Pouvoir d’achat, retraites, immigration… Ce qu’il faut retenir du débat entre Attal, Bardella et Bompard
Cinq jours avant le premier tour des élections législatives, Gabriel Attal, Jordan Bardella et Manuel Bompard se sont affrontés pendant près de deux heures lors d’un premier débat télévisé.
Gabriel Attal, Jordan Bardella et Manuel Bompard se sont retrouvés ce mardi 25 juin au soir sur TF1 pour un premier débat télévisé à cinq jours du premier tour des élections législatives.
Alors que le Rassemblement national est en tête dans les sondages, le Nouveau Front populaire dépasse les 25 % des intentions de vote. Le parti présidentiel tente de se relever après l’échec des élections européennes.
Pouvoir d’achat, énergie, immigration, retraites… Les trois personnalités ont abordé plusieurs sujets majeurs au cœur d’un début de campagne législative présenté comme historique.
• TVA, SMIC, énergie… Passe d’armes sur le pouvoir d’achat
Premier sujet de ce débat : le pouvoir d’achat. Les trois hommes ont présenté leur projet pour augmenter le pouvoir d’achat des Français. Jordan Bardella, qui a assuré qu’il serait, en cas de majorité absolue à l’Assemblée, « le Premier ministre du pouvoir d’achat », a plaidé pour un retour « à la raison budgétaire ».
Sa mesure phare, la baisse de la TVA sur tous les produits énergétiques, a été critiquée par Gabriel Attal. Le Premier ministre a déploré son coût qu’il a estimé à 17 milliards d’euros par an, contre 12 milliards d’euros selon le Rassemblement national. « Ce que le RN vous donnait d’une main, il vous le reprenait de l’autre », a-t-il ironisé.
Gabriel Attal, qui a déclaré « ne pas vouloir faire croire aux Français à la Lune », a proposé de baisser les prix de l’électricité de 15% « dès l’hiver prochain ». Une mesure contestée par le manager insoumis qui lui reprochait d’avoir lui-même décidé de l’augmenter de 10% quelques mois plus tôt.
De son côté, Manuel Bompard a promis de bloquer le prix d’un panier de produits de première nécessité, comme c’est déjà le cas à La Réunion. Ou encore l’augmentation du Smic à 1.600 euros. « Un emploi sur six sera supprimé », lui a assuré Gabriel Attal. Le coordinateur de la France Insoumise a défendu la « relance de la consommation populaire » pour injecter de l’argent « directement dans l’économie ».
• Âge pivot de 62 ou 60 ans : Bardella et Bompard présentent leur projet de retraite
La réforme des retraites, sujet épineux qui a marqué ce début d’année 2023, est remise en question par les représentants du Rassemblement national et du Nouveau Front populaire.
Manuel Bompard a rappelé que la gauche entendait abaisser l’âge légal de la retraite à 60 ans et 40 ans de cotisations. Dans un premier temps, il s’agirait d’abroger la réforme des retraites et de revenir à 62 ans, puis « avant 2027, déposer un projet de loi visant à abaisser l’âge de la retraite à 60 ans ».
« Une personne qui commence à travailler à 24 ans doit pouvoir partir à 60 ans », a-t-il assuré, tout en concédant que ce travailleur n’aurait pas toutes ses cotisations trimestrielles.
Face à lui, Jordan Bardella a défini une « priorité » : les « carrières longues ». Selon lui, « la réforme des retraites est une réforme injuste sur le plan social et injuste sur le plan économique ». Avec 40 rentes, ils pourront prendre leur retraite à 60 ans. Mais un Français qui a commencé à travailler à 24 ans pourrait prendre sa retraite à 66 ans après 42 ans.
« Je préfère donner la priorité aux Français qui ont commencé à travailler très tôt », assumait-il.
Gabriel Attal a déclaré maintenir la réforme des retraites, ne voulant pas « tout promettre avant les élections dans l’espoir d’être élu ». Il a annoncé vouloir « agir massivement pour l’emploi des seniors » avec des « primes/malus » pour les entreprises qui licencient des seniors.
• Conflits sur le nucléaire, Bardella veut un « moratoire » sur les projets éoliens
Sur la question de l’énergie nucléaire, les trois représentants politiques ont affirmé leurs divergences. Gabriel Attal a salué le projet du gouvernement « de relancer le nucléaire avec 14 nouveaux réacteurs ». Un rapport gouvernemental vivement critiqué par Jordan Bardella qui accuse Emmanuel Macron d’avoir « fragilisé » le système français.
Outre la défense du nucléaire, le président du RN a défendu un « moratoire sur les nouveaux projets éoliens ».
A gauche, le nucléaire divise. Certains, comme les rebelles, sont opposés au nucléaire. « Nous ne sommes pas tous d’accord », reconnaît Manuel Bompard. C’est pourquoi il a mis en avant la « démocratie parlementaire » avec une « loi sur l’énergie qui sera débattue » si le Nouveau Front populaire obtient la majorité à l’Assemblée.
« Si vous voulez suivre le rythme du changement climatique, vous devez réduire massivement les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030, d’ici 2035, d’ici 2050 », a-t-il également scandé.
• Droit foncier, binationaux… Débat houleux sur l’immigration
Jordan Bardella a renouvelé sa proposition d’abolir les droits fonciers et la gratuité des soins de santé pour les étrangers. Selon lui, son parti « souhaite que l’acquisition de la nationalité française ne puisse plus être automatique ».
« Avec Mélenchon Premier ministre, nous allons ouvrir les vannes. J’espère que nous mettrons un terme à cette immigration de masse», a-t-il déclaré en direction de Manuel Bompard. Le coordinateur de France Insoumise a répondu que « nous avons construit la France grâce aux vagues d’immigration ».
Gabriel Attal est de son côté revenu sur la proposition de Jordan Bardella d’interdire les « métiers sensibles » aux binationaux. « Le message que vous envoyez, c’est que quand on est binational, on est semi-national, on ne serait pas de vrais Français », a-t-il déploré.
Il a ensuite pris l’exemple de « deux jeunes filles qu’il a rencontrées », l’une franco-marocaine et l’autre franco-arménienne. « Ils m’ont dit de vous dire qu’ils se sentaient insultés et humiliés », a déclaré le Premier ministre.
« Ils existent vraiment vos… », a répondu Jordan Bardella sans terminer sa réponse avant d’enchaîner avec une question adressée à son adversaire : « Vous voulez mettre un Franco-Russe à la tête d’une centrale nucléaire, ça ne pose pas de problème pour toi. ce n’est pas une question d’intérêt national ?