A l’heure où l’Union européenne tente de limiter les importations de véhicules électriques en provenance de Chine, les constructeurs français lient leur destin à ceux de leurs homologues asiatiques. Renault a annoncé ce vendredi le lancement officiel de Horse, une coentreprise à 50% avec le géant chinois Geely. Cette initiative industrielle fait suite à celle de Stellantis, qui s’est associée financièrement et commercialement à la startup automobile Leapmotor international.
Concernant la marque au losange, ce rapprochement avec Geely s’inscrit dans la continuité du plan de réorganisation du groupe français décidé en 2020 par le tandem Senart – Di Meo. Ce plan stratégique voit Renault externaliser certaines de ses activités, après avoir réduit ses effectifs (10 000 postes supprimés depuis 2020, soit 20 % des effectifs). Avec la création de deux sociétés :
- Ampère (concernant 10 000 salariés Renault) regroupe les activités liées aux voitures électriques destinées à rester en France.
- Horse (10 000 salariés également), reprend les activités liées aux voitures thermiques et hybrides, dont celles en France destinées à être délocalisées en Espagne et en Roumanie d’ici 2025.
Pour ces deux entreprises autonomes, Renault recherchait des partenaires financiers. Geely a répondu pour Horse. Le constructeur français avait tout intérêt à conclure ce mariage. Car si Renault affiche des résultats financiers « records » pour 2023 (2,2 milliards d’euros de bénéfices, dont plus de 500 millions d’euros sous forme de dividendes aux actionnaires), c’est comme le souligne en partie la CGT Renault. « le fruit du démantèlement de Renault, puisque la déconsolidation de Horse a un impact positif sur la marge opérationnelle de 1,6 milliard d’euros ».
En revanche, le constructeur automobile français était plus mécontent d’Ampère : Lucas Di Meo a annoncé en janvier dernier qu’il renoncerait à introduire une partie du capital d’Ampère en bourse, faute d’investisseurs intéressés.
Le siège de Horse à… Londres
Symbole de cette profonde transformation et internationalisation de Renault, le siège social de la société « Horse Powertrain Limited » est basé à Londres, au Royaume-Uni. Cette société, dirigée par Matias Giannini, ancien membre du groupe Continental, et dont la présidence du conseil d’administration revient à Daniel Li, directeur général
de Geely Holding, est décrit par le communiqué publié par Renault ce vendredi matin comme « le leader mondial du marché des moteurs à combustion interne, des transmissions et des hybrides ». Elle compte environ 19 000 salariés répartis sur 17 sites de production et 5 centres de recherche, le tout pesant 15 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel prévisionnel.
Horse détient la propriété intellectuelle des moteurs thermiques et hybrides de Renault et Geely. Mais il a aussi pour mission de « développer les futures technologies de moteurs et de transmissions dont le marché aura besoin, notamment dans le domaine des carburants alternatifs tels que le méthanol vert, l’éthanol et l’hydrogène », selon le communiqué de presse officiel. Et si l’alliance Renault-Nissan-Mitsubishi s’est dénouée, Horse a aussi pour client ces deux constructeurs japonais.
Pour la CGT Renault, la constitution de Cheval est un immense gâchis industriel. « Si les moteurs thermiques et les carburants alternatifs perdurent au-delà de 2026 en Europe, pourquoi céder ces activités au chinois Geely alors que depuis des années nos dirigeants nous mettent en garde contre la concurrence asiatique ? »» a demandé le syndicat il y a un an.
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