Le plus grand voilier cargo quittera son port d’attache du Havre pour New York. A bord : du luxe made in France.
Amarré depuis quelques jours au port du Havre, l’Anemos, le plus grand voilier de transport au monde, s’apprête à appareiller ce soir à 20 heures, direction New York. Une première traversée de l’Atlantique pour ce navire flambant neuf.
La construction de ce navire technologique de 81 m de long et de 3000 m2 de voilure a nécessité plus de deux ans au chantier Piriou de Concarneau, selon les informations de Ouest-France. Une « longue période de construction puisque cela n’avait jamais été fait auparavant. Il a fallu procéder à des tests », a expliqué à BFM Business l’armateur TOWT (TransOceanic Wind Transport).
« Cela fait cent ans que l’on ne transporte plus de marchandises à la voile », confirme l’armateur.
Ce navire, qui peut en effet naviguer entièrement à la voile, assurera le transport transatlantique de marchandises. Pour son premier voyage, seront embarqués des vins, des confitures, des produits alimentaires et du prêt-à-porter. « Il s’agira principalement, à 85 %, de champagne, de cognac, de vin », rapporte la compagnie. « Plusieurs grandes marques de luxe nous ont appelés et nous feront confiance pour de futurs voyages ».
Selon les chiffres de l’armateur, le premier navire d’un tonnage de plus de 1 000 tonnes affiche déjà un taux d’occupation de 88 %. 140 millions d’euros de commandes ont déjà été sécurisées.
Premier navire d’une série de huit
Ce navire est le premier d’une série de huit. L’Artemis, également construit par les chantiers Piriou, devrait quitter le Vietnam pour rejoindre la flotte de l’armateur aux Docks Vauban.
Et Anemos, qui signifie vent en grec, est aussi un label déposé par l’entreprise. Il garantit le traçage des marchandises transportées à la voile. Dans un contexte d’urgence climatique, c’est un premier pas vers la décarbonation du secteur du fret maritime, un secteur largement dominé par des porte-conteneurs fonctionnant aux énergies fossiles, résidus du pétrole raffiné. Certains géants du secteur commencent à se tourner vers les biocarburants pour réduire leurs émissions. D’autres utilisent aussi la voile pour réduire leur consommation, à l’image d’Airbus.
Transport de marchandises « au même coût »
Selon la compagnie TOWT, sur le même trajet, choisir le transport par voilier cargo permettra une réduction très significative des émissions de gaz à effet de serre, par tonne transportée et par kilomètre parcouru, d’au moins – 90% de CO2 et jusqu’à – 99% dans le meilleur des cas.
Un transport sans émissions n’engendrerait pas de coûts supplémentaires pour les entreprises clientes. « Nous sommes exactement aux mêmes tarifs que les porte-conteneurs classiques », nous précise TOWT. Le risque réside dans la durée du trajet. « C’est plus long et plus imprévisible, nous sommes dépendants de la météo. » Il faudra donc des vents favorables pour permettre à l’Anemos d’atteindre New York sans problème, en deux semaines. Sans transporter de denrées périssables.