Entre fin avril et début mai, le sud du Brésil et en particulier l’État du Rio Grande do Sul ont été touchés par des pluies torrentielles entraînant des inondations catastrophiques et historiques, causant malheureusement de nombreux dégâts et victimes.
Des pluies torrentielles successives
L’État du Rio Grande do Sul s’est retrouvé au milieu d’un contraste thermique important entre l’air chaud et humide venant de l’Amazonie et l’air plus froid circulant plus au sud, apportant une instabilité importante favorable à la formation de violents orages dans cette région.
Schéma de la situation atmosphérique sur l’Amérique du Sud début mai 2024 – Via TropicalTidBits
La situation ayant très peu évolué en altitude pendant plusieurs jours avec la circulation d’un front froid onduleux, les orages se sont succédé dans la région, le plus souvent virulents, apportant de la grêle, de puissantes rafales de vent et des précipitations particulièrement intenses.
Animation satellite montrant les orages violents successifs sur l’état du Rio Grande do Sul entre le 30 avril et le 3 mai 2024 – Via Météo-Suisse
Ainsi, les secteurs les plus touchés par ces tempêtes successives ont enregistré des quantités de précipitations astronomiques en quelques jours seulement avec des cumuls dépassant parfois 300 voire 500 mm en moins d’une semaine, ce qui représente 2 à 3 fois la quantité moyenne de pluie. en mai dans la région.
Par exemple, nous avons pu enregistrer 214 mm en 24 heures le 1er mai dans la ville de Santa Maria, un record pour cette station installée il y a 112 ans, l’accumulation a également atteint 417 mm en seulement 72 heures dans ce secteur, ce qui équivaut à 3 des mois de pluie en seulement 3 jours.
Totaux enregistrés entre le 30 avril et le 2 mai au Brésil et précipitations moyennes mensuelles – Via INMET
Malheureusement, d’autres orages et des pluies parfois fortes ont de nouveau touché la région depuis le début du mois et les prévisions ne sont rassurantes que fin mai. Le secteur reste en effet sous l’influence d’un conflit de masses d’air notable et là encore favorable à la formation d’orages parfois virulents qui peuvent apporter localement des cumuls de pluie très importants et donc de nouvelles inondations.
Animation des cumuls pluvieux sur l’Amérique du Sud du 13 au 26 mai 2024 – Via TropicalTidBits
Un bilan humain et matériel catastrophique
Les dégâts sont très importants dans ces régions suite à ces inondations catastrophiques. De nombreuses rivières ont en effet débordé dans cet Etat à dominante agricole, obligeant de nombreux habitants de plus de 250 localités à abandonner leurs habitations et leurs récoltes.
Des habitants quittent leur domicile à pied dans les rues inondées de Porto Alegre le 4 mai 2024 – Photo : Carlos Fabal / AFP
Au total, plus de 537 000 personnes ont été contraintes d’évacuer les zones les plus touchées par ces inondations, qui ont endommagé plus de 92 000 habitations. 81 000 personnes ont été placées dans des abris ouverts par les autorités jusqu’à ce que le niveau des eaux baisse enfin.
Vue aérienne de la ville de Porto Alegre sous l’eau le 5 mai 2024 – Photo : Carlos Fabal / AFP
Le bilan humain est malheureusement particulièrement lourd. Ce dimanche 12 mai, le gouvernement a annoncé un chiffre (provisoire) de 143 victimes des suites de ces inondations alors que 125 personnes sont toujours portées disparues. 800 habitants ont également été blessés par ces intempéries et de nombreux cheptels ont également perdu la vie.
D’importants dégâts suite aux inondations dans le sud du Brésil – Via Sudouest.fr
Une aide humanitaire importante a donc été mise en place pour venir en aide aux nombreuses personnes touchées, tant au niveau national qu’international. Si un calme relatif est temporairement revenu dans la zone ces derniers jours, de nouveaux orages potentiellement violents et torrentiels sont attendus d’ici la fin de la semaine, qui pourraient se poursuivre la semaine suivante.
Un phénomène lié à El Niño ?
Outre une situation météorologique favorable à la survenue de ces inondations catastrophiques, les experts des Nations Unies et le gouvernement brésilien associent également ces inondations au changement climatique et à l’influence d’El Niño.
Ce phénomène climatique global, en place depuis l’année dernière, tend à provoquer un temps plus humide dans cette région du globe, particulièrement durant l’été. Sous le phénomène El Niño, le sud du Brésil est en effet régulièrement touché par des fronts froids quasi-stationnaires et de violentes tempêtes comme celles qui ont touché la région ces dernières semaines.
Conséquences d’El Niño à travers le monde –Climate.gov
Le réchauffement climatique favorise également la survenue de ce type de catastrophe, une atmosphère plus chaude pouvant contenir plus d’humidité qu’une masse d’air plus froide apportant un potentiel précipitant encore plus important en cas de tempêtes.
La bonne nouvelle, cependant, est qu’El Niño touche actuellement à sa fin et pourrait céder la place à La Niña à l’échelle mondiale d’ici l’automne. Cela devrait limiter le risque que de telles inondations se reproduisent dans la région, La Niña favorisant un temps plus sec dans cette partie du globe.
Conséquences de La Niña à travers le monde – NOAA
