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Poussin, l’amour et Picasso | Humanité

Lyon, envoyé spécial.

Nicolas Poussin n’était pas un innocent. S’il était considéré comme le plus classique des peintres du XVIIe siècle, familier des sujets tirés de la Bible et surtout de l’Ancien Testament auquel il donnait, par le comportement des personnages, une sorte d’hiératisme intemporel, on pouvait aussi voir dans lui un peintre philosophe, ou le peintre des « gens d’esprit », dont l’œuvre serait aussi intellectuelle que plastique, comme en témoigne son autoportrait peint à Rome en 1650.

C’est en quelque sorte cette image que le musée des Beaux-arts de Lyon, sans la renier, s’est pourtant efforcé d’enrichir, paradoxalement en la déconstruisant avec une exposition intitulée « Poussin et l’amour ». On est vite prévenu en apprenant que certains de ses tableaux, en son temps, étaient jugés si érotiques qu’ils étaient mutilés, partiellement masqués par des repeints, etc.

Déjà à la Renaissance, des sujets tirés de l’Ancien Testament ou des Evangiles le disputaient avec des sujets païens, notamment de la Métamorphoses, d’Ovide. C’est essentiellement le cas ici avec une quarantaine de tableaux et dessins témoignant d’une production marquée par une profonde sensualité, un goût totalement assumé pour les corps en général et les corps féminins renversés, abandonnés… Le pinceau de Poussin, aime à souligner dans ses commentaires l’un des trois commissaires de l’exposition, avec Mickaël Szanto et Ludmilla Virassamynaiken, Nicolas Milanovic, du département des peintures du Louvre, semble alors anticiper celui de Courbet. C’est évident quand on regarde le visage et les cheveux de la femme allongée au premier plan de Midas avant Bacchus (1629-1630), qui nous renvoient à celles des deux femmes enlacées dans le tableau de Gustave Courbet appelé hypocritement le sommeil (1866), au Petit Palais à Paris, ou encore les cheveux d’un de ses modèles, Jo l’Irlandaise… Poussin, à cette époque – il avait une trentaine d’années – assumait évidemment cet érotisme sans fard, jusque dans les voyeurs se masturber dans les buissons devant les scènes proposées. L’exposition décline différents fragments de ce discours amoureux. Le souffle de l’inspiration, les corps désirés, l’ivresse dionysiaque, l’amour et la mort.

un coloriste remarquable

La manière de Poussin pourrait s’opposer à celle de Rubens, reprenant la querelle de la ligne et de la couleur qui opposait déjà les peintres de Rome et de Florence à ceux de Venise. Sans doute, et une exposition à Arras en 2004 a amplement évoqué ce thème. Pourtant, Poussin n’en est pas moins un coloriste remarquable. Bleu, orange et or, dans une toile comme Renaud et Armide (vers 1628); bleu, rouge et jaune avec Bacchanale au guitariste (1626).

Le premier tableau du parcours, récemment acquis par le musée et qui fait sa fierté, Mort de Chione, peint en 1622, est aussi l’un des premiers du peintre avant son départ pour Rome en 1624. Il avait été peint à Lyon pour un soyeux milanais. La déesse Diane transperce d’une flèche la langue de Chioné, qui avait eu l’imprudence de se dire plus belle qu’elle. Poussin a 26 ans. La toile, qui admet une influence caravagesque avec l’impressionnant clair-obscur dans lequel le corps de la jeune femme apparaît au centre du tableau, est d’une réelle intensité dramatique. C’est celui que l’on retrouvera plus tard, dans d’autres tableaux de Poussin qui n’ont rien d’érotique : la peste d’Ashdod (1631), au Louvre, comme L’Enlèvement des Sabins (1634-1635), le Massacre des Innocents (entre 1625 et 1632, musée de Chantilly), rappelé par Picasso, qui sut se souvenir des postures de ses personnages, et Francis Bacon, du cri le plus poignant de l’histoire de la peinture.

Car ce n’est pas la moindre des confirmations ici, à Lyon, de ce qui semble un paradoxe. Le plus classique des peintres français, installé à Rome, a été une source pour les modernes. C’est l’objet de la deuxième exposition, plus restreinte, que propose le musée – avec sa directrice Sylvie Ramond et Zoé Marty comme commissaires –, intitulée « Picasso/Poussin/Bacchanales », partant de la reprise à la gouache de Picasso, dans le très jours de la libération de Paris, du 19 au 26 août 1944, d’une toile de 1636 de Poussin, Le triomphe de Pan. C’est, malgré sa petite taille (33 x 43), une œuvre éblouissante de joie, où des corps en mouvement font écho aux rythmes de la toile de Poussin. C’est une ouverture à la déclinaison par Picasso du thème de la joie de vivre et de la mise en scène du désir, avec des dessins et des poteries et plusieurs œuvres remarquables en linogravure. Une séquence du film de Jacques Rivette, la Belle Noiseuse, avec Emmanuelle Béart et Michel Piccoli, est également projeté dans le parcours : le peintre et son modèle. Vaste programme.


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Cammile Bussière

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