DÉCRYPTION – Cette avancée révolutionnaire réduit le caractère invasif de l’intervention et accélère la récupération, marquant un tournant majeur dans la chirurgie.
Une Américaine de 57 ans, Cheryl Mehrkar, est devenue, le 22 octobre 2024, la première patiente au monde à recevoir une greffe de deux poumons réalisée entièrement à l’aide d’un robot. Piloté par des chirurgiens, ce dispositif a permis de réduire considérablement une procédure habituellement très invasive. Cheryl Mehrkar souffrait depuis longtemps d’une grave maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC), réduisant considérablement le flux d’air vers les alvéoles de ses poumons. Depuis une décennie, son état était préoccupant, et il s’était dégradé après avoir contracté le Covid en 2022. Elle était enfin éligible à une transplantation pulmonaire.
La greffe avec le robot a été un succès. » Quand on a passé des années à respirer mal et que soudain on respire à nouveau normalement, c’est une sensation incroyable. » témoigne le patient dans les vidéos fournies par le Langone Health Center de l’Université de New York (NYU Langone Health).
Révolution chirurgicale
Le robot qui a permis cette prouesse de « chirurgie mini-invasive » s’appelle « Da Vinci Xi ». C’est le résultat de 30 années de développement et de modèles successifs par la société Intuitive Surgical. Il améliore la précision, la vision et le contrôle des chirurgiens lors des interventions. » Le robot possède quatre bras : un bras optique qui permet une vision 3D avec un zoom très puissant, et trois autres bras opérationnels, qui ont une rotation dans l’espace de 360 degrés, bien supérieure à la main humaine. » indique le Dr Stéphane Adjiman, urologue au groupe hospitalier Ambroise Paré à Neuilly qui manipule un robot identique lors de ses interventions. Le Da Vinci Xi n’est en effet pas uniquement destiné aux interventions pulmonaires. » Son utilisation est multidisciplinaire, on la retrouve désormais dans les chirurgies thoraciques, gynécologiques et abdominales. », précise Stéphane Adjiman.
Dans le cas de Cheryl, une thoracotomie (une intervention chirurgicale consistant à ouvrir la paroi thoracique pour accéder à l’intérieur du thorax) aurait entraîné » une très grande incision transversale de plus de 20 cm » déclare Stephanie Chang, directrice chirurgicale du Langone Health Center Transplant Institute. Grâce au robot, une incision de 5 cm suffit. Cette technique réduit considérablement le caractère invasif de l’opération. » Avec la précision du robot, on manipule beaucoup moins le cœur, ce qui est nécessaire dans ce type de chirurgie. Il sera plus facile pour le patient de se remettre d’une telle opération, il aura moins de traumatismes et de douleurs postopératoires » explique Stéphanie Chang.
» Cette dernière innovation marque un tournant décisif dans la chirurgie de transplantation pulmonaire à l’échelle mondiale et représente le début d’une nouvelle ère dans les soins aux patients. « , déclare Ralph S. Mosca, professeur au département de chirurgie cardiothoracique et pédiatrique de la faculté de médecine de l’Université de New York. Cette avancée technologique, déjà utilisée dans de nombreuses spécialités et pour de nombreux cas différents, illustre l’adoption croissante des robots en chirurgie. En effet, » Il existe peu de contre-indications. Nous effectuons au moins 500 chirurgies urologiques par an avec ce robot », explique Stéphane Adjiman. Il est même possible qu’un jour « une IA remplace le chirurgien. Nous n’en sommes pas encore là, mais c’est une possibilité », anticipe ce dernier.