Et si vous perceviez votre salaire non plus une seule fois, mais toutes les semaines, ou à d’autres dates convenues ? C’est l’idée portée par le député Jean Laussucq (Ensemble pour la République), qui s’apprête à déposer une proposition de loi à l’Assemblée nationale dans les prochains jours. L’objectif est clair : assouplir les règles de demande d’acompte et surtout, aider les salariés à éviter les fins de mois difficiles.
Le système actuel est jugé trop rigide, car l’acompte sur salaire n’est possible qu’une seule fois par mois, le 15, et pour la moitié du salaire seulement. Pourtant, selon le député Laussucq, cette rigidité contribue à un coût important pour les ménages : 7 milliards d’euros par an sont dépensés par les Français en frais bancaires ou en agios. Selon une étude de janvier 2025, 22 % des Français sont même à découvert chaque mois à partir du 16.
La paye mensuelle, un problème (coûteux) qui a fait son temps ?
L’attente de la paye est donc une source de stress financier pour une grande partie de la population active. Un sondage Opinionway pour Stairwage, cité par BFMTV et Lesfurets, révèle que 63 % des salariés souhaitent pouvoir accéder à leur rémunération plus souvent dans le mois. Ce chiffre grimpe même à 75 % chez les moins de 35 ans. Malgré la possibilité légale de demander un acompte à la mi-mois (que l’employeur ne peut normalement pas refuser), près de huit demandes sur dix seraient refusées par les entreprises, souvent par peur de complications administratives.
Ce changement proposé marque un virage par rapport à la mensualisation des salaires, instaurée en 1978 et inscrite dans le Code du travail. À l’époque, cette réforme était perçue comme un progrès social majeur. Elle permettait d’uniformiser le salaire, qu’un mois compte 28 ou 31 jours, et assurait le maintien de la paye en cas d’arrêt maladie. La mensualisation a aussi structuré notre rapport au budget : loyers, crédits, abonnements… tout est pensé au mois, facilitant le calcul du reste à vivre. Pour certains experts, un paiement hebdomadaire pourrait d’ailleurs augmenter le risque d’une moins bonne gestion financière et nécessite une réadaptation.
Pourtant, les temps changent, et les revendications aussi. Le fractionnement de la paye n’est d’ailleurs pas une utopie et plus d’un millier d’entreprises le proposent déjà à leurs salariés, souvent via des plateformes spécialisées. Yann Le Floch, PDG de la plateforme Stairwage, pose la question : « Est ce que c’est juste finalement aujourd’hui ce soit les salariés qui fassent crédit de 30 jours de travail à leur employeur ? ». Ces paiements anticipés sont vus comme une alternative aux découverts bancaires et aux crédits à la consommation, comme le précise France Inter. Reste à voir quel accueil sera réservé à cette initiative à l’Assemblée.
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