De violentes manifestations d’extrême droite secouent le Royaume-Uni depuis plusieurs jours. Dimanche 4 août, des émeutiers ont attaqué un hôtel hébergeant des demandeurs d’asile à Rotherham, dans le nord-est de l’Angleterre.
Une « attaque criminelle et violente ». La ministre britannique de l’Intérieur, Yvette Copper, a qualifié d’« épouvantable » l’attaque contre un hôtel hébergeant des demandeurs d’asile à Rotherham, dans le nord-est de l’Angleterre. Un acte commis ce dimanche 4 août par un groupe d’émeutiers anti-migrants d’environ 700 personnes selon la police du Yorkshire du Sud. Des affrontements ont éclaté avec la police.
Depuis quatre jours, des émeutes d’un niveau de violence jamais vu depuis plus d’une décennie ont lieu au Royaume-Uni après la mort de trois jeunes filles dans une attaque au couteau à Southport. Une tragédie qui a donné lieu à une vague de rumeurs et de désinformation sur les réseaux sociaux sur la religion et l’origine de l’agresseur présumé.
Les policiers ont tenté d’empêcher la foule de pénétrer dans l’hôtel Holiday Inn Express, mais sans succès. Des projectiles, dont des bouteilles de bière, des canettes, des chaises et de longs morceaux de bois, ont été lancés sur le bâtiment et sur les policiers postés à l’extérieur, selon The Guardian.
Des individus masqués ont réussi à pénétrer dans l’hôtel après avoir brisé une porte vitrée. Plusieurs autres fenêtres ont été brisées et des extincteurs ont été utilisés contre les policiers, rapporte Sky News.
Certains participants – réunis sous le slogan « Assez, c’est assez », en référence à l’arrivée au Royaume-Uni de migrants traversant la Manche à bord de canots pneumatiques – ont déclenché un incendie tandis que d’autres criaient des slogans tels que « Jetez-les dehors ».
Au moins 10 policiers blessés
Alors que la ministre de l’Intérieur, Yvette Cooper, a déclaré qu’il s’agissait d’un « incendie délibéré d’un bâtiment avec des personnes à l’intérieur », on ne sait pas si des demandeurs d’asile se trouvaient à l’intérieur ce jour-là.
La police du South Yorkshire a déclaré dans un communiqué qu’au moins 10 policiers avaient été blessés.
« Au moins dix policiers ont été blessés à la suite des violences, l’un d’eux ayant perdu connaissance à la suite d’un traumatisme crânien, un autre souffrant d’une fracture présumée du coude et d’autres souffrant de fractures présumées », a-t-il indiqué.
« Aucun employé ou résident de l’hôtel n’a été blessé à la suite des troubles survenus aujourd’hui », ajoute le communiqué, précisant qu' »une personne a été interpellée pour suspicion de trouble à l’ordre public » et qu' »une forte présence policière restera déployée à l’extérieur de l’hôtel et dans les environs pour le reste de la soirée » et jusqu’au lundi 5 août.
A Middlesbrough (nord-est), des troubles ont également eu lieu dans le centre-ville. Une équipe de l’AFP présente sur place a vu sa caméra cassée par des manifestants. A Aldershot (sud-ouest), des dizaines de personnes brandissant des pancartes portant des slogans anti-demandeurs d’asile se sont rassemblées dans le calme, a constaté un photographe de l’AFP.
« Vous regretterez d’avoir participé à ces troubles »
C’est le quatrième jour de violences au Royaume-Uni. Des émeutes et des affrontements entre la police, des manifestants, et parfois des contre-manifestants antiracistes, ont eu lieu dans une dizaine de villes – dont Liverpool (nord-ouest), Hull (nord-est), Belfast (Irlande du Nord), Leeds (nord), et à Southport mardi contre une mosquée. Le gouvernement a également annoncé qu’il allait renforcer la protection policière des mosquées. La police a indiqué avoir arrêté une centaine de personnes après les violences de samedi.
Le Premier ministre Keir Starmer a promis que les émeutiers anti-migrants et islamophobes regretteraient leurs actes.
« Je vous garantis que vous regretterez d’avoir participé à ces troubles » soit directement, soit « en ayant provoqué ces actions en ligne », a déclaré le chef du gouvernement travailliste, arrivé au pouvoir il y a tout juste un mois, lors d’une courte déclaration filmée depuis Downing Street.
Il a promis que son gouvernement ferait « tout ce qu’il faut pour traduire ces voyous en justice le plus rapidement possible ».
Depuis lundi, Keir Starmer multiplie les messages de fermeté et de soutien à la police contre ce qu’il a encore qualifié dimanche de « violence d’extrême droite ».
« Si vous ciblez des gens en raison de la couleur de leur peau ou de leur religion, c’est de l’extrême droite », a-t-il insisté.
Le pays n’avait pas connu une telle poussée depuis 2011, après la mort d’un jeune métis, Mark Duggan, par la police dans le nord de Londres.
Certains commentateurs et hommes politiques ont avancé que la montée du discours anti-immigration au sein de la classe politique avait légitimé les manifestants. Lors des dernières élections générales, le parti anti-immigration Reform UK a remporté plus de 14 % des voix.