Syndicats de cheminots et direction de la SNCF n’ont toujours pas réussi à se mettre d’accord sur les salaires et les emplois du temps, ce qui laisse planer la possibilité d’une semaine émaillée de grèves dans les transports à partir du 5 mai.
Les contrôleurs sont appelés à se mettre en grève les 9, 10 et 11 mai, par Sud-Rail, troisième syndicat à la SNCF mais deuxième chez les contrôleurs, ainsi que par un influent collectif de contrôleurs baptisé CNA (collectif national ASCT).
La CGT-Cheminots, premier syndicat, a elle appelé à se mobiliser dès le 5 mai. Sud-Rail a également appelé les conducteurs à la grève le 7 mai, veille de jour férié.
« On n’a pas forcément envie d’aller à la grève, par contre, on a des revendications légitimes sur la table », a estimé auprès de l’AFP Fabien Villedieu, secrétaire fédéral de Sud-Rail.
– Le « job » a été « fait » sur les salaires –
Mercredi, la direction de la SNCF avait estimé que « sur les salaires », une des revendications des syndicats, « nous avons fait le job lors des négociations annuelles, il ne peut y avoir de négociations semestrielles ou trimestrielles », et rappelé que l’augmentation moyenne des salaires des agents s’est portée à 2,2% pour 2025.
Un chiffre contesté par les syndicats. « Ce chiffre prend en compte les évolutions automatiques dans la grille de salaire, mais l’augmentation générale est de 1%, alors que l’entreprise a fait 1,6 milliard d’euros bénéfices », a avancé Fabien Villedieu.
« Cet argent est prévu pour être réinvesti dans le réseau qui appartient à l’Etat et non à la SNCF et qui en plus est circulé par tout le monde, à commencer par Trenitalia », a-t-il déploré.
Autre point de discorde: les emplois du temps, les contrôleurs reprochant des modifications de leur journée de travail et de repos trop tardives.
La direction de la SNCF a notamment promis mercredi une visibilité à 6 mois sur les jours de repos.
Pas assez pour les syndicats, qui aimeraient également plus de visibilité sur les horaires de travail lors des journées de service.
« Vous connaissez beaucoup de métiers là où les gens n’ont aucune visibilité sur trois mois dans leur journée de service ? », s’est interrogé Fabien Villedieu.
– « Trouver un accord » –
Pour le ministre des Transports Philippe Tabarot, « certains syndicats ne semblent pas vouloir avancer vers un apaisement ».
« J’ai espoir encore sur les capacités de Jean-Pierre Farandou (patron de la SNCF, NDLR) et Christophe Fanichet (PDG de SNCF Voyageurs, la filiale qui gère les trains, NDLR) à pouvoir trouver un accord et que certains syndicats reviennent à la raison », a souligné Philippe Tabarot jeudi sur RTL.
Il a indiqué ne pas « (souhaiter) intervenir directement parce que je pense que ça affaiblirait l’Etat ».
Et a mis en garde: « une journée de grève, c’est 10 millions (d’euros) qui ne sont pas investis dans le réseau. Donc ceux qui se prétendent (…) amoureux du ferroviaire et qui souhaitent que l’Etat à travers la SNCF puisse investir dans le ferroviaire doivent (…) ne pas utiliser en permanence l’arme de la grève ».
Pour Mathilde Panot, cheffe des députés LFI, « la SNCF, ce sont des profits records », mais « ceux qui la font vivre, c’est-à-dire les cheminots, n’ont pas les salaires qui suivent », a-t-elle déclaré jeudi sur TF1.
« La direction ferait mieux d’écouter » les cheminots « plutôt que d’arriver à des grèves pendant des périodes où les gens souhaitent partir en vacances », a abondé jeudi Fabien Roussel (PCF) sur Sud Radio.
publié le 24 avril à 12h34, AFP