Jannah Theme License is not validated, Go to the theme options page to validate the license, You need a single license for each domain name.
actualité économiqueNouvelles locales

Précarité menstruelle : des annonces insuffisantes et discriminantes


En France, en 2023, 4 millions de femmes seront en situation de précarité menstruelle, un chiffre qui a doublé en seulement 2 ans. Faute de moyens, des millions de personnes menstruées ont encore du mal à obtenir une protection hygiénique suffisante, impactant ainsi leur bien-être, leur santé, ainsi que leur vie sociale et professionnelle.

A l’occasion de la Journée Mondiale de l’Hygiène Menstruelle, nous, organisations de la société civile, citoyennes, personnalités et militantes féministes réaffirmons la nécessité de lutter contre la précarité hygiénique et menstruelle en France, en rendant les protections périodiques accessibles à toutes.

Crise sanitaire, inflation : l’explosion de la précarité hygiénique et menstruelle en France

Depuis quelques années, le gouvernement français semble s’être emparé de cet enjeu de santé publique, notamment en annonçant la mise en place de distributeurs de protections menstruelles dans les campus et résidences universitaires. Cependant, certains de ces distributeurs automatiques ne sont toujours pas installés et n’ont toujours pas les moyens d’être pleinement fonctionnels et efficaces. De plus, l’inflation et la précarité explosent en France, pénalisant de manière disproportionnée les femmes, qui peinent encore plus à se procurer ces produits de première nécessité.

73% des personnes les plus précaires, bénéficiaires d’associations de lutte contre la précarité, indiquent que le contexte économique actuel les pousse à limiter leur consommation de produits d’hygiène. Cette précarité hygiénique conduit même 41% d’entre eux à renoncer à sortir. A ces produits d’hygiène s’ajoutent les protections périodiques, qui représentent une part de plus en plus importante du budget des femmes, alors que le coût des menstruations se situe entre 100 et 150 euros par an et par personne.

Remboursement des protections menstruelles : règles et précarité ne s’arrêtent pas à 25 ans

Le 8 mars, le gouvernement a annoncé le remboursement de la protection périodique réutilisable par la Sécurité sociale pour les moins de 25 ans à partir de 2024.

Nous saluons cette annonce qui permettra à ces jeunes filles et femmes de bénéficier de coupes menstruelles, de culottes et de serviettes lavables, habituellement difficiles d’accès pour elles en raison de leur prix, qui varie de quinze à cinquante euros.

Or, si la précarité menstruelle touche particulièrement les jeunes, et en particulier les étudiantes, elle persiste après 25 ans. Les migrantes, les réfugiées, les sans-abri, ou les personnes n’ayant pas de revenus suffisants, sont également pleinement concernées et restent pourtant exclues de cette mesure. .

Alors que la protection hygiénique est une nécessité fondamentale pour toutes les femmes, conditionner cette mesure à l’âge est discriminatoire. Depuis près de 3 ans, l’Ecosse a rendu la protection menstruelle gratuite pour toutes, preuve qu’une telle mesure est possible si elle s’accompagne d’une réelle volonté politique.

Les protections réutilisables, une fausse bonne idée ?

De plus, le remboursement annoncé par le gouvernement ne concerne que les protections menstruelles réutilisables. Le passage à ces protections limitera l’impact écologique considérable des protections jetables, particulièrement polluantes. Ils représentent 590 000 tonnes de déchets par an, et sont le cinquième type de déchets plastiques à usage unique retrouvés sur les plages et dans les océans.

Si elles sont certes plus écologiques et durables, ces protections réutilisables sont parfois inadaptées à la réalité des personnes en situation de précarité. Celles-ci nécessitent un accès régulier à des sanitaires adaptés pour les changer, les laver, et stériliser certains produits comme la tasse, ce qui est par exemple impossible pour les femmes en situation d’itinérance. Or, ces conditions d’utilisation sont indispensables pour ne pas exposer les femmes à des risques pour leur santé. Sans sensibilisation à l’usage de ces produits, le choix de ne distribuer que des protections réutilisables peut alors s’avérer contre-productif.

Il est inacceptable que le gouvernement impose le choix d’un type de protection périodique aux femmes. Ils sont les mieux placés pour choisir la protection qui convient à leurs besoins et à leur quotidien, sans que les pouvoirs publics ne décident à leur place.

Le gouvernement doit tenir ses promesses

Si l’engagement du gouvernement contre la précarité menstruelle se renforce, les mesures prises doivent impérativement être adaptées à l’ampleur de ce phénomène, et aux besoins des personnes concernées.

Seul le libre accès à toutes les protections menstruelles, sans conditions, permettra de lutter efficacement contre la pauvreté menstruelle, et de laisser aux femmes la liberté de disposer de leur corps.

L’accès à ces protections jetables doit également être garanti, et la composition de ces produits doit également faire l’objet d’une plus grande transparence et d’un contrôle. Plusieurs associations – dont Humanité Diaspo, Règles élémentaires, la Fondation des femmes – ont été consultées à l’occasion de la publication d’un arrêté à ce sujet par le ministère de la Santé. Malgré nos recommandations, nous regrettons qu’elle n’impose toujours pas l’affichage des substances potentiellement toxiques pour les consommateurs.

Du fait de leurs menstruations, les femmes font face à des dépenses supplémentaires inévitables et injustifiées tout au long de leur vie, et subissent des inégalités fondées uniquement sur leur genre. Il est essentiel d’y mettre un terme, et que l’accès à la protection menstruelle devienne un droit pour tous.

Auteurs:

Rana Hamra, fondatrice et directrice exécutive, Humanity Diaspo

Justine Arnoux, Chargée de Plaidoyer et Communication, Humanité Diaspo J

eanne Chevrel, Adjointe au plaidoyer et à la communication, Humanity Diaspo

Personnalités et organismes cosignataires :

Dr Florence Rigal, Présidente de Médecins du Monde

Aurélie Gal-Regniez, Directrice d’Equipop

Gaëlle Le Noane, PDG de Marguerite & Cie

Caroline Brac, Directrice du Fonds pour les Femmes en Méditerranée

Noanne Tenneson, directrice générale de l’Alliance des avocats pour les droits de l’homme

Marie-Claire Kakpotia, Fondatrice et Directrice des Orchidées Rouges

Esther Fouchier, Présidente du Collectif Forum Femmes Méditerranée Hero•ines 95 sans frontières

Christine-Sarah Jama, directrice de Voix de femmes

Sokhna Fall, coordinatrice de l’entraide et de l’autonomie des femmes

Evelyne Naoussi, Présidente de l’Association SUNSHINE

Céline Bardet, avocate, fondatrice et présidente de We are NOT Weapons of War

Charlotte Kan, journaliste et présidente de Humanity Diaspo

Margaux Chinal, chef de projet à l’Agence française de développement

Eina Scal, militante féministe, membre du collectif Héro•ïnes 95 sans frontières

Alexandra Merienne, sociologue à l’Université de Franche-Comté

Cécile Pellault, auteure Emma Montron, militante associative

Adjera Lakehal-Brafman, militante communautaire

Estelle Neveu, chargée de projet égalité femmes-hommes et santé et droits sexuels et reproductifs chez Femmes Entraide et Autonomie

Alice Neyret, Directrice de Citoyenneté Possible

Souâd Belhaddad, Fondatrice de Citoyenneté Possible

Aïcha Rassoul Sene, fondatrice et directrice générale de l’association Yeewi

Ludmilla Didillon, chargée de projet


Grb2

Toutes les actualités du site n'expriment pas le point de vue du site, mais nous transmettons cette actualité automatiquement et la traduisons grâce à une technologie programmatique sur le site et non à partir d'un éditeur humain.

Cammile Bussière

One of the most important things for me as a press writer is the technical news that changes our world day by day, so I write in this area of technology across many sites and I am.
Bouton retour en haut de la page