Le prix du pétrole monte en flèche, et pourtant les États-Unis semblent garder leur sang-froid. Pour quoi ? La réponse réside dans une stratégie d’approvisionnement soigneusement orchestrée depuis des mois.
Tout a commencé il y a quelques mois, bien avant que les tensions au Moyen-Orient ne fassent la une des journaux. Les États-Unis, en bons stratèges, ont commencé à faire leurs courses en pétrole.
En septembre dernier, ils ont mis la main sur pas moins de 4 millions de barils, grâce aux géants Exxon Mobil, Shell et Macquarie. Le tout pour la modique somme de 411 millions de dollars.
Le SPR : le bouclier anti-crise made in USA
Mais c’est quoi ce fameux SPR dont tout le monde parle ? Ce sont les réserves stratégiques américaines, immenses cavernes de sel, enfouies sous la Louisiane et le Texas, remplies à ras bord de pétrole brut. Voilà à quoi ressemble la plus grande réserve pétrolière d’urgence au monde.
Créée en 1975 après le choc pétrolier de 1973, cette réserve constitue le joker des Etats-Unis face aux crises.
Son objectif ? Protéger l’économie américaine des bouleversements du marché pétrolier mondial. Qu’il s’agisse d’une guerre du Golfe, de l’ouragan Katrina ou d’une pandémie mondiale, la SPR est là pour amortir le choc. Et croyez-moi, cela a déjà fait ses preuves !
Regardez, en 2022, alors que la guerre en Ukraine faisait flamber les prix à la pompe, le président Joe Biden n’hésitait pas à puiser 180 millions de barils dans cette réserve. Un record historique qui a contribué à calmer le jeu… temporairement.
Selon les données du Département américain de l’Énergie, la réserve contient actuellement 375 millions de barils de pétrole. Il contenait environ 600 millions de barils début 2022.
Mais revenons à nos barils. Le marché pétrolier actuel joue un jeu dangereux. D’un côté, vous avez l’OPEP+ (le club des pays producteurs de pétrole et autres alliés) qui jongle avec sa production pour maintenir les prix. D’un autre côté, il y a des pays comme les États-Unis qui tentent de stabiliser le marché avec leurs réserves.
Et au milieu de tout ça ? Des tensions géopolitiques qui menacent de faire s’effondrer toute la pyramide. L’Iran, par exemple, produit environ 3,2 millions de barils par jour. C’est la crainte actuelle que cette production soit compromise.
Interrogé sur le sujet par des journalistes à la Maison Blanche, le président américain Joe Biden a déclaré jeudi 3 octobre être » discussion « avec Israël sur l’opportunité de frappes contre les infrastructures énergétiques de Téhéran. Le lendemain, il a précisé que l’État juif n’avait en réalité pas encore décidé d’une réponse. Et ajouté : « Si j’étais à leur place, je penserais à d’autres solutions que de frapper les champs pétroliers. ».
De son côté, l’OPEP+ affirme avoir la force de compenser une éventuelle perte de production iranienne. Mais attention, si d’autres pays du Golfe entrent dans la crise, les choses pourraient devenir vraiment compliquées.
L’Europe en ébullition
Et en Europe, dans tout ça ? Le prix du Brent, notre pétrole de référence en Europe, a déjà grimpé à près de 78 dollars le baril. Résultat ? Une hausse des coûts de l’énergie et une inflation qui risque de faire grincer des dents.
Les pros de la Bourse s’enthousiasment face à un scénario plutôt explosif : et si Israël et l’Iran (ou ses alliés) commençaient à faire des ravages dans les installations pétrolières du Moyen-Orient ? Nous parlons encore de la région qui nous fournit un tiers du pétrole mondial.
Ces spéculateurs misent gros sur l’idée que cela pourrait sérieusement paralyser la machine à exporter. Résultat ? Des prix du baril qui s’envoleraient.
Si le pétrole nous cause de la misère, c’est peut-être l’occasion idéale pour pousser encore plus loin notre transition énergétique. Après tout, les investissements dans les énergies propres ont déjà dépassé ceux dans les combustibles fossiles.
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