pourquoi sa présence était essentielle malgré les controverses


Sa possible participation avait été « l’affaire » du printemps, opposant les partisans – Emmanuel Macron en tête – de la chanteuse française la plus écoutée à travers le monde à ceux qui ne l’imaginaient pas représenter la France.

Aya Nakamura sur scène lors de la cérémonie d’ouverture des JO de Paris ? C’était l’histoire de l’année en France (avant qu’Emmanuel Macron n’annonce une dissolution, peut-être). Le printemps s’est passé à se demander si la chanteuse de 29 ans avait sa place, vendredi soir, dans le grand show orchestré par Thomas Jolly pour lancer la quinzaine olympique. Pour certains, notamment à l’extrême droite, il n’était pas question de voir la Franco-Malien représenter la France dans cet événement diffusé devant plus d’un milliard de téléspectateurs. Pas question d’entendre la chanteuse de Djadja pour reprendre les standards d’Edith Piaf, comme annoncé L’Express en février. « Ce chanteur ne chante pas en français » avait fustigé Marion Maréchal. Selon Marine Le Pen, l’idée était de «  humilier le peuple français « . « C’est Paris, pas le marché de Bamako »ont scandé des militants lors d’une manifestation à Paris.

Quatre mois plus tard, la voilà en majesté, entrant en scène sur le pont des Arts, chantant dans un échange truculent avec la musique de la Garde républicaine. Une surprise ? Pour ceux qui ne voulaient pas y croire, seulement. Car Aya Nakamura était, aux yeux de beaucoup d’autres, légitime avant que la polémique n’éclate. Et même incontournable depuis les débordements racistes qui ont émaillé le printemps. « Pour moi c’était inaudible, Thomas Jolly témoignera dans le documentaire Premiers secrets consacré à la préparation de la soirée d’ouverture (replay sur France.tv). Et cette cérémonie va lutter contre tout ce qui s’est passé avec cette controverse. »

Aya Nakamura doit sa présence d’abord à l’immense succès qu’elle rencontre auprès du public. Elle est l’artiste féminine la plus écoutée en France et à l’international, chiffres du Centre National de la Musique pour preuve. En 2023, son album Nakamura est certifié double disque de Diamant en dépassant le million d’exemplaires vendus à l’export. Un trophée qu’elle ajoute à ses multiples singles déjà certifiés diamant. Son dernier album, DNKa dépassé les 50 000 ventes et est dans le top 100 depuis un an et demi. En 2024, elle est même la seule chanteuse française à figurer dans le palmarès des albums les plus export du CNM. Depuis le début de l’année, elle a élevé deux nouveaux singles au rang de platine, Avec classe (avec Corneille) et Battage (duo avec Ayra Starr).

 » data-script= »https://static.lefigaro.fr/widget-video/short-ttl/video/index.js » >

« Aya Nakamura, diva divine »

Sa musique, « l’urban afro love », a conquis le monde, des États-Unis à l’Inde, en passant par l’Allemagne, les Pays-Bas et la Côte d’Ivoire. En France, elle a fait la tournée des Zéniths et livré trois shows explosifs à Bercy en mai 2023, poursuivant sa tournée en Europe, au Portugal, en Angleterre, en Belgique et en Suisse notamment. Avec au moins autant de succès qu’aux Antilles, au Congo, au Mali et en Côte d’Ivoire. Un planning que beaucoup d’artistes français peuvent envier.

Les grandes marques de mode, jamais insensibles aux « success stories », ont vite compris quel rôle pouvait jouer Aya Nakamura auprès d’elles. En février 2023, Lancôme la choisit comme ambassadrice mondiale. La chanteuse n’est d’ailleurs jamais bien loin des soirées LVMH. En avril, qui s’étonnait de la découvrir, sur les réseaux, au milieu de la polémique olympique, en compagnie de Brigitte Macron et d’Hélène Mercier-Arnault, l’épouse de Bernard Arnault, le PDG du groupe LVMH ?

Le 6 mai dernier, elle apparaissait au Met Gala vêtue d’une robe bustier Balmain, rejoignant le cercle très fermé des personnalités françaises invitées à l’événement new-yorkais organisé par Anna Wintour. Le 23 juin, elle était la pièce maîtresse du défilé Vogue World, place Vendôme, vêtue d’une robe bustier Jean-Paul Gaultier et couverte de bijoux Fred. En novembre 2021, la chanteuse posait en couverture du premier numéro de Vogue France, sous le titre « Aya Nakamura, diva divine ». Deux ans plus tôt, l’artiste avait déjà décroché une place dans le classement Forbes des 30 personnalités européennes de moins de 30 ans les plus influentes au monde.

Célébrée par beaucoup, Aya Nakamura est pourtant très loin de faire l’unanimité. Musicalement, tout d’abord. Un premier indice : le nombre de chroniques consacrées par les critiques français à ses titres ou à ses albums est inversement proportionnel à son succès. Certains avaient été séduits au début par la suavité de sa voix – même passée à la moulinette de l’autotune –, son flow langoureux et ses paroles qui claquent, marquées par pouvoir des filles. Les mélodies n’étaient jamais follement fantaisistes, mais sa capacité à mélanger les influences et les sons pour en extraire une couche musicale accrocheuse et dansante a porté le morceau. Son dernier album, DNK, publié trois ans plus tard Oui, a été beaucoup moins convaincante avec son zouk monotone (dommage) et ses paroles moins percutantes. On peut lire qu’elle se repose sur ses lauriers. Qu’elle ne force pas son talent. L’entend-elle ? Probablement pas. Aya Nakamura ne se soucie pas des critiques. C’est bien sûr sa force, peut-être aussi sa faiblesse. Artiste des années 2020, elle a réussi son succès sur les réseaux venus booster ses performances sur les plateformes de streaming. Elle garde cette marque que l’on retrouve chez les influenceurs : avec sa communication, elle est dans son élément. « comportement » ; le reste du monde, « il y a R » (il n’y a rien). Nagui s’en souvient bien. Un peu gêné, sur le plateau du Téléthon, il a dû lui rappeler qu’elle était là, elle aussi, pour récolter des dons, pas seulement pour remercier ses fans qui « boosté ».

L’histoire nous dira un jour si, lorsque la polémique a été lancée en début d’année, Aya Nakamura figurait bel et bien parmi les artistes sélectionnés par Thomas Jolly. Une chose est sûre, aujourd’hui, le scandale a rendu sa participation incontournable. À l’époque, tout le monde de la musique s’était mobilisé pour la défendre, artistes et éditeurs. Et de nombreux politiques aussi. Rachida Dati avait mis en garde ceux qui s’en prennent à la chanteuse « par pur racisme ». « Attaquer une artiste pour ce qu’elle est est inacceptable. C’est un crime. »avait-elle déclaré. Emmanuel Macron a affirmé qu’Aya Nakamura avait « parfaitement à l’aise lors d’une cérémonie d’ouverture ou de clôture ». De son côté, Amélie Oudéa-Castéra a montré son admiration pour le répertoire de la chanteuse en fredonnant quelques notes de son titre Djadja. « J’aime « Doudou », j’aime « SMS » j’aime « Hypé »elle a reconnu. Il y a du rythme, il y a de la vitalité. C’est ce que j’aime. » Avec de tels promoteurs, les organisateurs des JO avaient-ils vraiment le choix ? Probablement pas.

 » data-script= »https://static.lefigaro.fr/widget-video/short-ttl/video/index.js » >

hd1

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides

Recent Posts

Michel Barnier fait face à de grands périls et à de petits calculs

L'ÉDITORIAL DU FIGARO - Alors que le nouveau gouvernement devrait être annoncé prochainement, le Premier ministre sait qu’il doit désormais…

33 secondes ago

Saône-et-Loire. Début de saison flamboyant pour accueillir l’automne

Outre les Journées européennes du patrimoine qui se dérouleront dans tout le département (lire pages 8 à 11), ce week-end…

2 minutes ago

« L’impression de traiter un produit plutôt que d’accompagner un être humain » : les agents sociaux du Samu tirent la sonnette d’alarme

Environ 80 agents du Samusocial de Paris se sont rassemblés devant le siège de l'association pour dénoncer une "situation de…

5 minutes ago

Que deviendront le bassin, les statues dorées et le cheval de métal ?

Publié 19/09/2024 22:49 Durée de la vidéo : 3 min Paris 2024 : que deviendront le chaudron, les statues dorées…

7 minutes ago

Comprendre le Maroc : une clé essentielle pour une stratégie de relations publiques efficace

Par Anass Benaddi, expert en communication stratégique, chroniqueur, essayiste Pour les non-initiés, il serait utile de rappeler ce qui suit…

8 minutes ago

le tirage au sort de ce jeudi 19 septembre 2024 (EN LIGNE)

EURODREAMS. Un participant à ce nouveau tirage au sort EuroDreams a réussi à gagner 2 000 euros par mois pendant…

8 minutes ago