A peine nommés, le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, et celui de la Justice, Didier Migaud, laissent transparaître leurs premiers désaccords.
A peine nommé, le couple Justice/Intérieur affiche déjà sa dichotomie. Le premier, Didier Migaud, successeur d’Éric Dupond-Moretti place Vendôme, est un ancien député socialiste et apparaît comme le seul garant de gauche du nouveau gouvernement. « Je ne pense pas que le Didier Migaud d’aujourd’hui soit si éloigné du Didier Migaud de l’époque où il était député socialiste. »« Je suis très content de voir que nous sommes tous les deux dans une situation très délicate », s’est-il expliqué lundi soir au journal de France 2. Le second, Bruno Retailleau, propulsé au ministère de l’Intérieur et chef de file des sénateurs Les Républicains (LR), représente le côté le plus à droite de l’équipe de Michel Barnier. Un duo presque antithétique, dont les premières dissonances sont apparues lundi soir, dès les journaux de TF1 et de France 2 où les deux hommes étaient interviewés simultanément.
Leur premier désaccord est apparu lundi après-midi, dans une interview accordée par Bruno Retailleau à Figaro . Il a plaidé pour « une rupture dans la politique pénale pour garantir aux Français des sanctions fermes et rapides. » Avant de prendre l’exemple des Pays-Bas, « qui ont choisi des peines de prison courtes, dès les premiers délits »La déclaration, qui empiète sur le domaine privé de Didier Migaud, a reçu une réponse de l’intéressé le soir même sur le plateau de France 2. « (Bruno Retailleau) doit savoir que la justice est indépendante dans notre pays et que c’est quelque chose qui est essentiel dans une démocratie », a répliqué le ministre de la Justice. Sur TF1, Bruno Retailleau s’est néanmoins voulu modéré, rappelant à son tour l’étendue de son portefeuille ministériel : « Ce n’est pas à moi d’incarcérer. Je suis ministre de l’Intérieur, je ne suis pas ministre de la Justice. » Et de montrer une ouverture au dialogue : «Ce n’est pas mon domaine mais j’en parlerai très librement avec Didier Migaud. »
Mais une autre déclaration du locataire de la place Beauvau a rendu encore plus visible le clivage idéologique qui sépare les deux hommes. Alors que Bruno Retailleau accusait la France d’avoir créé « un droit à la non-exécution des peines », Didier Migaud, pour sa part, a estimé que «le sentiment que la justice est lente ou ne condamne pas assez » n’est pas « « pas toujours exact. » Si cet échange de propos entre les deux ministres révèle des premières tensions, le ministre de la Justice a néanmoins assuré qu’il aurait «de nombreux échanges avec Bruno Retailleau», se disant à lui-même « prêt » dialoguer.
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