessé de critiquer les « sociopathes » sans enfants, a en tout cas suscité l’ire de nombreux Américains, dont l’actrice Jennifer Aniston qui lutte contre l’infertilité. « Buyer’s remords », a cruellement attaqué la campagne de Harris, pour répandre l’idée que Donald Trump regrette son choix de vice-président.
Encore plus à gauche que Biden
Également présent sur Zoom lundi, le secrétaire aux Transports Pete Buttigieg, originaire de l’Indiana, est ambitieux et excellent communicateur. Il est toutefois homosexuel, ce qui ferait de lui une minorité supplémentaire sur le ticket démocrate. Le nom du gouverneur de Pennsylvanie Josh Shapiro revient souvent, car il est dynamique et dirige un État clé pour l’élection, très peuplé et disputé.
Dans le mix figure aussi Mark Kelly, sénateur de l’Arizona, autre Etat pivot. Il a le prestige d’être un ancien vétéran de la marine et un astronaute. Sa femme, Gaby Gifford, a survécu à une fusillade. Il pourrait renforcer Kamala Harris sur la question de l’immigration, un point faible que l’équipe Trump s’apprête à marteler dans les publicités.
Car la contre-offensive ne fait que commencer. Après une semaine passée à chercher les défauts de la démocrate, les républicains veulent faire comprendre aux électeurs centristes qu’elle est plus à gauche que Joe Biden. Ils n’auront pas à creuser bien loin. Au cours de sa brève campagne présidentielle de 2019, elle s’est opposée à l’extraction du gaz de schiste et a prôné une assurance santé entièrement publique. Et peu importe qu’elle change d’avis : tout cela pourra lui être reproché.