38 ans après la catastrophe de Tchernobyl, les scientifiques continuent de s’intéresser à l’impact de l’explosion du réacteur numéro 4 de la centrale nucléaire sur la faune environnante. Ils s’interrogent notamment sur les effets à long terme des radiations sur les animaux, leur état de santé général et leur espérance de vie.
Une équipe de chercheurs de l’Université d’Oviedo (Espagne) et de la Station biologique Doñana-CSIC dirigée par Germán Orizaola vient de publier les résultats de recherches menées depuis 2016 sur la population animale de Tchernobyl. Cette étude publiée dans la revue Lettres de biologie montre que les niveaux de rayonnement subis par les grenouilles vivant à Tchernobyl n’ont pas affecté leur longévité ni leur taux de vieillissement.
Aucun effet notable de la radioactivité constaté sur les grenouilles
La zone d’exclusion de Tchernobyl est située dans un rayon de 30 km autour de la centrale électrique. Si des dizaines de milliers de femmes, d’hommes et d’enfants ont été évacués dans les jours qui ont suivi la catastrophe, laissant derrière eux leur vie pour ne jamais revenir, la faune sauvage a repris ses droits et la zone forme aujourd’hui une vaste réserve naturelle.
Ce sont les grenouilles vivant au plus près de l’ancienne centrale électrique que les équipes de Germán Orizaola ont décidé de se concentrer. « Nous étudions ici si les niveaux actuels de rayonnement à Tchernobyl ont un impact négatif sur l’âge de la rainette orientale Hyla orientalis. Nous étudions également si le rayonnement induit des changements dans un marqueur du vieillissement, la longueur des télomères ou la corticostérone, l’hormone du stress.détaille l’étude.
Et les résultats sont clairs. Les données enregistrées sur ces grenouilles ne diffèrent pas de celles observées sur les spécimens capturés dans les zones témoins sans irradiation. « Les niveaux de radiation auxquels les grenouilles sont actuellement soumises à Tchernobyl ne seraient pas suffisants pour causer des dommages chroniques à ces organismes »souligne Germán Orizaola. Le zoologiste rappelle que ce type d’étude est «essentiel pour évaluer correctement l’impact actuel de l’accident sur la faune sauvage » et souligne l’importance de considérer et de préserver la zone d’exclusion de Tchernobyl en tant que refuge pour la faune sauvage.
Il reste moins de 10 % des radiations émises lors de l’accident
Ces résultats s’expliquent notamment par le faible niveau de rayonnement subsistant dans la zone. Comme le notent les chercheurs, les niveaux de rayonnement ont considérablement diminué dans les zones touchées par la catastrophe. Ils estiment qu’il reste moins de 10 % des radiations émises lors de l’accident et que l’iode, l’un des isotopes les plus nocifs, a disparu au bout de quelques mois seulement.
Il est essentiel d’examiner les effets des radiations sur l’âge et la vitesse de vieillissement de ces grenouilles, car ces données constituent un indicateur fiable de l’accumulation des dommages tout au long de la vie de l’animal. Les chercheurs espèrent désormais que de futurs travaux confirmeront si ces résultats peuvent être étendus à d’autres espèces.