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Présidence hongroise de l’Union européenne : ça bouge déjà !

On sait que la présidence de l’Union européenne tourne. Il fallait bien que ce soit un jour le tour de la Hongrie. Depuis des années, Viktor Orbán était au centre de toutes les critiques de la gauche et des pays dits progressistes : on l’annonçait comme un fasciste, un ennemi des libertés, et on dénonçait depuis des années sa politique illibérale. Ce n’est donc pas sans une certaine cupidité que ses voisins européens attendaient qu’il s’installe à la tête des institutions bruxelloises, jugées intangibles et de toute façon peu enclines à voir ce chef d’État si opposé à leurs priorités s’emparer des leviers de commandement.

On peut dire qu’Orbán n’a pas déçu. Dès son entrée en fonction, il a immédiatement joué le rôle de médiateur auprès de Vladimir Poutine, qui l’a invité à lui rendre visite à Moscou. « Le seul pays d’Europe qui peut parler à tout le monde »La Hongrie, si l’on en croit son Premier ministre, n’a fait part de cette initiative à aucun des autres pays membres. Tollé général, certes, mais cette réunion a le mérite de la franchise, de la singularité et, au-delà de l’effet d’annonce, permet aussi à l’Europe de sortir des postures toutes faites et du perroquetage collectif. Allait-elle s’arrêter là ? Bien sûr que non !

Le parti Identité et démocratie (ID), traditionnellement classé très à droite au Parlement européen, est traditionnellement celui du RN, et il reste marginal du fait de la radicalité de certaines de ses positions. Reconquête avait fait de sa proximité avec les conservateurs de l’ECR, le parti dont dépend Giorgia Meloni à Bruxelles, l’un de ses arguments clés de campagne. Désormais, Orbán et Marine Le Pen pourraient former autour d’eux un grand parti de droite au niveau européen ; les discussions avancent dans ce sens. On apprend ces jours-ci que le PVV du Néerlandais Geert Wilders va rejoindre cette coalition dont le Fidesz hongrois est le centre de gravité.

On disait d’Orbán qu’il était pro-russe, inféodé à Poutine : il vient de prouver, au contraire, qu’en dépit de dissensions et de désaccords sur des positions qu’il qualifie lui-même de « très loin »il est à ce jour le seul président « rotationnel » à s’être comporté en adulte à l’égard de la Russie. On disait des conservateurs, et des alliés du Fidesz en général, qu’ils étaient fous et populistes, incapables de construire quoi que ce soit de constructif – et, du côté des gens raisonnables autoproclamés, on avait tendance à s’en réjouir. Là encore, c’était les mal comprendre. Sous-estimer son adversaire est une erreur facile et assez courante.

Bref, Orbán est à peine arrivé à la tête de l’Union européenne que les choses commencent déjà à devenir folles. Une diplomatie qui ne s’aligne pas sur les excès de Washington et une alliance de la droite : pas trop mal, pour commencer. On attend avec impatience les prochains mois. Il ne lui reste que six mois pour changer les choses, mais cela devrait suffire à faire avancer certaines choses.

« La chute de Constantinople est un malheur personnel qui nous est arrivé la semaine dernière »a déclaré la princesse roumaine Bibesco (1886-1973), citée par Jean Raspail à la fin du Camp des Saints. Il y a, chez les Hongrois, le même sentiment douloureux de proximité avec le tragique, qui explique peut-être la vivacité des décisions d’Orbán. Les Hongrois ont été à plusieurs reprises le rempart de l’Europe contre les Turcs et ont connu le communisme. Les dangers que représentent l’islamisme et le gauchisme leur sont donc parfaitement connus. Ils n’ont peut-être pas envie de rouvrir les blessures profondes que ces deux idéologies démoniaques ont creusées dans leur histoire collective. En tout cas, c’est bien parti !

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Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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