Poutine veut montrer que la Russie n’est pas isolée
Le président russe Vladimir Poutine accueille mardi une vingtaine de dirigeants étrangers, alliés ou partenaires, pour le sommet annuel des Brics, une alliance de pays émergents que le Kremlin veut voir concurrencer « l’hégémonie » occidentale.
Le président chinois Xi Jinping et le Premier ministre indien Narendra Modi sont arrivés dans la matinée à Kazan où ils doivent rencontrer Vladimir Poutine dans la journée.
Ce sommet des Brics, qui se tient jusqu’à jeudi sur les rives de la Volga, intervient alors que Moscou gagne du terrain militairement en Ukraine et a noué des alliances étroites avec les plus grands adversaires des Etats-Unis : la Chine, l’Iran et la Corée du Nord.
Le Kremlin se targue d’accueillir « l’événement diplomatique le plus important jamais organisé en Russie », un pied de nez aux Occidentaux destinés à démontrer l’échec de leur politique d’isolement contre Vladimir Poutine depuis l’offensive contre l’Ukraine en février 2022.
Dans le centre de Kazan, les mesures de sécurité ont été fortement renforcées, ont constaté des journalistes de l’AFP. Les habitants sont invités à rester chez eux, ont rapporté les médias locaux.
Kazan, à mille kilomètres de la frontière ukrainienne, a subi à plusieurs reprises des attaques de drones ukrainiens visant des sites industriels liés à l’armée.
marathon de réunions bilatérales
Vladimir Poutine doit entamer mardi un marathon d’une quinzaine de rencontres bilatérales prévues d’ici jeudi, selon le Kremlin. Il doit rencontrer l’Indien Narendra Modi, dont l’avion a atterri à Kazan en milieu de matinée.
« Ma visite à Kazan renforcera encore le partenariat stratégique spécial et privilégié entre l’Inde et la Russie », a déclaré le dirigeant indien avant son départ.
Signe de l’importance du tournant stratégique vers l’Asie de Moscou, Vladimir Poutine s’entretiendra également dans la journée avec son allié chinois Xi Jinping, également arrivé en Russie, selon la chaîne d’Etat chinoise CCTV.
Un dîner est prévu dans la soirée à l’hôtel de ville de Kazan, selon le Kremlin.
Le chef de l’Etat russe rencontrera mercredi le président turc Recep Tayyip Erdogan – dont le pays, membre de l’Otan, a demandé à rejoindre les BRICS – et le président iranien Massoud Pezeshkian.
Avant d’enchaîner jeudi, selon le Kremlin, par un tête-à-tête très attendu avec le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, une première entre les deux hommes depuis avril 2022. L’ONU n’a pas confirmé la rencontre.
Le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva a pour sa part annulé son déplacement dimanche et s’exprimera par visioconférence, selon la présidence brésilienne.
Outre le conflit en Ukraine, il faut mentionner l’escalade des tensions au Moyen-Orient, ainsi que le développement futur d’un système de paiement international censé concurrencer Swift, dont les banques russes ont été pour la plupart exclues après l’invasion de l’Ukraine.
Vladimir Poutine s’exprimera également jeudi lors d’une conférence de presse à l’issue du sommet.
« Alternative »
Ce sommet des Brics « vise à montrer que la Russie est non seulement loin d’être isolée, mais qu’elle a des partenaires et des alliés », souligne l’analyste politique russe Konstantin Kalatchev.
Visé par un mandat d’arrêt émis par la Cour pénale internationale en mars 2023 en raison de l’expulsion d’enfants ukrainiens, dont Kiev accuse Moscou, Vladimir Poutine est limité dans ses déplacements à l’étranger.
Pour cette rencontre intérieure, le Kremlin juge « crucial » de démontrer qu' »il existe une alternative à la pression occidentale (…) et que le monde multipolaire est une réalité », selon M. Kalatchev.
Moscou présente son assaut contre l’Ukraine non pas comme une guerre de conquête, malgré ses nouvelles annexions revendiquées de régions ukrainiennes après celle de la Crimée en 2014, mais comme un conflit provoqué par l’hégémonisme américain.
Pour les Occidentaux et le président ukrainien Volodymyr Zelensky, la Russie s’inscrit au contraire dans une logique de domination sur ses voisins, et cherche à imposer la loi du plus fort à l’échelle internationale.
Fort de quatre membres (Brésil, Russie, Inde, Chine) lors de sa création en 2009, le bloc Brics a rejoint l’Afrique du Sud en 2010, tirant ainsi son nom des initiales de ces États en anglais. Quatre pays l’ont rejoint cette année (l’Éthiopie, l’Iran, l’Égypte et les Émirats arabes unis).
Seul bémol, l’absence à Kazan du prince héritier Mohammed ben Salmane, dirigeant de facto de l’Arabie saoudite, qui alimente les spéculations sur d’éventuels désaccords entre les deux poids lourds mondiaux de l’énergie.
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